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samedi 16 janvier 2021

Alexandre Najjar, Grand Prix de la Francophonie

Alexandre Najjar.

L'écrivain libanais d'expression francophone Alexandre Najjar a reçu le jeudi 14 janvier le Grand Prix de la Francophonie 2020. Décerné par l'Académie française et doté de 30.000 euros, il couronne "l'œuvre d'une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l'échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l'illustration de la langue française."

Né le 5 février 1967, Alexandre Najjar est l'auteur actuellement d'une quarantaine de romans, récits, poèmes et biographies. Il a aussi relancé il y a une quinzaine d'années "L'Orient littéraire", le supplément littéraire du journal "L'Orient-Le Jour" et y contribue lui-même. Il est également avocat.


Bibliographie littéraire
  • "A quoi rêvent les statues?", poésie, Éd. Anthologie, 1989
  • "La honte du survivant", recueil de récits, Naaman, 1989
  • "Comme un aigle en dérive", recueil de récits, Publisud, 1993
  • "Pérennité de la littérature libanaise d’expression française", essai, Éd. Anthologie, 1993
  • "Les Exilés du Caucase", roman, Grasset, 1995
  • "L'Astronome", roman, Grasset, 1997
  • "L'école de la guerre", roman, Balland, 1999; La Table Ronde, La Petite Vermillon, 2020
  • "Athina", roman portant sur la guerre de l’Indépendance en Grèce, Grasset, 2000
  • "Khiam", poésie, Dar An-Nahar, 2000
  • "Le Procureur de l’Empire, Ernest Pinard (1822-1909)", biographie, Balland, 2001; La Table ronde, La Petite Vermillon sous le titre "Le Censeur de Baudelaire", 2011
  • "Le Crapaud", théâtre, FMA, 2001
  • "Lady Virus", thriller, Balland, 2002; Livre de Poche 2004
  • "Khalil Gibran, l'auteur du Prophète", biographie, Pygmalion, 2002; J'ai Lu
  • "De Gaulle et le Liban, essai en II tomes: "Vers l'Orient compliqué (1929-1931)", Éd. Terre du Liban, 2002 et "De la guerre à l'Indépendance (1941-1943)", Éd. Terre du Liban, 2004
  • "Le Mousquetaire, Zo d'Axa (1864-1930)", biographie, Balland, 2004
  • "Le Roman de Beyrouth", roman, Plon, 2005; La Petite Vermillon, 2020
  • "Saint Jean-Baptiste", biographie, Pygmalion, 2005
  • "La Passion de lire", essai en hommage au livre et à la lecture, Éd. librairie Antoine, 2005
  • "Awraq Joubrania", ouvrage en arabe consacré à Khalil Gibran, Dar An-Nahar, 2006
  • "Le Silence du ténor", récit, Plon, 2006; La Table ronde, La Petite Vermillon, 2020
  • "Phénicia", roman, Plon, 2008, Pocket
  • "Un amour infini", poésie, Dergham, 2008
  • "Pour la francophonie", essai, Dar An-Nahar, 2008
  • "Berlin 36", roman, Plon, 2010
  • "Haïti", suivi de "Aller simple pour la mort", poésie, Dergham, 2010
  • "L'Enfant terrible: Michel Zaccour (1896-1937)", biographie, Éd. L'Orient-Le Jour, 2010
  • "Un goût d'éternité", poèmes, Dergham, 2011
  • "Sur les traces de Gibran", essai, Dergham, 2011
  • "Anatomie d'un tyran", essai biographique autour de Mouammar Kadhafi, Actes Sud/L'Orient des livres, 2011
  • "Kadicha", roman, Plon, 2011
  • "L'Homme de la Providence, Abouna Yaacoub", biographie, L'Orient des Livres, 2012
  • "Les Anges de Millesgarden", récit de voyage en Suède, Gallimard, 2013
  • "Gibran", L’Orient des livres, 2013
  • "Dictionnaire amoureux du Liban", Plon, 2014 (lire ici)
  • "Six chants d'amour, recueil de six poèmes mis en musique par Nicolas Chevereau", L'Orient des livres, 2016
  • "Mimosa", récit, Les Escales, 2017
  • "Harry et Franz", roman, Plon, 2018; Mon poche, 2019
  • "Les confessions de Beethoven", L'Orient des livres, 2020
  • "L’amour ne se commande pas", récit autour de Samuel Beckett, L'Orient des livres, 2020
  • "La Couronne du diable", roman, Plon, 2020
Son prochain roman paraîtra aux éditions Plon en août prochain.

Les livres d'Alexandre Najjar parus en 2020, inédit et passages en poche.



J'avais eu le plaisir de rencontrer Alexandre Najjar en juin 2008 à Bruxelles, à l'occasion de la sortie de son roman "Phénicia" (Plon, 228 pages). Voilà ce que j'avais écrit à l'époque.

De Tyr à Beyrouth 
Dans "Phénicia", son nouveau roman, écho au précédent "Roman de Beyrouth" aux trois générations, le Libanais Alexandre Najjar établit un parallèle entre ce qui se passe aujourd'hui à Beyrouth et ce qui s'y est passé il y a deux mille ans, quand la ville s'appelait Tyr. On suit Elissa durant l'interminable siège de sa ville par Alexandre le Grand. Une histoire d'hier, où l'auteur fait parler les deux parties, qui se lit avec grand plaisir, les mots du passé éclairant le présent.

Y a-t-il un message dans votre roman?
J'ai voulu montrer que sur cette terre, la Phénicie hier, le Liban actuel, la tradition de liberté, ou de sa revendication, n'est pas fortuite. Elle se retrouve déjà il y a 2.000 ans dans la résistance de Tyr à Alexandre le Grand.

Comment est né le livre?
J'ai toujours été fasciné par la résistance farouche des Tyriens. Les Phéniciens n'étaient pas du tout belliqueux ni préparés pour lutter. Ils ont tenu tête durant sept mois à l'armée la plus importante de l'époque, avec celle de Darius. C'est aussi par analogie à ce que nous avons vécu durant la guerre où nous étions en lutte contre une occupation. J'ai ressenti la même idée d'enfermement. Le siège par Alexandre m'a rappelé l'attente durant la guerre, et la souffrance qu'elle occasionne, parce qu'on ne sait pas ce qu'on attend: un miracle qui ne vient pas, un obus?

Vous donnez les deux points de vue.
J'ai voulu donner une double perspective du siège de Tyr en partant de l'idée que personne n'a le monopole de la vérité. Tout le livre est une alternance entre le point de vue des Phéniciens assiégés, par la voix d'Elissa, et celui d'Alexandre le grand, l'assiégeant. C'est peut-être ce qui a été le plus difficile pour moi, me mettre dans la psychologie d'Alexandre, voir comment il est passé de l'arrogance au doute, à l'angoisse, à l'euphorie de la victoire et à la revanche. Il ne s'attendait pas du tout à une résistance de sept mois et non de deux jours. Le siège est devenu un duel entre deux honneurs, deux orgueils, deux intelligences. Mais les Phéniciens ont un peu plus de mérite qu'Alexandre parce qu'ils n'étaient pas préparés à la guerre. C'étaient des navigateurs. Ce qui aurait dû être un combat honteusement inégal a été un combat d'égal à égal.


Par ailleurs, le Grand Prix de littérature Paul Morand 2020 (biennal, 45.000 euros) a été décerné au cours de la même séance de l'Académie française au dramaturge, essayiste et peintre Valère Novarina pour l'ensemble de son œuvre. Une œuvre gigantesque, forte d'une quarantaine de titres, publiée chez P.O.L. à partir de 1984 - précédemment il était édité chez Christian Bourgois. Derniers livres parus, à raison d'un par an.







Le palmarès complet des prix de l'Académie française pour l'année 2020 contient 65 distinctions (lire ici et ici).




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