"On la réveille ou on ne la réveille pas?", ont dû s'interroger les dames du Prix Femina, réunies à la rue du Faubourg Saint-Honoré, ce lundi 3 novembre à 13 heures, après avoir choisi Yanick Lahens comme lauréate du roman français 2014 pour son livre "Bain de lune" (Sabine Wespieser Editeur, 273 pages). Yanick Lahens habite en effet à Port-au-Prince (Haïti), où il n'était alors que 7 heures du matin.
L'écrivaine haïtienne a été choisie au deuxième tour de vote par six voix contre quatre pour Marie-Hélène Lafon ("Joseph", Buchet-Chastel).
Le début de "Bain de lune", superbe roman familial sur trois générations, grave mais dont l'écriture emporte tout de suite le lecteur, peut être lu ici. On y rencontre une histoire d'amour et de mort, de malédiction et de pouvoir, d'agression et de résistance, de terreur et de sagesse paysanne. Un livre de violence et de beauté.
A l'AFP, la nouvelle lauréate du Femina 2014, née à Port-au-Prince le 22 décembre 1953, a glissé ces mots: "Je suis très contente. La reconnaissance fait du bien et je suis surtout sensible au fait que le jury a compris que cette histoire, si elle se passe en Haïti, est universelle."
Les trois lauréats étaient même à Paris pour recevoir leurs récompenses, comme en témoigne la photo d'Olivier Dion pour "Livres-Hebdo".
Zeruya Shalev, Yanick Lahens et Paul Veyne. (c) Olivier Dion. |
Les autres lauréats des prix Femina 2014 sont donc, en catégorie roman étranger, l'écrivaine israélienne Zeruya Shalev pour "Ce qui reste de nos vies" (traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 417 pages) - la romancière vit à Jérusalem, une heure de décalage seulement avec Paris, il y était alors 14 heures) et, en catégorie essai, l'historien français Paul Veyne, pour ses souvenirs rassemblés dans "Et dans l'éternité, je ne m'ennuierai pas" (Albin Michel, 260 pages).
Zeruya Shalev a obtenu cinq voix au quatrième tour de scrutin, contre quatre à Sebastian Barry ("L'homme provisoire", Joëlle Losfeld).
Zeruya Shalev, née en 1959 dans un kibboutz en Galilée, a fait des études bibliques. Elle obtient le Femina étranger pour son quatrième roman, après "Vie amoureuse", "Mari et femme" et "Thèra", tous traduits chez Gallimard.
"Ce qui reste de nos vies", elle l'a publié en 2011, après avoir elle-même échappé à un attentat en 2004 alors qu'elle écrivait "Thèra". Si son troisième roman est sorti tel qu'elle l'avait imaginé avant ce coup du sort, sa convalescence de six mois lui a donné l'occasion de laisser éclore ce nouveau livre. On y découvre une vieille femme, Hemda, proche de la mort, qui y ressasse ses souvenirs, y raconte sa famille, son père, mais aussi et surtout ses deux enfants. Avner est son fils adoré, Dina sa fille mal aimée. Et cette dernière projette d'adopter un enfant. La famille va-t-elle en éclater? Zeruya Shalev a l'art de raconter ce qui se voit et ne se voit pas dans les relations parents-enfants, sans oublier ce qu'est la vie au quotidien dans un pays comme Israël
Zeruya Shalev. (c) Catherine Hélie. |
Zeruya Shalev, née en 1959 dans un kibboutz en Galilée, a fait des études bibliques. Elle obtient le Femina étranger pour son quatrième roman, après "Vie amoureuse", "Mari et femme" et "Thèra", tous traduits chez Gallimard.
"Ce qui reste de nos vies", elle l'a publié en 2011, après avoir elle-même échappé à un attentat en 2004 alors qu'elle écrivait "Thèra". Si son troisième roman est sorti tel qu'elle l'avait imaginé avant ce coup du sort, sa convalescence de six mois lui a donné l'occasion de laisser éclore ce nouveau livre. On y découvre une vieille femme, Hemda, proche de la mort, qui y ressasse ses souvenirs, y raconte sa famille, son père, mais aussi et surtout ses deux enfants. Avner est son fils adoré, Dina sa fille mal aimée. Et cette dernière projette d'adopter un enfant. La famille va-t-elle en éclater? Zeruya Shalev a l'art de raconter ce qui se voit et ne se voit pas dans les relations parents-enfants, sans oublier ce qu'est la vie au quotidien dans un pays comme Israël
Les vingt premières pages de "Ce qui reste de nos vies" peuvent être lues ici.
Paul Veyne. |
Dans son livre, le grand historien de Rome, né le 13 juin 1930, grand bousculeur d'idées reçues, raconte son enfance de petit bourgeois provençal, son entrée au Collège de France, ses amitiés de jeunesse, ses rencontres avec les grands intellectuels du XXe siècle (Foucault, Aron et Char), sa retraite de villageois solitaire, son goût pour la poésie, son scepticisme et ses drames.
Paul Veyne en dit lui-même ceci: "Né en 1930 dans le Midi de la France, dans un milieu presque populaire, je suis professeur honoraire d'histoire romaine au Collège de France. Ce livre n'est pas de l'autofiction et n'a aucune ambition littéraire, c'est un document social et humain à l'usage des curieux; tout ce que je raconterai sera exact; par exemple, que je me suis marié trois fois, comme Cicéron, César et Ovide, que j'ai été membre du Parti communiste dans ma jeunesse et que j'ai écrit des livres sur des sujets divers. Qu'on sache aussi, à titre de document social, que le montant de ma retraite est de 4.500 euros par mois, plus, bon an mal an, des droits d'auteur. J'ai pour patrimoine un trois-pièces, une petite automobile et beaucoup de livres, qui tapissent tous les murs. Je vis depuis longtemps dans un village de Provence, au pied du mont Ventoux."
Diane de Margerie. |
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