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vendredi 26 septembre 2025

Diane Arbus, la photographe des invisibles

Des scènes oniriques complètent le propos. (c) Casterman.
 
Les jumelles de Diane Arbus.
Pensez à Diane Arbus et arrive illico dans la tête sa photo des petites jumelles du New Jersey prise en 1967. Parfois une image de la photographe au Rolleyflex. Pour le reste, pas grand-chose. Bien sûr, l'artiste américaine est née il y a plus de cent ans, le 14 mars 1923 à New York. Et elle a disparu il y a plus de cinquante ans, le 26 juillet 1971 à Greenwich Village. Elle avait quarante-huit ans quand elle s'est suicidée, vaincue par sa santé mentale devenue chancelante. Elle laisse une œuvre magistrale, davantage appréciée des spécialistes alors qu'elle mérite d'être connue de tous. Pourquoi? Sans doute parce que Diane Arbus une femme qui ne marchait pas dans les clous de son époque. Ni dans sa vie professionnelle où elle a quitté la photo de mode pour se consacrer aux invisibles dont elle faisait ressortit l'humanité, ni dans sa vie personnelle où ses amours furent compliquées. Combien de ses modèles n'ont-ils pas eu une vraie relation d'amitié avec elle?
 
On découvre tout cela dans la magnifique bande dessinée biographique d'Aurélie Wilmet, "Diane Arbus - Photographier les invisibles" (Casterman, 216 pages). Un épais grand format cartonné et toilé en boucle dont chaque page est de toute beauté. Des vagues de bleus et de mauves sur un doux papier crème portent ce destin conté en cases non bordées aux coins arrondis sauf pour les dessins sur une page. Des images tout en douceur, qui se juxtaposent ou se superposent et racontent une vie et des choix au moins autant que les mots, discrètement posés.   
 
 
L'humanité de la photographe new-yorkaise. (c) Casterman.

Dix questions à Aurélie Wilmet

Comment vous êtes-vous intéressée à Diane Arbus?
Quand j'ai découvert son travail, j'ai tout de suite voulu faire quelque chose sur elle. Comprendre qui est Diane Arbus derrière ses photos. J'ai commencé par rassembler de la documentation. J'ai lu beaucoup de livres qui avaient plongé dans sa vie, avec des interviews, de son enfance à sa mort. J'ai lu ce qu'a écrit sa famille, des lettres. J'ai lu tout cela pour entrer dans sa tête. Hélas, pas son journal intime qui a été donné au MET de New York. Comme l'archivage n’est pas encore terminé, il n'est pas encore disponible pour le public. 
Est-ce un album ou une bande dessinée?
C'est la forme de l'un, le référencement de l'autre.
Comment êtes-vous arrivée chez Casterman avec cette biographie de Diane Arbus?
C'est mon premier album chez un grand éditeur. L'éditrice Nathalie Van Campenhoudt a pris contact avec moi via Instagram. 
Le bleu est omniprésent.
C'est ma couleur historique, j'aime beaucoup l'utiliser dans mes illustrations. Elle va bien avec les photos en noir et blanc. J'y ai ajouté du mauve pour les passages plus oniriques. Mais elle est difficile à retranscrire à l’impression. Le livre est imprimé en trois pantones, bleu, mauve et noir.

Quelle technique avez-vous utilisée?
Ce sont des crayons de couleur et des marqueurs. J'ai choisi des bleus qui fonctionnent bien ensemble même s'ils sont de marques différentes. J'achète ce dont j'ai besoin pour la bande dessinée au début de mon travail.
Comment s'est passée la réalisation de l'album?
L'album est venu assez facilement. J'ai écrit le scénario, en choisissant les sujets à aborder et le fil du rêve. Puis, j'ai divisé le scénario en scènes. Diane Arbus est très inspirante. Elle s'est permis de faire ce qu'elle voulait en tant qu'artiste et en tant que femme. Elle a eu à la fois le courage de faire des photos qui étaient un travail précurseur et en tant que femme dans les années 50-60. 
Le livre témoigne d'une manière lente.
J'aime bien ce côté contemplatif. La lenteur me va très bien pour arriver à la fin. Cela permet de comprendre tous les stades par lesquels passe Diane Arbus. De comprendre l'artiste. De comprendre son travail photo qui évolue tout au long de sa vie. De suivre aussi le personnage intérieurement, d'avoir le temps de rentrer dans sa tête.
Qu'avez-vous découvert d'elle?
Diane Arbus était maniaco-dépressive, comme on disait à l'époque. Elle était une petite fille riche. Mais il est important de ne pas l'associer à sa famille dont elle a toujours voulu se différencier. Je lui mets un Rolleyflex dans les mains du début à la fin parce que je voulais rester sur le même appareil photo. Elle a voyagé à Paris pour des photos de mode, pour des magazines, mais c'était trop lisse pour elle.
Que lui diriez-vous si vous la rencontriez maintenant?
Si je la croisais, j'aurais envie de la remercier. Elle m'a apporté une autre vision de la photo. Elle m'a donné l'image photographique. Elle m'a inspirée pour ma bande dessinée, me montrant qu'il y a plus à faire que la simple photo documentaire.
Des projets?
Mon prochain livre est un livre jeunesse pour Cotcotcot éditions, "Ramson & Aki", qui sortira en mars 2026.
 
 
Aurélie Wilmet sera en dédicace au BD Comic Strip festival de Bruxelles (Gare Maritime), au stand Casterman ce vendredi 26 septembre de 13 à 15 heures et le samedi 27 septembre de 14 à 16 heures.
 
 
L'amour. (c) Casterman.


 Pour feuilleter en ligne les premières pages de "Diane Arbus", c'est ici.
 
 

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