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mercredi 13 novembre 2024

Parité aux prix Rossel 2024


Léonie Bischoff, Romain Renard, Nathalie Skowronek et Velibor Čolić.
(c) Dominique Duchesnes/Le Soir.
 
Selon le journal "LE SOIR" qui l'organise, "C'est "le" moment littéraire belge de l'année: la proclamation des prix Victor Rossel." Elle s'est tenue à la rédaction du Soir, ce mercredi 13 novembre à 13 heures, en présence des lauréats. Voici le palmarès.

Prix Victor Rossel de littérature
Créé en 1938, en souvenir de Victor Rossel, le fils du fondateur du Soir en 1897, Emile Rossel. Le fils aimait la littérature et tenait salon chez lui, rue Gachard à Ixelles, chaque jeudi.

Velibor Čolić

"Guerre et Pluie"
Gallimard, 288 pages

Le dernier volet de la trilogie sur la guerre en Bosnie par le romancier installé à Bruxelles depuis plusieurs années.

Pour lire en ligne le début de "Guerre et pluie", c'est ici.




Prix Victor Rossel des lecteurs et des lectrices
Créé en 2023, à l'occasion de la 80e édition des prix Rossel.
 
Nathalie Skowronek
"La voix des saules"
Grasset, 176 pages

L'expérience de l'autrice qui a animé un atelier d'écriture en milieu psychiatrique.

Pour lire en ligne le début de "Le voix des Saules", c'est ici.




 
Prix Victor Rossel de la bande dessinée
Créé en 2021.

Romain Renard
"Revoir Comanche"
Le Lombard

Roman graphique en hommage à Comanche, série mythique du journal "Tintin" créée dans les années 1970

Pour lire en ligne le début de "Revoir Comanche", c'est ici.




Grand Prix de l'Académie Victor Rossel de bande dessinée
Créé en 2021.

Léonie Bischoff pour l'ensemble de son œuvre.
 
Magnifique pour celle qui vient de recevoir le 6 septembre dernier le Prix Atomium de la Fédération Wallonie-Bruxelles en bande dessinée/Espiègle de la Bande dessinée (lire ici) une nouvelle distinction pour l'ensemble de son œuvre.
 
Une œuvre qui est loin d'être achevée, comme elle le dit elle-même. On y pointera deux albums. "Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" (Casterman, 2020), qui l'a révélée au monde et a été primé à Angoulême (lire ici) et, pour la jeunesse, "La longue marche des dindes" (texte de Kathleen Karr, Rue de Sèvres, 2022), également multi-récompensé (lire ici).
 
Voici quelques pages de chacun des deux.
 


"Anaïs Nin, sur la mer des mensonges". (c) Casterman.
 
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"La longue marche des dindes". (c) Rue de Sèvres.




mardi 12 novembre 2024

Le Salon de Montreuil en Belgique

 
Depuis plusieurs années, le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis, toujours appelé Salon de Montreuil, ne se déroule plus seulement durant les six jours de la manifestation. Rappelons que l'édition 2024, la quarantième, se déroulera du 27 novembre au 2 décembre à Montreuil. De nombreuses activités sont organisées dans le département en amont et parfois en aval. Dont, depuis quatre ans, des rencontres en librairie. Et c'est ce point qui nous intéresse car, comme l'an dernier, deux librairies belges sont concernées.

Depuis 4 ans, une avant-première exceptionnelle sous forme de rencontre et d'atelier est organisée dans une vingtaine de librairies partenaires en France et en Belgique. Une initiative qui permet à de nombreux publics qui ne peuvent venir à Montreuil, de profiter au plus près de chez eux de l'événement.
 


✔ Samedi 23 novembre à 10h30, la librairie Chantelivre, à Tournai accueillera l'illustrateur Geoffrey Delinte, en lice pour les Pépites du livre de jeunesse, catégorie Bande dessinée (lire ici).

Il y animera un atelier à destination des enfants à partir de 8 ans autour de son ouvrage "Hey Djo!" (Gallimard Bande dessinée). Les enfants auront l'opportunité d'essayer différentes combinaisons de couleurs en fonction de mots qui leur seront proposés afin d'apporter des éléments narratifs grâce à la couleur. Cette rencontre-atelier sera prolongé d'un temps de discussion et de dédicaces ouvert à toutes et tous.

✔ Samedi 23 novembre à 14 heures, la librairie Papyrus, à Namur accueillera les autrices Marie Colot et Noémie Marsily, en lice pour les Pépites du livre de jeunesse, catégorie Fiction juniors (lire ici). Elles y feront une lecture dessinée autour de leur ouvrage "Mori" (CotCotCot éditions).



 
 
 
Programme complet des animations ici.






lundi 11 novembre 2024

Le "petit" prix Wepler au Belge Célestin de Meeûs

Célestin de Meeûs est la mention spéciale du jury du prix Wepler.

Chaque année depuis 27 ans, le prix Wepler-Fondation La Poste récompense une œuvre littéraire contemporaine inclassable, présentant une prise de risque romanesque et un style exigeant. Elle salue aussi l'audace et la singularité d'un second titre, un ovni littéraire, par l'attribution d'une mention spéciale. La mise en place d'un jury tournant assure à ce prix une indépendance, une fraîcheur et une sincérité de jugement qui se traduit par un résultat souvent inattendu.



Thomas Clerc remporte le prix Wepler 2024.

Le lauréat du prix Wepler Fondation de la Poste 2024 (10.000 euros) est Thomas Clerc, pour "Paris musée du XXIe siècle, le dix-huitième arrondissement" (Editions de Minuit, 624 pages). A noter que l'auteur avait déjà fait le même exercice en 2007 avec "Paris, musée du XXIᵉ siècle. Le dixième arrondissement" (L'arbalète/Gallimard).
 
Présentation de l'éditeur.
Le 18e arrondissement compte 425 rues, squares, places, avenues, cités, jardins, villas, boulevards, impasses et passages que Thomas Clerc a entrepris d'arpenter depuis qu'il y a emménagé récemment. Description totale, née de ses déambulations, dérives et notations, ce livre n'omet rien de ce que la ville laisse voir, entendre et ressentir.
De Montmartre aux abords du périphérique, des habitants de ses quartiers aux touristes égarés,
des cafés aux dark stores, de la nuit au jour, l'ancien faubourg de Paris, insurgé sous la Commune,
ne cesse de changer d'apparence, quand ce n'est l'auteur lui-même qui le refaçonne au gré de son
périple. Le 18e se déroule comme une toile géante où chaque rue est un tableau vivant.

Pour en lire un extrait en ligne, c'est ici.

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La Mention spéciale du jury 2024 (3.000 euros) est Célestin de Meeûs, né à Bruxelles en 1991, pour son premier roman, "Mythologie du.12" (Editions du Sous-sol, 144 pages) qui avait déjà reçu le prix Stanislas du premier roman 2024. 

Présentation de l'éditeur.
C'est l'histoire d'un jour de solstice d'été au milieu de nulle part.
C'est l'histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d'un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer et à enchaîner les bières et les joints.
C'est l'histoire d'un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s'enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C'est l'histoire d'une soirée qui n'en finit pas, d'un snack sur le bord de la route, d'un trip dans la nature et d'une petite cabane au bord de l'eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d'un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l'ennui, de ce qu'on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l'ivresse et de la violence.

 

Jury 2024:  Oriane Delacroix, programmatrice aux Midis de Culture (France Culture), Théodore Dillerin, libraire (Le Comptoir des mots), Marie Dupont, lectrice (actuellement détenue au centre pénitentiaire de Rennes), Philippe Ginésy, libraire (Librairie des Abbesses), Mélanie Giustino, libraire (La Mouette Rieuse), Fabien Jannelle, lecteur, Quentin Lafay, producteur des Questions du soir (France Culture),
Sébastien Omont, membre du comité de rédaction d'En attendant Nadeau et de La Femelle du Requin
Sylvie Réal, lectrice, Christine Vilca, lectrice (La Poste), Marie-Rose Guarniéri, fondatrice du Prix Wepler-Fondation La Poste,Élisabeth Sanchez, secrétaire générale du Prix Wepler-Fondation La Poste.



vendredi 8 novembre 2024

Susie Morgenstern est la Grande Ourse 2024

Susie Morgenstern. (c) Éric Garault.

C'est à l'heure de la sortie des écoles qu'a été annoncé hier, jeudi 7 novembre, le nom de la Grande Ourse 2024 du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis. Susie Morgenstern elle-même! Joie totale car l'énergie de Susie est inversement proportionnelle à son âge. Elle est née le 18 mars 1945 à Newark, dans le New Jersey, comptez. Elle est arrivée en 1965 en France, à Nice précisément, après avoir rencontré son mari en Israël, à 18 ans.
"Le miracle de ma vie a été de tomber amoureuse d'un mathématicien français barbu, Jacques Morgenstern. Je l'ai suivi en France avec mes trois mots de français. Aliyah ma fille aînée est née en 1967. En 1971, j’ai accouché de Mayah et de ma thèse de doctorat en littérature intitulée: "Les fantasmes chez l'écrivain juif contemporain" (dont Philip Roth!). Je n'avais plus le temps ni l'envie de jouer  de la contrebasse comme je l'avais fait presque professionnellement, dans les registres jazz et classique. Je n'avais plus envie non plus de faire de la critique littéraire.
Et puis mes enfants aidant, j'ai été très inspirée pour débuter ma carrière en tant qu'auteur/illustrateur. Rapidement, mes textes se sont allongés, mes livres grandissaient avec mes enfants.
Tout m'intéresse, mais surtout l'amour, les gens, les rencontres, la famille, et les livres. J'aime espionner la vie de tous les jours et essayer de construire mes histoires autour de ce monde réel."
Susie Morgenstern
Susie Morgenstern a toujours quelque chose à écrire. Sa sensibilité, son attention aux êtres, son ton d'amour et d'humour ont conquis les jeunes lecteurs depuis les années 1980. Sa bibliographie compte aujourd'hui près de 200 titres chez une trentaine d'éditeurs. Des livres dans lesquels elle a mis sa vie et celle de ses proches, rehaussées de son talent littéraire, et devenus des classiques. S'ils célèbrent le quotidien, l'école, la famille, les relations intergénérationnelles, ils sont imprégnés de sa capacité à s'émerveiller et de sa quête du bonheur, que ce soit à travers les rires, les émotions, ou la beauté des petites choses. Des romans qui passent de génération en génération. La preuve: une recherche donne comme premiers résultats "La sixième" (l'école des loisirs"), publié en 1984 - l'année de naissance du Salon de Montreuil, "Lettres d'amour de 0 à 10" (l'école des loisirs, 1996) et "Mes 18 exils" (L'Iconoclaste, 2021), sa passionnante autobiographie (lire ici).

Susie, ses lunettes en forme de cœur rose, et son éternelle coiffure, passée de sombre à claire avec le temps.. Qui n'a pas croisé à Montreuil cette figure incontournable de la littérature de jeunesse? Elle arpente le salon depuis ses débuts avec sa passion inlassable pour l'écriture et la lecture et son art de la partager en rires et en mots. Entendre Susie un jour, c'est l'entendre toujours. Car elle n'a rien perdu de son accent américain. Heu-reu-se-ment.
 
La Grande Ourse 2024 honorera deux rendez-vous au Salon de Montreuil:
- dimanche 1er décembre à 16h30, "Dans les rêves de la Grande Ourse" (niveau 1 - scène d'en haut)
- lundi 2 décembre à 17 heures, "La fête à la Grande Ourse: Susie Morgenstern" (niveau 1 - scène d'en haut)



Les précédents tenants du titre ont été:
  • Gilles Bachelet en 2019 (lire ici)
  • Marie Desplechin en 2020 (lire ici)
  • Lucie Félix en 2021 (lire ici)
  • Marc Boutavant en 2022 (lire ici)
  • Beatrice Alemagna en 2023


jeudi 7 novembre 2024

Les prix de Flore et Giono

Près de mille pages à lire avec les deux livres mis à l'honneur aujourd'hui.
 
Le jury du prix de Flore lors de la deuxième sélection.
 
Benjamin Stock a reçu ce jeudi 7 novembre le prix de Flore 2024 pour son premier roman, "Marc" (Rue Fromentin, 448 pages). Il a été choisi au premier tour, à l'unanimité moins une voix pour Joy Majdalani ("Jessica, seule dans une chambre", Grasset). "Marc" est une critique loufoque du conspirationnisme réalisée à partir des romans de l'auteur français à succès Marc Levy, a indiqué le jury. Un jury mené par Frédéric Beigbeder qui avait écrit ceci à son sujet dans le "Figaro-Magazine: "Le voici-le voilà, le meilleur primo-romancier de la rentrée. Celui dont l'ampleur et le brio éclipsent tous les autres. Son roman a tout: les dialogues acerbes, les jeunes désabusés en quête d'une révolution impossible, le cynisme dénonçant les cyniques, l'humour désespéré. Un grand romancier est né."

Depuis sa création en 1994, le prix de Flore distingue "de jeunes auteurs prometteurs, au talent original et audacieux". Il est doté de 6.150 euros et se distingue par le fait qu'il offre au lauréat un verre de Pouilly-fumé chaque jour pendant un an, gravé à son nom, à la célèbre brasserie parisienne.

Le prix qui fête cette année ses 30 ans sera officiellement décerné ce 7 novembre à 20 heures. Françoise Sagan avait été la marraine de la première édition.

Présentation de "Marc" par l'éditeur:
Et si c'était VRAIMENT vrai?
David Baumer, fondateur d'une start-up parisienne, traverse une crise existentielle. Sa compagne le néglige tandis que son entourage s'absorbe dans les idéologies du moment: relativisme, développement personnel, management agile...
L'une de ses employées, Sheyenne, lui fait découvrir une communauté clandestine de lecteurs de Marc Levy. D'abord moqueur, David plonge finalement dans l'œuvre du grand romancier, en quête de réponses.
Quelle est donc cette conspiration que David pense avoir perçue dans les textes de Marc Levy?
Alors qu'il approfondit ses recherches, David se radicalise... 
 
Jury: Frédéric Beigbeder, Jacques Braunstein, Manuel Carcassonne, Carole Chrétiennot, Michèle Fitoussi, François Reynaert, Jean-Pierre Saccani, Bertrand de Saint-Vincent, Christophe Tison, Philippe Vandel, Jean-René van der Plaetsen et Arnaud Viviant.

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Ce même jeudi 7 novembre, Olivier Norek a reçu le prix Jean Giono pour son roman "Les Guerriers de l'hiver" (Michel Lafon, 446 pages) dans lequel il décrit les combats de la guerre entre la Finlande et l'Union soviétique en 1939-1940.

Créé en 1990, et avec dans son jury Sylvie Giono, la fille de l'écrivain dont il porte le nom, le prix Jean Giono est doté de 10.000 euros, et parrainé par la Fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littérature.
Ancien policier en Seine-Saint-Denis, Olivier Norek s'est fait connaître par ses romans policiers réalistes, où il voulait déconstruire les clichés sur les banlieues "difficiles". Avec ce nouveau livre, publié comme toujours chez Michel Lafon, il se tourne vers le roman historique. Un roman remarqué par deux jurys de prix littéraires, ce qui n'a pas manqué de faire lever le sourcil à ceux qui ne l'avaient pas lu. "Les guerriers de l'hiver" a été sélectionné dans la première liste du prix Goncourt, celle qui sert au Goncourt des lycéens, et a fait partie des cinq finalistes du prix Renaudot.

Le livre retrace la résistance héroïque de la Finlande face à l'invasion soviétique, en se concentrant sur la figure légendaire de Simo Häyhä, un paysan devenu tireur d'élite, qui, grâce à ses talents exceptionnels, est devenu un héros national et un symbole de "la guerre d'hiver".
 
Jury: Paule Constant, de l'Académie Goncourt, présidente, Metin Arditi, Tahar Ben Jelloun, de l'Académie Goncourt, David Foenkinos, Franz Olivier Giesbert, Sylvie Giono, Robert Kopp, Emmanuelle Lambert, Vera Michalski, Etienne de Montety, Marianne Payot.
 

mercredi 6 novembre 2024

Le prix Médicis à Julia Deck

Premier prix littéraire de l'automne attribué à une femme, le prix Médicis a été remis décerné ce mercredi 6 novembre à Julia Deck, 50 ans, pour le roman autobiographique que, fille unique, elle a consacré à sa mère, "Ann d'Angleterre" (Seuil, 256 pages). Elle l'a emporté au troisième tour par cinq voix contre quatre à Thomas Clerc ("Paris, musée du XXIe siècle", Minuit).
 
Présentation de l'éditeur.
En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d’un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l'espoir d'une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte, sur un rythme vif et non dénué d’humour british, la vie de cette femme issue d'une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s'est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d'entretenir un rapport complexe avec sa famille d'Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret – un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre. Ce texte splendide, qui questionne les liens entre l’écriture et la vie, est aussi un geste d’amour bouleversant d'une fille envers sa mère.
 
 Pour lire en ligne le début d'"Ann d'Angleterre", c'est ici.
 
 
Le prix Médicis du roman étranger est allé au Guatémaltèque Eduardo Halfon, pour "Tarentule" (traduit de l'espagnol (Guatemala) par David Fauquemberg, Quai Voltaire, 208 pages), au huitième tour par quatre voix contre deux à l'Autrichien Josef Winkler ("Le champ", traduit de l'allemand (Autriche) par Bernard Banoun, Verdier).
 
Présentation de l'éditeur.
 En 1984, deux jeunes frères exilés aux États-Unis retournent au Guatemala, au cœur de la forêt de l'Altiplano, participer à un camp de survie pour enfants juifs où les envoient leurs parents afin qu'ils n’oublient pas leurs racines. Mais un matin, les enfants, réveillés par des cris, découvrent que le camp s'est transformé en une chose bien plus sombre.
Les raisons et les ramifications de cet épisode de l'enfance du narrateur ne commenceront à s'éclaircir que des années plus tard au fil de rencontres fortuites – à Paris avec une lectrice de Salinger devenue avocate, ou à Berlin avec un ancien instructeur en chef du camp, aux yeux d'un bleu changeant, qui se promenait avec un serpent dans la poche et une énorme tarentule sur le bras.
Entrelaçant passé et présent, réalité et fiction, Eduardo Halfon tisse un récit foisonnant de symboles pour toucher du doigt les fondements de son identité: le cadre strict et rigoureux de la religion juive et le giron enveloppant et maternel du Guatemala.


Le prix Médicis de l'essai a été attribué au premier tour par six voix à l'Allemand Reiner Stach pour le troisième tome de sa biographie de Franz Kafka, "Les années de jeunesse" (traduit de l'allemand par Régis Quatresous, Editions du Cherche Midi, 800 pages).
 
Présentation de l'éditeur.
Le dernier tome de la monumentale biographie de Reiner Stach: les années de jeunesse et de formation, ou comment Franz devient Kafka.
Conclusion de la vaste enquête biographique de Reiner Stach, ce troisième tome est consacré aux années 1883 à 1911, de la naissance de Kafka à la veille de sa grande percée créatrice. Années d'enfance et de silence, années de balbutiements, de premières tentatives littéraires et de lente maturation.
 
Autant qu'un récit de formation, ce volume est le portrait d'une ville et d'une époque. La ville: Prague, avec son conflit historique de plus en plus brûlant entre Allemands et Tchèques, qui place les Juifs entre le marteau et l’enclume. L'époque: le tournant du XXe siècle, où la montée des conflits sociaux, des idéologies et de l'antisémitisme, les bouleversements intellectuels, scientifiques et technologiques font peu à peu tomber les structures sociales anciennes.
 
C'est au milieu de ces ruptures que naît et grandit Franz Kafka, enfant isolé pris entre le conflit avec son père et la pression de l'autorité scolaire. Il trouve bientôt dans l'écriture une échappatoire qui, à terme, le ramènera au monde et lui permettra de dénuder la vérité de son époque et de la nôtre. De son premier projet de roman à l'ouverture décisive de son journal, on voit ici, au fil d'une narration virtuose, Franz devenir Kafka.
 
 
Jury:  Anne F. Garréta (présidente), Marianne Alphant, Michel Braudeau, Marie Darrieussecq, Patrick Grainville, Dominique Fernandez, Andreï Makine, Pascale Roze et Alain Veinstein.

Le prix Femina décerné à Miguel Bonnefoy

Miguel Bonnefoy. (c) AFP.

On aurait pu croire que les jurées du prix Femina se soient accordées sur un troisième choix, faute de départager leurs deux préférés, tant a été grande la surprise d'entendre que le prix Femina 2024 allait à Miguel Bonnefoy, 37 ans, pour "Le Rêve du jaguar" (Rivages), récompensé à juste titre il y a moins d'une semaine par le Grand prix du roman de l'Académie française (lire ici). Il semble qu'il n'en soit rien. En plusieurs tours, il l'aurait tout simplement emporté par cinq voix contre quatre à Emma Becker dont "Le mal joli" (Albin Michel) était favori. Dommage qu'un autre roman francophone n'ait pas été mis à l'honneur ce mardi 5 novembre

Les dames se sont montrées plus pertinentes et audacieuses dans l'attribution de leurs autres récompenses.
 
Le prix Femina de l'essai va à "Tenir tête", de Paul Audi (Stock, 328 pages).
Présentation de l'éditeur:  Choqués par le pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, et désemparés devant la riposte de l'armée israélienne à Gaza, deux amis français s'échangent des lettres dans lesquelles ils s'inquiètent de la recrudescence des actes et des discours antisémites partout dans le monde.
 
 
 
 
Le prix Femina du roman étranger va à "Propre" d'Alia Trabucco Zerán (traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet, Robert Laffont, collection "Pavillons", 272 pages).
Présentation de l'éditeur: Le monologue d'une domestique qui retrace, dans un récit lucide, impitoyable et brutal, les étapes menant au drame qui fera s'effondrer le décor d'une vie "propre"
 

 
 
 
Quant à l'écrivain irlandais Colm Tóibín, il a reçu le prix spécial du jury Femina a attribué pour l'ensemble de son œuvre. Auteur de dix romans, finaliste du Booker Prize pour "Le Maître", son roman biographique consacré à Henry James, le grand public le découvre avec la publication de "Brooklyn". L'adaptation cinématographique de ce dernier livre connut un grand succès en 2015 et fut nommé aux Oscars. Il est également l'auteur de plusieurs livres d'essais, de recueils de nouvelles et du best-seller sur Thomas Mann, publié en 2022 chez Grasset, "Le Magicien".
"Long Island" (traduit de l'anglais (Irlande par Anna Gibson, Grasset, 400 pages) se situe à l'interstice entre deux mondes. Il offre des retrouvailles bouleversantes avec Eilis Lacey dont les lecteurs de "Brooklyn" se souviennent encore. Quinze après la publication de ce best-seller, Colm Tóibín fait la démonstration magistrale de ses talents de romancier avec un inoubliable portrait de femme.

 

mardi 5 novembre 2024

Le prix Vendredi "jeunes lecteurs" au roman illustré "Charbon bleu"

 
Le titre figurait en première place des sélections du huitième prix Vendredi 2024 (lire ici). Le roman "Charbon bleu" d'Anne Loyer illustré par Gérard DuBois (D'eux, 132 pages, novembre 2023) est le lauréat du prix Vendredi Pass Culture, un prix de lecteurs. Une auteure français, un illustrateur français travaillant à Montréal et une maison d'édition québécoise.
 
Dans ce roman de mine et d'espoir, on rencontre deux adolescents, magnifiquement représentés en gravure. Ermine aurait espéré pouvoir étudier, sortir du village minier et échapper à son destin. Mais la fatalité l'oblige à descendre dans la Fosse Bonnemère, seul futur offert aux habitants de Marlin. Là, dans les profondeurs de la terre, l'adolescente fait une rencontre inespérée, celle de Firmin, aussi lumineux qu’un matin de printemps. Un phare dans cette traversée.
 


"Bleu charbon". (c) D'Eux.

 
 
 

Maureen Desmailles
reçoit, elle, le prix Vendredi du jury, le vrai prix Vendredi, l'autre étant un accessit, pour "La Chasse" (Thierry Magnier Éditions, 240 pages collection "L'Ardeur", 2023), son premier roman ado.

L'histoire à la première personne de Max, 17 ans. Max, un narrateur ou une narratrice dont l'identité de genre ne sera jamais révélée. Max, qui depuis l'enfance vit dans l'ombre de son grand frère, si brillant. Max qui se sent invisible, toujours à contre-temps. Mais cet été, alors que ses parents et son frère sont à Paris pour quelques semaines, Max fait la rencontre d'Ellie, la fille des nouveaux voisins, et de Cosme, son petit ami. Une chose est sûre, pour lui comme pour elle, Max est loin d'être invisible. Ce couple, leur liberté, le désir qui grésille entre eux fascinent Max qui finit par jouer un jeu dangereux, au risque de les perdre tous les deux.

Pour lire en ligne un extrait de "La chasse", c'est ici.

 

Palmarès

2023 Claudine Desmarteau pour "Au nom de Chris" (Gallimard Jeunesse)
et Arnaud Cathrine, prix Vendredi - Jury des jeunes Pass Culture pour "Octave" (Robert Laffont)
2022 Claire Castillon pour "Les Longueurs" (Gallimard Jeunesse, lire ici)
2021 Sylvain Pattieu pour "Amour chrome" (l'école des loisirs, lire ici)
2020 Vincent Mondiot, pour "Les Derniers des Branleurs" (Actes Sud junior, lire ici)
2019 Flore Vesco, pour "L'Estrange Malaventure de Mirella" (l'école des loisirs, lire ici)
2018 Nicolas de Crécy, pour "Les amours d'un fantôme en temps de guerre " (Albin Michel, lire ici)
2017 Anne-Laure Bondoux, pour "L'Aube sera grandiose" (Gallimard, lire ici)

lundi 4 novembre 2024

Les favoris primés aux prix Goncourt et Renaudot

(c) Gallimard.

Kamel Daoud. (c) Francesca Mantovani/Gallimard.
Les derniers pronostics établis en France depuis l'attribution du Grand prix du roman de l'Académie française (lire ici) et du prix Décembre (lire ici) ont eu raison. Le plus prestigieux des prix littéraires d'automne, le prix Goncourt a été attribué ce lundi 4 novembre à Kamel Daoud, 54 ans, pour son troisième roman, "Houris" (Gallimard). Un livre interdit en Algérie.
 
Le romancier franco-algérien a été choisi par le jury au premier tour de scrutin, par six voix, contre deux pour Hélène Gaudy ("Archipels", L'Olivier), une pour Gaël Faye ("Jacaranda", Grasset),  et une pour Sandrine Collette ("Madelaine avant l'aube", JC Lattès). Ce qui a dû réjouir Philippe Claudel, le président de l'Académie Goncourt, qui ne souhaitait pas devoir faire usage de sa double voix en cas d'ex-aequo. "L'Académie Goncourt couronne un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l'Algérie, celle des femmes en particulier. Ce roman montre combien la littérature, dans sa haute liberté d'auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace aux côtés du récit historique d'un peuple, un autre chemin de mémoire", a-t-il salué.
 
"Ce livre est né parce que je suis en France. C'est un pays qui me donne la liberté d'écrire. Ce n'est pas facile de parler de guerre, il faut du temps, du deuil, de la distance. C'est un livre qui va dans le sens de l'espoir", a réagi Kamel Daoud après avoir un fait un tour de table pour remercier les jurés.
 
Présentation de l'éditeur

"Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant."


Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d'indépendance, qu'elle n'a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu'elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps: une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix.
Son histoire, elle ne peut la raconter qu'à la fille qu'elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant? Peut-on donner la vie quand on vous l'a presque arrachée? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être
Kamel Daoud avait été révélé au public grâce à son premier roman, " Meursault, contre-enquête" (Actes Sud, 2014), qui avait figuré dans les sélections des prix Goncourt et Renaudot, figurant même dans la sélection finale du Goncourt. "Meursault, contre-enquête" a finalement reçu le Goncourt du premier roman 2015 et le prix des Cinq continents de la Francophonie 2014.
Pour lire en ligne le début de "Houris", c'est ici.
 
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Dans la pièce voisine du restaurant Drouant, le jury du prix Renaudot choisissait de récompense   Gaël Faye pour son second roman, "Jacaranda" (Grasset). Un prix annoncé par Jean-Marie Gustave Le Clézio, président du jury cette année, tout juste à la suite de l'annonce Goncourt. Pas de précision sur les votes. C'est "beaucoup de joie, une grande surprise", a réagi le lauréat.
 
Gaël Faye était également en lice pour le prix Goncourt 2024. Il l'avait été en 2016 pour son premier roman "Petit pays" (Grasset) qui obtint finalement le prix Goncourt des lycéens. 

Français par son père, Rwandais du côté de sa mère, Gaël Faye, 42 ans, a un profil atypique dans le paysage littéraire français: entre slam, musique et littérature, il multiplie les talents, dont la plume est aussi alerte que les thèmes sont graves. Actuellement résident au Rwanda, l'artiste a grandi au Burundi avant de fuir la guerre à l'âge de 13 ans et de s'installer en France.
 
Jury: Jean-Marie Gustave Le Clézio, président 2024, Georges-Olivier Châteaureynaud, secrétaire général, Jean-Noël Pancrazi, Franz-Olivier Giesbert, Dominique Bona, Patrick Besson, Frédéric Beigbeder, Cécile Guilbert, Stéphanie Janicot et Mohammed Aïssaoui. 

Présentation de l'éditeur
 
Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l'histoire terrible d'un pays qui s'essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, "Jacaranda" célèbre l'humanité, paradoxale, aimante, vivante.
 
Pour lire en ligne le début de "Jacaranda", c'est ici.



 
 
Prix Renaudot essai 
"Échec et mat au paradis"
Sébastien Lapaque 
Actes Sud
 
La rencontre au Brésil, début 1942, entre l'écrivain autrichien Stefan Zweig, peu avant son suicide, et le romancier français Georges Bernanos.
Pour ligne en ligne le début d'"Echec et mat au paradis", c'est ici.
 

 
Prix Renaudot du livre de poche
"Les années-lumière"
 
Serge Rezvani
Philippe Rey

Une "tentative d'autobiographie romancée" de l'artiste français d'origine iranienne, publiée initialement en 1967, au moment où il est passé de la peinture à l'écriture. L'auteur avait 39 ans, il en a 96 aujourd'hui.