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lundi 8 décembre 2025

Y a-t-il un style d'écriture présidentiel?

 
Ils font fort chez Fayard! Deux bouquins qui sortent avec le même titre la même année, un petit "Le" distinguant le second du premier. Découverte faite en cherchant sur Google la couverture du livre de l'ex-président français, "Le journal d'un prisonnier" de Nicolas Sarkozy (l'autre, sans le "le" est de Gilles-William Goldnadel et est sorti en janvier). Celui-ci sera en librairie ce mercredi 10 décembre mais il a bénéficié d'une belle campagne de teasing de la part du groupe Bolloré, propriétaire de la maison d'édition comme de plusieurs médias qui en ont donné les "bonnes feuilles". Une "exclusivité" largement partagée le 6 décembre, Europe 1, Le Figaro, le JDD, Gala...
 
Faut-il lire cet essai définitif de 216 pages sur l'emprisonnement sur base d'une expérience de trois petites semaines, du 21 octobre au 10 novembre? La réponse ne fait pas de doute, d'autant que les médias en ont déjà donné l'essentiel. A savoir que Sarko n'est plus ami avec Emmanuel Macron qui ne l'a pas prévenu du retrait de la légion d'honneur mais avec Marine Le Pen avec qui il estime une alliance indispensable.

Que penser des comparaisons malheureuses, Dreyfus étant convoqué, des yaourts ingurgités en masse par l'auto-proclamé martyr, du jogging sur un tapis de course, des prières et du projet d'aller à Lourdes, du fait que Giulia était malade le jour où il est entré à la Santé, du gris omniprésent et du bruit très dérangeant. Écrire dans le bruit, cela s'apprend, Nico. Tous ceux qui travaillent dans un espace paysager le font.
 
Ce qui frappe surtout dans ces pages mièvres, c'est la pauvreté du style, le ton geignard, les formules toutes faites qui fatiguent. Pour finir, on lit le "Journal d'un prisonnier" pour y débusquer les faiblesses stylistiques. Tellement nombreuses qu'elles méritent un coup de Kärcher. Comme les idées y avancées sans doute. Et dire que ce produit d'une rédaction express va se vendre.
 
* *
 
En revanche, ce style ouin-ouin me rappelle un autre livre, dû à un autre ex-président français: "La Princesse et le Président" de Valéry Giscard d'Estaing (de Fallois-XO), sorti à l'automne 2009. Une vraie-fausse autofiction à propos de son idylle avec la Princesse Diana sur laquelle j'avais écrit ceci dans "Le Soir" à l'époque.
L'ont-ils fait ou non? La question a acquis de l'importance depuis que Bernard Fixot, coéditeur avec Bernard de Fallois du nouveau roman de Valéry Giscard d'Estaing, "La Princesse et le Président", a fait savoir que l'auteur, son beau-père, se serait inspiré pour le faire de son idylle avec la princesse Diana.

Réponse dans l'hebdomadaire "Le Point" de ce jeudi: l'ancien président de la République française y dément toute "histoire" avec Lady Di.
"N'exagérons rien. Je l'ai connue un peu, dans un climat de relation confiante. Elle avait besoin de communiquer (…) J'ai voulu lui rendre hommage (…) Ses sentiments profonds, c'étaient la déception et le besoin d'être aimée."

Doute dans le livre, dont la distribution en librairie a été avancée à aujourd'hui (24/09/09).
"Promesse tenue… ", annonce l'exergue. Assez pour déchaîner les rumeurs. Assez pour braquer les projecteurs sur un roman qui serait passé inaperçu, tout écrit qu'il soit par un membre de l'Académie française.

Kitchissime, il déroule une banale histoire à l'eau de rose. Mais les histoires de princesse ont toujours fait rêver l'Hexagone républicain. Par un médiocre procédé littéraire, il double la voix du Président de celle d'une secrétaire confesseuse. Surtout, ses phrases paraissent sortir de la bouche de l'ancien chef d'Etat. Et on a de la peine à ne pas le lire à voix haute, à la manière de l'auteur, la bouche pleine de patates chaudes.

Par cette opération pub réussie, un ouvrage tiré initialement à 100.000 exemplaires double sur la ligne d'arrivée celui d'un autre ancien président. "Mémoires de Jacques Chirac" (Nil), annoncé au 1er octobre, est reporté au 5 novembre: la photo de couverture le présentait une cigarette à la bouche!

V. Giscard d’Estaing, La Princesse et le Président, de Fallois-XO, 268 p., 19,9 euros.
 



 

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