Laurent Binet. (c) Jean-François Paga/Grasset. |
Ce n'est qu'au quatrième tour de scrutin, ce jeudi 31 octobre, que les Académiciens français du quai Conti ont choisi le troisième roman de Laurent Binet, "Civilizations" (Grasset, 384 pages) comme lauréat du Grand prix du roman 2019 (10.000 euros). Par dix voix contre huit à "L'Ile du dernier homme" de Bruno de Cessole (Albin Michel). Pas beaucoup de votants sous la coupole donc pour la séance annoncée à 15 heures. Il faut savoir que l''Académie compte actuellement trente-cinq membres dont cinq femmes, cinq fauteuils étant vacants. On peut ainsi considérer que la moitié des effectifs s'est exprimée.
Les présents ont choisi Laurent Binet dont l'uchronie rebat les cartes de l'histoire. Chez lui, il y a mille ans environ, la fille d'Erik le Rouge met cap au sud, cinq siècles plus tard, Christophe Colomb ne découvre pas l'Amérique et en 1531, les Incas envahissent l'Europe. Atahualpa débarque dans l'Europe de Charles Quint. Qu'y trouve-t-il? L'Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Mais aussi le prodige de l'imprimerie. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques. Surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands, qui seront leurs alliés.
De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu'à la bataille de Lépante, Binet campe le récit de la mondialisation renversée, telle qu'elle aurait pu l'être. Un projet ambitieux et séduisant mais parfois obscur.
Pour lire le début de "Civilizations", c'est ici.
A noter que Laurent Binet a déjà reçu le prix Goncourt du premier roman pour "HHhH" (Grasset, 2010) et le prix du roman Fnac ainsi que le prix Interallié pour "La septième fonction du langage" (Grasset, 2015).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire