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"Je parle comme une rivière" (c) Didier Jeunesse. |
On connaît assez bien
Sydney Smith
chez nous. Qu'ils soient réalisés en solo ou en duo, la plupart des albums de l'artiste canadien né en 1980 en Nouvelle-Écosse sont traduits en français et ont été mis à l'honneur. Je l'ai
rappelé à l'occasion du prix Hans Christian Andersen de l'IBBY dont il a été
lauréat l'an dernier (lire
ici).
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Les albums de Sydney Smith traduits en français. |
Prix Andersen 2024, Sydney Smith a donc réalisé la couverture de l'"Illustrators Annual 2025"
de la Foire de Bologne et y a bénéficié d'une exposition (lire
ici). Une magnifique exposition même pour laquelle il avait fait le déplacement du
Canada en Italie. L'occasion de le rencontrer brièvement.
Comment avez-vous abordé l'illustration de la couverture de l'"Annual
Illustrator"?
Illustrer la couverture était vertigineux. Je me suis retrouvé dans la situation de quelqu'un qui commence à illustrer. J'étais complètement libre de faire ce que je voulais. Je balançais entre excitation et responsabilité. En Amérique du Nord, on n'a pas la même créativité qu'en Europe. Je voulais expérimenter, me pousser hors de mon confort. J'ai testé différentes idées sur ce que représente pour moi l'illustration. Et puis, j'ai vu mes enfants. Mes enfants dans ma salle à manger. Un moment qui m'a transcendé.
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L'illustration de couverture complète. |
Vos dessins se reconnaissent de loin.
Ma liberté a été encouragée par ce qui se passe ici à la Foire du livre pour enfants de Bologne.
Vous êtes né et avez grandi à la campagne. Est-ce que cela influence votre
œuvre?
Oui, je pense que l'environnement a une influence sur le travail. L'océan, les frontières, ce n'est pas rien. Nous étions des personnes isolées mais nous avions de l'humour. J'ai effectivement grandi à la campagne, dans une ferme. Je fais des albums pour connecter les lecteurs à cela, pour me connecter moi-même aussi, pour retrouver ces moments d'enfance qui sont très naturels pour moi. En tant qu'adulte, j'ai l'impression d'avoir un peu perdu cela avec l'âge.Quelles sont vos sources d'inspiration?
Tous mes livres sont inspirés de mon expérience ou de mes observations. Je suis aussi inspiré par l'enfant que j'étais que par la personne que je suis maintenant. Par contre, quand je fais mes livres, je ne pense pas aux enfants qui vont me lire. Je pense à l'enfant que j'étais, moi.
Bien sûr, il y a énormément de manières de faire des livres, il n'y a pas de mauvaise manière.
Quel enfant étiez-vous?
J'étais un enfant sensible. Petit, je voulais déjà devenir un artiste. J'ai fait des études artistiques dans une école. Bien avant de terminer l'école, j'avais choisi de faire des livres pour les enfants. Être très sensible est un état. C'est le rôle de l'artiste.
Vous faites des livres en duo, en illustrant les textes d'autres, et des
livres en solo. Comment organisez-vous cela?
Pour moi, écrire est une lutte. J'éprouve même parfois de la peine à écrire le texte de mes livres. Jamais à les illustrer. Pour cela, j'utilise un mélange de techniques, l'aquarelle, la gouache, les pigments. Je scanne les illustrations pour ajuster les contrastes mais pas trop. Par contre, illustrer le texte de quelqu'un d'autre est un challenge. Le résultat est unique quand on est deux et qu'on est deux à résoudre les problèmes. En solo, les problèmes sont différents.
Vous avez une manière particulière de souligner vos personnages d'une ligne
blanche.
La ligne blanche est ma signature. J'essaie d'inventer quelque chose chaque fois. J'ai besoin de me sentir excité et mon excitation vient de la nouveauté à trouver.
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Quelques-unes des illustrations de Sydney Smith exposées à la Foire de Bologne 2025. (c) BCBF. |
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