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jeudi 7 février 2019

Apprendre à lire, oui, mais pourquoi?

Malo. (c) Des ronds dans l'O.

"Motivés motivés motivés", Zebda le chantait dans un but politique mais le terme "motivé" peut s'appliquer à l'apprentissage de la lecture. Il commence même par les trois lettres de sa finalité. C'est la question de l'accès de l'enfant à la lecture que pose Remedium dans son deuxième album jeunesse, "L'enfant qui ne voulait pas apprendre à lire" (Des ronds dans l'O, 36 pages), un moyen format broché au ton juste, à la fois drôle et tendre, avec une couverture qui peut se lire de deux manières. Un avant-après en quelque sorte. Cet album tout simple fait mouche et donne confiance en l'enfance. De l'élan pour s'accrocher qu'on soit du côté de l'école ou du côté des élèves.

(c) Des ronds dans l'O.

Pourquoi apprendre à lire, se dit le jeune Malo qui voit son entourage fort dépité après avoir pris connaissance des factures, de la presse ou des résultats de contrôles scolaires. On s'amuse à voir les efforts du maître d'école motivé dont les traits sont ceux de l'auteur-illustrateur, instituteur en primaire, pour enseigner les lettres au récalcitrant. La plus fine de l'équipe est sans doute la copine de classe Alima, qui permet à Malo de reconnaître que sa vision de la lecture était tronquée et que lire ouvre aussi des horizons positifs. On n'en dira pas plus sur cet album agréablement dessiné, au pitch fort sympathique. Surtout que se profile la Saint-Valentin.

Motivé, le maître d'école. (c) Des ronds dans l'O

Remedium.
De cet album, Remedium (lire ici) dit ceci: "Ce sera mon quatrième livre en huit ans. C'est peu, mais je suis heureux de pouvoir me retourner sur chacun de ces livres en gardant la même fierté de les avoir réalisés. Chacun d'entre eux m'a construit et permis d'avancer dans ma vie. Chacun d'entre eux s'attaque à des sujets forts, souvent délaissés ou dénigrés (les émeutes de 2005, les sans-papiers, l'enclavement des banlieues, l'illettrisme), et tente d'apporter une pierre originale dans des débats de société souvent aseptisés. Je remercie les lecteurs fidèles, présents depuis le début, et ceux les ayant rejoints en cours de parcours qui continuent de faire vivre cette petite œuvre bancale et iconoclaste et j'espère avec un stress grandissant que ce nouveau livre saura les intéresser tout autant."

Pour avoir connu une demoiselle qui refusait énergiquement d'apprendre à lire parce qu'elle avait peur que sa maman ne lui lise plus d'histoires chaque soir, je sais ce qu'il en est des obscures motivations enfantines. Dans le cas présent, une fois le lièvre levé, mais ce n'a pas été facile à deviner, et la promesse faite de continuer à lui lire chaque soir, l'enfant savait lire trois jours après.
Je me rappelle aussi ce grand gamin plus qu'ado qui avait passé toutes ses classes de primaire et de secondaire sans savoir lire - il était dans une école à pédagogie active - mais s'est décidé à apprendre l'alphabet, adulte, en deux temps trois mouvements, pour pouvoir lire à haute voix des livres à son père atteint d'un cancer en phase terminale.
"Motivés, motivés, motivés"...





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