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lundi 10 mars 2025

Le palmarès 2024 de l'Académie belge, l'ARLLFB

Les lauréats 2024: Jeanne Pham Tran, Merlin Vervaet, Deborah Danblon, Marie Borel,
Emmanuel Dongala, Pierre Piret, Caroline Boulord, Grégoire Polet
et Jack Kéguenne. (c) ARLLFB.
 
L'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (ARLLFB) a remis neuf prix littéraires 2024 ce samedi 8 mars. Yves Namur, secrétaire perpétuel de l'institution, a d'abord rappelé les noms de deux de ses membre, récemment disparus, Michel del Castillo, élu le 12 avril 1997 et mort le 17 décembre 2024, Pierre Mertens, élu le 11 février 1989 et décédé 19 janvier 2025. Il a eu un mot aussi pour l'écrivain Boualem Sansal, arrêté et emprisonné à Alger le 16 novembre 2024.
 
L'officiant a ensuite annoncé la couleur: quinze minutes par prix, réparties entre proclamation par lui-même du/de la lauréat.e, lecture d'un extrait du livre primé et conversation avec le/la lauréat.e. Venus de Belgique, de France ou de Suisse, les neuf auteurs récompensés étaient tous présents à Bruxelles en ce matin ensoleillé. Tout a bien commencé avec Grégoire Polet, Grand prix du roman pour "Pax" (Gallimard). Mais ensuite... Lectures très théâtralisées, intervieweurs extrêmement diserts, répétant parfois ce qui venait d'être dit. Quand on a la chance d'avoir neuf lauréats de prix importants à disposition, on aimerait que l'occasion soit donnée au public - venu nombreux - de bien les entendre pour mieux les connaître. Encore faut-il leur laisser l'occasion de s'exprimer. Dommage. La séance m'aura toutefois appris que maintenant, je peux dire "J'ai eu venu à la remise des prix", en utilisant un passé surcomposé dont j'ignorais l'existence et qui a été mis à l'honneur dans le prix de  linguistique.
 
Palmarès
 
Grand prix du roman
Ce prix annuel est doté de 1500 €. Il récompense un auteur ou une autrice belge ou vivant en Belgique, pour un roman mais aussi pour d'autres genres de fiction en prose (nouvelles, récits, apologues, etc.).

Le prix est décerné à Grégoire Polet pour "Pax" (Gallimard, 2024, 448 pages). Un récit virevoltant autour de la conférence de la paix organisée en 1919 par le président Wilson.
"J'ai abordé la perméabilité entre le présent et le reste du temps".

 
 
 
 
Grand prix de l'essai
Ce prix biennal est doté de 1500 €. Il récompense l'auteur belge d'un essai. Les domaines concernés sont: la philosophie, l'histoire, la sociologie, la spiritualité, la religion… à l'exclusion de la critique littéraire, l'histoire de la littérature, la linguistique et la philologie qui font l'objet de prix distincts. 
 
Le prix est attribué à Pierre Piret pour "Le chant du signe. Dramaturgie expérimentale de l'entre-deux-guerres" (Circé, 2024, 210 pages). Analyse détaillée de sept auteurs de théâtre de l'entre-deux-guerres (les Belges Crommelynck, Ghelderode et Soumagne et les Français Apollinaire, Claudel, Cocteau, Vitrac).
 

 
 
 
 
 
Prix international de littérature française
Ce prix international, doté de 2000 €, récompense alternativement un recueil de poésie, un roman et une pièce de théâtre et ce, pour une autrice ou un auteur âgé de moins de 50 ans. Le prix 2024 est attribué à un roman.

Le prix est attribué à l'unanimité du jury à Jeanne Pham Tran pour "De rage et de lumière" (Mercure de France, 2023, 216 pages). Des liens invisibles se créent entre trois "héros" aux yeux de la romancière, Jack Preger, médecin des rues de Calcutta, sa mère qui s'est battue pendant 7 ans contre un cancer et la narratrice.
"La rage, ce peut être la colère mais cela peut aussi être la rage de vivre."
 
 
 
Grand prix des arts du spectacle
Prix annuel doté de 1500 €, le grand prix des arts du spectacle récompense du théâtre, mais aussi éventuellement: scénario de cinéma ou de télévision, seul en scène, etc.

Le prix récompense Merlin Vervaet pour "Le groupe de l'Ouest lointain" (Lansman, 2024, 76 pages). Une écriture théâtrale renouvelée qui oublie le dialogue au profit de la narration à la troisième personne. Une narration déjantée et drôle qui dézingue la société.
"Je me suis beaucoup documenté. J'ai entre autres lu le journal de bord du Belgica."  
 
 
 
 
Grand prix de linguistique et de philologie
Doté de 1500 €, ce prix récompense l'auteur ou autrice, belge ou étranger écrivant en langue française, d'un essai. Ce prix est réservé à la linguistique en tant que théorie du langage, et à la philologie comme étude de la langue, analyse de textes littéraires, etc. Il exclut donc l'Histoire de la littérature, des idées, des mentalités et des courants littéraires qui font l’objet d'un prix distinct et biennal lui aussi.

Le prix va à Marine Borel pour "Les formes verbales surcomposées en français" (Peter Lang, 2024, 662 pages, téléchargement gratuit sur le site de la maison d'édition, ici), présentant 7500 exemples de formes verbales surcomposées en français. Un temps inconnu de la plupart des personnes présentes dans l'auditoire Albert 1er de l'Académie, qui permet des phrases comme "Tu as eu venu à la remise des prix", bien plus fort que "Tu es venu à la remise des prix" et explique pourquoi.
 
Un charmant accent suisse qui n'a guère eu l'occasion de s'exprimer tant son interlocuteur a pris du temps imparti.


Grand prix de poésie
Annuel et doté de 1500 €, ce prix récompense un poète belge pour l’ensemble d’une œuvre ou un recueil remarquable.

Le prix est attribué à Jack Keguenne pour "À la lanterne" (éditions Edern, 2024, 244 pages), recueil de textes poétiques écrits il y a cinq ans pendant le confinement.
"Tous les poèmes sont dédiés à une personne suite à un événement ou un échange avec quelqu'un. Ils sont lisibles par tout le monde mais offrent un bonus à la personne à laquelle ils sont dédiés et pour moi."
 
 
Prix André Gascht
Ce prix biennal récompense une personnalité du monde de la critique (presse, radio, télévision, internet, etc.), en activité dans l’année où le prix est décerné ou pour son rôle éminent dans la critique.

Le prix va à Deborah Danblon pour l'ensemble de son travail. 
"Il y a les flèches et les couteaux suisses. Moi je suis un couteau suisse.

 
 
 
 
 
 
Prix Découverte
Le prix Découverte récompense une œuvre littéraire (principalement un recueil de poésie, mais également un roman ou une pièce de théâtre) d’un auteur belge, prioritairement, âgé de moins de quarante ans. Ce prix peut être attribué sur manuscrit.

Le prix Découverte est attribué à Caroline Boulord pour "Les nuits filantes" (L'arbre à paroles, 2024, 86 pages). Le mélange de la joie sans borne d'une mère observant son premier enfant et une forme de mélancolie qui en serait indissociable.
"Ma question est: qu'est-ce qui nous anime? Comment passer de l'inanimé à l'animé?"

 
 
 
Prix Nessim Habif
Biennal, ce prix récompense une personnalité, issue de la francophonie hors de France, pour une œuvre importante et de qualité écrite en langue française.

Le prix récompense Emmanuel Dongala, écrivain et chimiste, pour l'ensemble de son œuvre. Notamment "Un fusil dans la main, un poème dans la poche" (Albin Michel, 1973, roman), "Jazz et vin de palme" (Hatier, 1982, recueil de nouvelles), "Le Premier Matin du monde" (pièce de théâtre, 1984) , "Le Feu des origines" (Albin Michel, 1987, roman), "Photo de groupe au bord du fleuve" (Actes Sud, 2010, roman), "La sonate à Bridgetower" (Actes Sud, 2017).
 
Né le 14 juillet 1941 à Alindao (République centrafricaine) d'un père congolais et d'une mère centrafricaine, Emmanuel Boundzéki Dongala passe son enfance et son adolescence en République populaire du Congo, puis fait ses études aux Etats-Unis et en France, avant d'enseigner la chimie à l'Université de Brazzaville. Longtemps animateur d'un théâtre , il doit quitter le Congo lors de la guerre civile de 1997. Il trouve refuge aux Etats-Unis, où il enseigne à la fois la littérature francophone et la chimie.
"Mon travail de romancier est de dévoiler la beauté du monde qui se cache. Le romancier ne regarde pas le monde comme le journaliste ou le statisticien. Le romancier donne la dimension humaine du monde."

 
 
 

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