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jeudi 19 mai 2022

Lela, Sri et Ali, candidats réfugiés en Suisse

LU & approuvé


Magnifique roman graphique en noir et blanc, pour tous à partir de 10 ans, que "Trois histoires de réfugiés", travail de trois étudiants,  Melisa Ozkul, Robin Phildius et Jonas De Clerck, à présent publié en un album dont la couverture est illustrée par Joe Sacco (La joie de lire, collection "Somnambule", 136 pages). D'autant plus nécessaire aujourd'hui parce qu'il n'y a pas que les réfugiés ukrainiens, parce que s'il est normal de les aider, leur sort n'a pas ouvert les yeux de l'Europe et de ses citoyens sur tous ceux qui viennent d'ailleurs et d'autres guerres lui demander l'asile.

Le livre est le résultat d'une très belle idée. Lors de l'édition 2020 du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) de Genève, l'Hospice général (acteur du mieux-vivre ensemble à Genève) s'est associé à l'Ecole supérieure de bande dessinée et d'illustration (ESBDI) et au créateur de la bande dessinée de reportage et journaliste américano-maltais Joe Sacco, pour mettre en lumière le parcours des migrants. Dix étudiants ont pu s'entretenir avec un réfugié au centre d'hébergement collectif de Rigot à Genève et à Fribourg. Les éditions La Joie de lire ont décidé de publier trois de ces récits transposés en une bande dessinée. Trois récits glaçants qui montrent que la Suisse n'est pas toujours la terre d'accueil qu'on croit.

Trois histoires vraies, trois trajectoires broyées par le destin, la guerre ou la discrimination ethnique, nous sont confiées par ces trois dessinateurs aux graphismes personnels. Melisa Ozkul nous partage en encres de Chine vigoureuses le témoignage de Lela, originaire de Géorgie, menacée d'y être renvoyée avec son fils alors que la Suisse veut bien garder son mari gravement malade et le soigner faute de papiers. En délicats crayons gris, Robin Phildius retrace l'incroyable périple à travers le monde que lui a confié Sri, tamoul du Sri Lanka, que ni les guerres, ni la prison, ni les difficultés n'ont fait trahir ses valeurs. Jonas de Clerck a choisi un style plus onirique pour rendre compte de sa conversation avec Ali, un Afghan de 20 ans de l'ethnie hazara pourchassée par les talibans notamment, qui a fui son pays avec un passeur pour survivre. 

Les parcours de cette femme et de ces deux hommes sont aussi émouvants que révoltants. Les ont-ils mérités? Non, bien sûr. Ont-ils failli quelque part? Non, bien sûr. Ils doivent obtenir l'asile et l'assistance. Ils doivent pouvoir vivre comme nous, tout simplement. Les discriminations dont ils sont victimes sont-elles acceptables? Ce sont les lois? Mais quand les lois sont mauvaises, ou devenues mauvaises, il faut les changer. Ces "Trois histoires de réfugiés", sobres dans les textes et aux illustrations très informatives, nous obligent à voir notre monde tel qu'il est. Et à éventuellement y réagir.

L'histoire de Lela. (c) La joie de lire.

L'histoire de Sri. (c) La joie de lire.

L'histoire d'Ali. (c) La joie de lire.





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