"L'été de Vivaldi", de Suzy Lee. (c) Rue du monde. |
On le sait, l'artiste coréenne Suzy Lee est la lauréate 2022 du prix Andersen de l'IBBY en catégorie illustration (lire ici). On sait aussi que son dernier album en date, "Summer", a remporté une mention à la dernière Foire du livre pour enfants de Bologne (lire ici). Cet ouvrage superbe, éblouissant, éclaboussant, épais et de grand format, est désormais disponible en traduction française, sous le titre "L'été de Vivaldi" (adapté en français par Alain Serres, Rue du monde, 148 pages). Un titre qui précise la démarche de l'artiste qui met énormément d'images et très peu de mots sur les trois mouvements de "L'été" de Vivaldi.
Quelle magnifique idée
Suzy Lee a eue là! Les
dessins que lui inspirent les trois mouvements de "L'été", une des "Quatre
saisons" de Vivaldi, faut-il le rappeler, sont tout simplement magnifiques.
Ici, elle montre un peu l'orchestre qui les interprète, là elle présente en d'innombrables scènes pleines d'énergie et de beauté les enfants qui les expérimentent. Tout en admirant ses illustrations, tout en
les laissant infuser, on peut écouter la musique qui les lui inspire via un QR code fourni dans
l'album.
Pas d'inquiétude devant les pages en papier brillant: elles ne
servent qu'à introduire les différents mouvements en quelques phrases,
Allegro non molto, Adagio et Presto. Ensuite, on retrouve le
beau papier mat, si doux au toucher, accueillant successivement en une ronde joyeuse toutes les techniques
utilisées par la Coréenne dans ses livres, peinture, pulvérisation, collages,
jets de couleur, dessin.
Le concert va se terminer. (c) Rue du monde. |
De couleur bleue, teinte jalonnant tout l'album, le rideau de scène
sert de transition entre les musiciens à l'œuvre et les enfants inspirés et
exubérants dans la chaleur de l'été. Des jeux d'eau de toutes sortes émane un
plaisir fou dans le premier mouvement. Le deuxième, celui de l'arrivée de
l'orage et de la pluie, est davantage graphique et abstrait tandis que le
troisième, celui de l'orage, redevient figuratif jusqu'au double salut final,
celui de l'orchestre et celui des enfants. Pour tous, dès 4 ans.
Plus classique mais graphiquement fort réussi aussi, un album un poil plus
ancien paraît en même temps en français chez le même éditeur. Ecrit par
Cao Wenxuan, fort peu
traduit même s'il a été prix Andersen 2016 de l'IBBY en catégorie auteur (lire
ici), et illustré par
Suzy Lee, "La peinture de Yulu" (traduit et adapté
par Alain Serres, Rue du monde, 48 pages) met en scène une petit fille aux
prises avec les ambitions artistiques familiales qui pèsent sur elle. Elle sera la peintre
que son père n'a pu être.
Yulu n'est pas opposée à ce destin. Elle suit des cours avec les meilleurs
artistes. Un jour, son père lui enjoint de peindre son premier autoportrait.
Il lui offre une toile de qualité supérieure, en lin Yulu. Sans savoir que les
deux Yulu vont s'affronter durement. Comme par magie, la toile abîme la nuit
la peinture que la fillette y pose le jour, générant même des crises familiales.
Yulu se montrera toutefois d'une persévérance à toute épreuve, jusqu'à son
triomphe final. Les dessins de Suzy Lee suivent admirablement la progression
de l'intrigue, rapportée par un texte manquant parfois de légèreté. Dès 5 ans.
La toile en lin Yulu renvoie Yulu à elle-même. (c) Rue du monde. |
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