C'est à 14 heures le jeudi 30 mars, premier jour de la Foire du livre de Bruxelles, que sera dévoilé et remis le prix Prem1ère 2023. Lequel/laquelle des dix primo-romancier/ère.s finalistes sera-t-il/elle récompensé.e? Je le sais, mais je ne dirai rien. Cinq des livres datent de la rentrée littéraire d'août 2022, cinq de celle de janvier 2023.
Rappelons que ce prix est un prix de lecteurs, choisis sur base des dossiers qu'ils ont envoyés à la RTBF, et qu'ils ont à lire les dix premiers romans écrits en langue française qui ont été retenus par un comité de professionnels du livre, libraires, journalistes et critiques littéraires.
Les finalistes par ordre alphabétique
Philippe Alauzet
"Dans les murmures de la forêt ravie"
Le Rouergue, 2023
Agnès n'a jamais quitté la ferme de Jean, son père. Sa mère a disparu quand elle était adolescente et elle a peu à peu pris sa place. Elle rejette les avances des hommes mais accepte les caresses de Pàl, l'ouvrier étranger qui travaille chez eux. Quand vient de la forêt une bête présumée disparue, décimant les troupeaux, Jean prend un fusil et, suivi de son chien Pentecôte, passe l'orée du bois, les limites du monde.
Un conte noir que l'histoire de la libération d'une enfant blessée, dans un monde clos sur ses silences et ses secrets, où les fantômes rendent l'amour impossible.
Isabelle Blochet
"Descendre vers la mer"
Christian Bourgois, 2023
A la lisière d'une forêt de l'Oise, dans les années 70, deux adolescentes et leur jeune sœur se délectent des chansons de Sheila, Claude François et Mike Brandt, le préféré de la benjamine. Le plus souvent, ce sont le "Requiem" de Mozart, "Le Vaisseau fantôme" de Wagner ou "La Tempête" de Tchaïkovski qui résonnent dans la maison. Le père les écoute à longueur de journée, allongé sur le canapé. Il place la musique au-dessus de tout et refuse qu'une de ses filles abandonne les leçons de piano.
Ce sont les vacances. Le temps des plongeons et de la nage. Le temps du bateau offert par sa femme qui permet de retarder la défense des grands hommes, Mozart et Beethoven. Mais la mer s'agite à nouveau, le père creuse une vague qui s'abat sur sa famille, le ton monte. La plus jeune observe, et tente de cerner cet homme fantasque et colérique. D'où viennent cette tristesse et cette solitude qui l'éloignent irrémédiablement des siens?
Quentin Charrier
"La mémoire de nos rêves"
Grasset, 2023
Simon, la trentaine, prof en banlieue parisienne comme l'auteur, reçoit un appel de la morgue. Franck Aubert est mort, il faut identifier le corps. Vingt ans d'une amitié étrange défilent soudain: celle qui, depuis l'enfance, l'aura tenu lié à ce gamin frondeur, demi-gitan et orphelin de père devenu délinquant puis caïd. Franck, auquel tout l'opposait, lui, le fils de médecin à l'avenir serein. En même temps que remontent les souvenirs, reviennent les sentiments. Notamment ceux qu'il garde pour Clarisse, son premier amour et ultime pièce de cet impossible trio amical. Les funérailles de Franck lui permettent de la revoir. Ensemble, ils partent dans le centre de la France prévenir la fille et l'ex-compagne de leur ami. Un voyage au coeur de leur mémoire et des rêves qu'ils avaient.
Rémi David
"Mourir avant que d'apparaître"
Gallimard, 2022
Lorsque Jean Genet rencontre Abdallah, qui sera un jour la figure centrale de son magnifique texte "Le Funambule", le jeune homme a dix-huit ans à peine et vit à Paris. Genet, quarante-quatre ans, est déjà un écrivain consacré. Il est aussitôt ébloui par le charme de cet acrobate, qui a travaillé plusieurs années au cirque Pinder. Il entreprend le projet fou de le hisser jusqu'à la gloire: son agilité, son expérience du cirque devraient lui permettre de devenir un artiste hors pair. Mais comment, après la chute, demeurer le funambule qui danse dans la lumière, le prodige que le poète a forgé de ses mains? Une histoire d'amour et de fascination réciproques.
Anthony Passeron
"Les enfants endormis"
Globe, 2022
Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d'interroger le passé familial. Évoquant l'ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires: celle de l'apparition du sida dans une famille de l'arrière-pays niçois – la sienne – et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. En mêlant enquête sociologique et histoire intime, le primo-romancier évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et le malade considéré comme un paria.
Laura Poggioli
"Trois sœurs"
L'Iconoclaste, 2022
Les trois sœurs du titre sont assises côte à côte dans l'entrée d'un appartement moscovite. Elles ont dix-sept, dix-huit et dix-neuf ans. Elles attendent l'arrivée de la police, à quelques mètres du corps inerte de leur père, Mikhaïl Khatchatourian, qu'elles ont tué. Depuis des années, après avoir terrorisé leur mère, il s'en prenait à elles, les insultait, les frappait, nuit et jour. La presse s'empare de leur histoire.
Les visages insouciants des trois gamines, dissimulant les supplices endurés si longtemps, questionnent l'autrice. Elle se souvient de sa jeunesse moscovite où elle rencontra Marina, son amie la plus chère, et Mitia, son amour violent. Il lui donnait parfois des coups, mais elle pensait que c'était peut-être aussi de sa faute. Alors que Laura Poggioli reconstitue la vie de ces trois sœurs, son histoire personnelle ressurgit.
Polina Panassenko
"Tenir sa langue"
L'Olivier, 2022
"Ce que je veux, moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. " Elle est née Polina mais la France l'a appelée Pauline. Quelques lettres et tout change. À son arrivée enfant à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble: Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.
Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.
Neïla Romeyssa
"Brûleurs"
JC Lattès/La Grenade, 2023
De sa fenêtre, Salim regarde la mer, le mouvement des vagues et, enfin, il se sent vivre. Ici, à Alger, le soleil brille mais le quotidien est gris. Pas de boulot. Pas de perspective ni d'espoir. Il n'y a que de mauvaises cigarettes, de mauvaises bières et de mauvaises nuits. C'est la désillusion, et Salim ne veut pas être un désillusionnaire de plus. Il va partir, prendre la mer et rejoindre l'Europe, pour y libérer son énergie et réaliser son envie d'avenir. Mais comment faire?
Alexandre Valassidis
"Au moins nous aurons vu la nuit"
Gallimard/Scribes, 2022
(c) Francesca Mantovani. |
"Toute cette époque, c'était des jours comme aujourd'hui. Des jours du ventre mou de l'été. Où le ciel s'affaisse. En se couvrant de longues traînées mauve et noir. De grandes fleurs tristes." Dans une ville où règnent la langueur et l'ennui, où des immeubles sombres barrent l'horizon, un jeune homme, Dylan, disparaît dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations. Fuite, fugue, meurtre? Pour combler cette absence, le narrateur retrace ce qu'il sait de Dylan, approfondit son mystère, raconte les heures passées à errer tous les deux au cœur de la nuit et qui ont scellé leur amitié. Ces nuits à ne rien se dire, à observer. Jusqu'au jour où les deux jeunes hommes se surprennent à faire un détour dans leur itinéraire…
Daphné Vanel
"Jusqu'à la mer"
Mialet-Barrault, 2023
Un jeune homme déambule dans un monde semblable au nôtre et pourtant subtilement différent. D'où lui vient cet étrange détachement qui le fait affronter sans broncher les situations les plus imprévues et les personnages les plus inattendus? Chaque chapitre est une surprise, chaque rencontre un étonnement. Avec sa phrase toujours juste et terriblement efficace, Daphné Vanel nous offre un texte remarquable où chaque trouvaille est un enchantement.
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