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mercredi 11 janvier 2017

Droits de l'enfant et droits de l'homme

On en parle beaucoup de ces fameux droits, ceux de l'homme en général, ceux de l'enfant en particulier. Même si les actualités en sont trop souvent le contre-pied. Pour mieux les connaître, deux albums pour enfants qui en traitent avec tact et force.


Le Chaperon voit rouge
Joanna Olech
Edgar Bak
traduit et adapté du polonais
par Lydia Waleryszak
La joie de lire, 96 pages

Original, efficace et bénéfique, cet album cartonné de moyen format venant de Pologne et publié en Suisse est sous-titré "Petites histoires des droits de l'enfant". Pas difficile de deviner qui en est le héros, un chaperon, rouge comme il se doit, et qui se fait à neuf reprises le porte-parole du "défenseur des droits de l'enfant". Dont celui d'échouer, trop souvent oublié.

Un chaperon caché. (c) La joie de lire.
"Il était une fois", commence le texte, "dans un pays pas si lointain, une petite fille au nez retroussé couvert de taches de rousseur et aux pieds curieusement grands toujours chaussés de tennis rouges." Elle habite avec sa famille rue des Fraisiers, pas loin de la forêt - enfin, il s'agirait plutôt d'un bosquet. Dans un environnement plutôt contemporain puisque que sa grand-mère lit "Ordinateur Magazine".

Les différents chapitres la montrent confrontée à des situations du quotidien où les droits fondamentaux de l'enfant sont bafoués: un loup un peu pervers qui veut compter les boutons de sa robe, un chien patibulaire, une fillette frigorifiée, une sorcière mal lunée… Chaque fois, notre chaperon voit rouge. Courageuse, elle s'oppose à chacun des oppresseurs à l'aide de ses mots, de ses actes et de grandes feuilles de papier où sont rappelés différents droits des enfants. Grâce au Chaperon, à sa force, à sa confiance en elle, ces droits sont chaque fois  rétablis. A savoir, selon les exemples cités, celui qu'on ne fasse pas de mal ou même peur à un enfant, celui de s'exprimer librement, celui d'être bien traité, celui d'être respecté…

Petite fille aux allumettes. (c) Joie de lire.
Cet album fort présente une double originalité. D'abord, l'auteure se base pour les différents épisodes qu'elle met habilement en scène sur des personnages de contes connus, le Petit chaperon rouge bien sûr, mais aussi les Trois petits cochons,  la Petite fille aux allumettes, Hansel et Gretel, Pinocchio, quelques fées... D'agréables surprises. Ingénieuses aussi car en revisitant les contes, elles indiquent aux enfants comment dire non quand c'est nécessaire et faire respecter leurs droits.

L'autre singularité du livre est le traitement graphique, extrêmement dépouillé, géométrique et design, des images. D'une sobriété absolue mais cela marche! Quelques zig-zags mettent en scène le chaperon et ses taches de rousseur dans un buisson. Les pages sur la Petite fille aux allumettes, sur la séance à la piscine ou sur le journal intime sont tout aussi parlantes.

"Le chaperon voit rouge" apparaît aussi utile que rafraîchissant. Très utile pour aider et être aidé.

A la piscine. (c) La joie de lire.

L'album se termine sur les numéros de téléphone d'aide à l'enfance en France, Suisse, Belgique, Luxembourg et Canada. Pour tous, à partir de 6 ans.



Au panier!
Henri Meunier
Nathalie Choux
Rouergue, 40 pages

Pour les enfants plus jeunes, à partir de 4 ans, voilà la réédition d'un album de 2004, avec une nouvelle couverture et une fin différente. Presque sans parole, il dénonce avec humour les abus de l'autorité bête et méchante.

Les doubles pages montrent d'abord une scène de parc ensoleillé. Les enfants jouent, ou mangent une glace, ou pleurent. Les adultes lisent, ou jouent, ou tricotent. Un chat observe un oiseau haut perché. Cette quiétude est brisée par l'irruption d'un fourgon noir à sirène. En sortent un gendarme chef, très médaillé, et deux gendarmes non chefs. "Contrôle d'identité, papiers s'il vous plaît!"

Contrôle d’identité. (c) Rouergue.

Le verdict sans appel. (c) Rouergue.
La tricoteuse les a oubliés chez elle et propose d'aller les chercher. Mais "Pas de papiers, au panier!" est la sentence du chef gendarme. Ce dernier n'aime pas les couleurs, dirait-on. Ni utiliser son cerveau. Tant le chat vert que l'oiseau, le gamin sur place ou le soleil vont être aussi expédiés au panier, faute de papiers!

La couverture de 2004. (c) Rouergue.
Dire que cette fiction sur le droit de circuler librement (Déclaration universelle des droits de l'homme) est née il y a plus de dix ans! "Au panier!" est une très belle façon de dénoncer l'autorité abusive mais aussi de présenter la solidarité et d'encourager la diversité. Peu de différences entre les deux versions de l'album: un changement de texte mineur et de couleur de texte et surtout, une fin abrégée de sa dernière image pour mieux faire saisir aux jeunes lecteurs la question de la privation de liberté.

"Toute personne a le droit de circuler librement..." (c) Rouergue.





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