"Une méduse, c'est un corps transparent avec un cœur de fleur", a écrit l'auteure-illustratrice finlandaise Tove Jansson, la créatrice de Moumine.
La phrase de Tove Jansson ouvre le nouvel album de Kitty Crowther, le superbement réussi "Mère Méduse" (L'école des loisirs, Pastel, 44 pages), tout en douceur et en force. Enveloppant comme les cheveux d'un de ses personnages. Un bon format, dessiné avec des crayons de couleurs presque magiques tant ils offrent de tons et de rendus variés: ils se posent sur des fonds texturés ou tout simplement blancs, qui les rendent d'autant plus expressifs.
Dans ce livre habité par l'auteure-illustratrice, il sera question de relation mère-fille, sujet universel pour une bonne moitié de l'humanité, mais aussi de naissance, d'amour, de magie, de sécurité, d'étouffement, d'autonomie. Le tout dans un décor célébrant la nature, la mer, les coquillages, les arbres et les plantes, où déambulent des tas d'humains de tous les âges. L'ensemble trouve délicatement le chemin de l'âme, console et rassure. Une Mère Méduse aurait donc aussi un cœur de fleur.
L'album commence la nuit, de manière étrange. Deux femmes se hâtent vers une maison, celle de Méduse. De cette dernière, on ne voit d'abord que les cheveux, des cheveux qui vivent, des cheveux qui attrapent, en référence au personnage monstrueux de la mythologie. Puis on distingue son corps, en plein travail, assistée par ses deux visiteuses. Méduse est en train de donner naissance à Irisée; on verra les traits du bébé avant ceux de sa mère.
Mais c'est le visage au vent que Méduse se promène sur le rivage, sa petite chapeautée tenue par ses cheveux en guise de porte-bébé. "Irisée, comme la nacre qui tapisse et protège l'intérieur de certains coquillages. Tu es ma perle, pense Méduse", dit le texte. Les villageois se montrent enthousiastes devant la souriante Irisée mais aucun n'est autorisé à la prendre dans ses bras. "Tu es ma perle et je serai ton coquillage", glisse Mère Méduse à son enfant.
C'est vrai que l'incroyable chevelure est terriblement rassurante. Elle permet à Irisée de tout faire en sécurité. Même de visiter un nid d'oiseau.
C'est quand la gentille fillette grandit que les premières tensions apparaissent. Irisée voudrait aller à l'école, être avec les autres enfants qu'elle voit jouer depuis son perchoir capillaire. Méduse n'a pas envie de lâcher sa fille, ne fut-ce que le temps de la classe. Elle lui donnera elle-même les leçons, toujours avec ses cheveux fous. Elle lui lira des livres aussi. Lui proposera mille jeux. Mais finira par céder à son besoin d'autonomie.
Irisée découvre alors l'école avec ravissement, elle s'intègre naturellement dans le groupe d'enfants. Elle ne se doute pas encore de la belle surprise qui l'attend à la sortie, à l'heure des mamans et des papas.
"Mère Méduse" est évidemment à lire dans le détail des images, pleines de finesse et d'humour. Mais quelle belle idée que cette chevelure, symbole de la mère, glissant avec le temps de la sécurité à l'étouffement, jusqu'à ce que s'ouvre différemment le cœur de fleur de Méduse. Une très belle réussite que cet album d'épanouissement et de réconciliation mère-fille.
Pour regarder et écouter Kitty Crowther parler très joliment de "Mère Méduse", c'est ici.
La phrase de Tove Jansson ouvre le nouvel album de Kitty Crowther, le superbement réussi "Mère Méduse" (L'école des loisirs, Pastel, 44 pages), tout en douceur et en force. Enveloppant comme les cheveux d'un de ses personnages. Un bon format, dessiné avec des crayons de couleurs presque magiques tant ils offrent de tons et de rendus variés: ils se posent sur des fonds texturés ou tout simplement blancs, qui les rendent d'autant plus expressifs.
Dans ce livre habité par l'auteure-illustratrice, il sera question de relation mère-fille, sujet universel pour une bonne moitié de l'humanité, mais aussi de naissance, d'amour, de magie, de sécurité, d'étouffement, d'autonomie. Le tout dans un décor célébrant la nature, la mer, les coquillages, les arbres et les plantes, où déambulent des tas d'humains de tous les âges. L'ensemble trouve délicatement le chemin de l'âme, console et rassure. Une Mère Méduse aurait donc aussi un cœur de fleur.
La naissance d'Irisée. (c) Pastel. |
L'album commence la nuit, de manière étrange. Deux femmes se hâtent vers une maison, celle de Méduse. De cette dernière, on ne voit d'abord que les cheveux, des cheveux qui vivent, des cheveux qui attrapent, en référence au personnage monstrueux de la mythologie. Puis on distingue son corps, en plein travail, assistée par ses deux visiteuses. Méduse est en train de donner naissance à Irisée; on verra les traits du bébé avant ceux de sa mère.
Méduse présente Irisée aux villageois. De loin. (c) Pastel. |
Mais c'est le visage au vent que Méduse se promène sur le rivage, sa petite chapeautée tenue par ses cheveux en guise de porte-bébé. "Irisée, comme la nacre qui tapisse et protège l'intérieur de certains coquillages. Tu es ma perle, pense Méduse", dit le texte. Les villageois se montrent enthousiastes devant la souriante Irisée mais aucun n'est autorisé à la prendre dans ses bras. "Tu es ma perle et je serai ton coquillage", glisse Mère Méduse à son enfant.
Des cheveux... (c) Pastel. |
... pour tout faire. (c) Pastel. |
Irisée découvre alors l'école avec ravissement, elle s'intègre naturellement dans le groupe d'enfants. Elle ne se doute pas encore de la belle surprise qui l'attend à la sortie, à l'heure des mamans et des papas.
"Mère Méduse" est évidemment à lire dans le détail des images, pleines de finesse et d'humour. Mais quelle belle idée que cette chevelure, symbole de la mère, glissant avec le temps de la sécurité à l'étouffement, jusqu'à ce que s'ouvre différemment le cœur de fleur de Méduse. Une très belle réussite que cet album d'épanouissement et de réconciliation mère-fille.
Pour regarder et écouter Kitty Crowther parler très joliment de "Mère Méduse", c'est ici.
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