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mardi 7 juin 2022

Ernest et Célestine encore massacrés

LU & déploré

Mais quelle mouche pique-t-elle les éditeurs? Dupuis veut faire refaire Gaston Lagaffe par un Delaf qui n'a rien compris à l'esprit d'André Franquin même s'il s'en sort sur le plan graphique. Casterman en est déjà à son onzième album, en cinq ans, de la collection issue de la série animée inspirée d'Ernest et Célestine sur France 5. J'avais occulté les dix précédents, merci Freud. Le onzième est devant moi, "Ernest et Célestine, La fête des fleurs" (Casterman, 32 pages). Je me suis étranglée en voyant la couverture. Tellement sans rapport avec les personnages originaux.

Le texte est, comme pour certains des épisodes précédents, d'Alexandra Garibal. A qui attribuer les images? A Gabrielle Vincent, pseudonyme que prenait Monique Martin quand elle faisait de la littérature de jeunesse, qui a inspiré la série animée? Difficile tant elles sont laides. Comme sont laids tous les albums dont les illustrations sont des images de dessins animés inspirés d'albums aux dessins exquis - le procédé est apparu avec l'animation numérique.

Quant au scénario, il est à pleurer. Et j'en ai pleuré. De rage devant sa bêtise et de désespoir devant la négation d'une œuvre d'une qualité extraordinaire, sur le fond comme sur la forme. J'aime passionnément les livres de Gabrielle Vincent (lire ici) et les enfants d'aujourd'hui y sont toujours aussi sensibles que ceux d'hier et d'avant-hier. "La fête des fleurs" n'a rien à voir avec l'annonce qui en est faite, "une histoire fidèle à l'univers de Gabrielle Vincent, teintée d'humour et d'une immense tendresse". Quelle est la fête des fleurs annoncée en titre? Une fête de souris, à laquelle les ours sont interdits. Même si Ernest y est finalement toléré, condition pour que Célestine s'y rende, il y accumule bêtises et stupidités, à l'opposé du personnage original. A tel point qu'il quitte les festivités puis y revient pour commettre d'autres impairs. Pauvre Gabrielle Vincent. Je suis tellement désolée que ce genre de livres puisse être imaginé, occultant son talent et son esprit plutôt que le célébrant. Je l'écrivais déjà à la sortie du roman et puis du film d'Ernest et Célestine (lire ici et ici en fin de note). Et dire que cette série d'albums est faite avec l'accord de la Fondation Monique Martin! Je persiste à penser que les vingt-cinq albums pour enfants que Gabrielle Vincent a créés sont ses seuls ambassadeurs valables. Encore faut-il que les enfants en connaissent l'existence et y aient accès.

L'invitation à la fête. (c) Casterman.


Et comme un malheur n'arrive jamais seul, on nous annonce la sortie d'un second long métrage à la fin de l'année, "Ernest et Célestine: Voyage en Charabie", réalisé par Julien Chheng et Jean-Christophe Roger, où on retournera au pays d'Ernest, la Charabie, où la musique est interdite.


1 commentaire:

  1. bravo pour le courage de défendre le travail de Monique Martin qui ne merite pas ce massacre

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