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vendredi 31 octobre 2025

Yanick Lahens, lauréate du Grand prix du Roman de l’Académie française 2025


Yanick Lahens
a remporté hier jeudi 30 octobre le Grand prix du Roman de l'Académie française (10.000 euros) pour "Passagères de nuit" (Sabine Wespieser Editeur). L'écrivaine haïtienne née en 1953 l'a emporté au troisième tour de scrutin, de justesse, par onze voix contre dix à Pauline Dreyfus pour "Un pont sur la Seine" (Grasset). Alfred de Montesquiou figurait aussi dans la sélection finale avec son roman "Le crépuscule des hommes" (Robert Laffont).
 
C'est une belle reconnaissance pour l'éditrice Sabine Wespieser qui publie peu - deux romans français et un récit étranger traduit en cette rentrée - mais bien - les deux romans français ont figuré dans les sélections de plusieurs prix littéraires -, souvent des femmes, et ce depuis vingt-trois ans.  
 
L'éditrice a exprimé sa "gratitude aux membres de la prestigieuse institution. Nous sommes contraints", a-t-elle ajouté, "de partager à distance notre joie, immense, avec Yanick Lahens: des difficultés administratives la retiennent hélas sur le continent américain."

C'est donc Sabine Wespieser qui a lu le discours de Yanick Lahens au quai Conti: 
"Mesdames, messieurs les membres de l'Académie française,

Je vous remercie pour cette distinction dont votre prestigieuse institution a bien voulu m'honorer. Me voilà succédant à une longue liste d'écrivains illustres comme Pierre Michon, Antoine de Saint-Exupéry, Michel Tournier, Geneviève Dormann et Amélie Nothomb, pour ne citer que ceux-là.

Je reçois cette distinction avec d'autant plus de surprise qu'il s'agit d'un roman écrit à des milliers de kilomètres de Paris et qui évoque la Nouvelle-Orléans et Port-au-Prince au XIXe siècle. Cette distinction me conforte dans l'idée que la littérature est encore dotée d'un pouvoir immense, celui de transcender le temps et l'espace. De faire fi des frontières qui nous enferment pour nous faire grandir. La Nouvelle-Orléans fut une ville-monde qui préfigure notre "Tout-Monde" en devenir, pour reprendre la formule d'Édouard Glissant. Et Haïti au XIXe siècle présente en germe les crises des pays du Sud aujourd'hui.

J'ai aussi voulu rendre audibles les voix pourtant puissantes de femmes. La littérature nous enseigne qu'aucun lieu du monde ne saurait être une périphérie. Que la condition humaine se décline en tout lieu en obscurités abyssales et en lumières éclatantes.

Je suis une écrivaine qui, dans sa solitude et sa discrétion, interroge sans cesse et doute. Et avance par tâtonnements, en hésitations, dans un monde qui, s'il m'a toujours quotidiennement nourrie, bouscule aujourd'hui mes repères anciens.

Il me faut de la force pour avancer avec, pour seule boussole, l'idée d'une humanité partagée et, comme seule arme, des mots. Juste une poignée de lucioles lancée dans la nuit. Et, toujours, j'espère que la magie opérera, que les lucioles nous feront plier les genoux, rêver, sourire, rire, verser des larmes, danser. Aujourd'hui plus que jamais nous avons tant besoin de nous décentrer pour nous retrouver.

Merci.
Yanick Lahens
jeudi 30 octobre 2025"
 
Une version audio du discours de Yanick Lahens par elle-même est disponible sur la page Facebook de la maison d'édition.

Dans "Passagères de nuit", Yanick Lahens compose le portrait en miroir de deux femmes, ses lointaines grands-mères, qui reconnaissent chacune en l'autre "une semblable, une sœur échappée à la rudesse des conventions". Magnifique hommage à toutes les "Passagères de nuit" (à commencer par celles des bateaux négriers), ces vaincues de l'histoire dont la ténacité et la connivence secrète opposent à la violence du monde une lumineuse vaillance. Comme si ses aïeules lui murmuraient de toujours avancer sans se retourner.
 
Pour en lire en ligne le début, c'est ici
 
 




jeudi 30 octobre 2025

Bravo à Berta Páramo!

Le livre "Poux – Manuel de survie en territoire humain" de Berta Páramo (traduit de l'espagnol par Coralie Artus-Jolly, Helvetiq, 204 pages, 2024), vient de remporter le Deutscher Jugendliteraturpreis 2025, le plus prestigieux prix de littérature jeunesse en Allemagne.

L’autrice-illustratrice espagnole Berta Páramo et la traductrice de son livre vers l'allemand Stefanie Kuballa-Cottone ont reçu le trophée à la Foire du livre de Francfort, des mains de la ministre fédérale de la Famille, devant plus de 1.000 personnes.
 
L'avis du jury:
"Poux" est un livre documentaire visuellement et stylistiquement remarquable, dans un format pratique et maniable. "Poux" renforce notre regard sur l'interaction systémique des êtres vivants tout en mettant l'accent sur le thème de l'auto-bienveillance (ou self-care). La traductrice, Stefanie Kuballa-Cottone, réussit à transmettre le style narratif plein de clins d'œil du texte original, maintenant un équilibre parfait avec le contenu factuel et didactique.

L'album m'avait séduite dès sa sortie (lire ici, en deuxième partie de note). Il avait aussi été finaliste du prix IBBY Belgique francophone de l'album drôle (lire ici).

 

 

 

 

mercredi 29 octobre 2025

Un nouveau Booker prize, dédié aux enfants

(c) Booker Prize.

Les célèbres Booker Prize et International Booker Prize, récompenses britanniques annuelles décernées depuis plus de 55 ans, vont bientôt avoir leur équivalent en littérature de jeunesse. La Fondation Booker Prize vient en effet d'annoncer la création d'une nouvelle récompense dédiée à la littérature jeunesse, le Children's Booker Prize. Doté de 50.000 £ (un peu plus de 57.000 €) comme ses équivalents adultes, il sera décerné chaque année à partir de 2027. Soutenu par la Fondation caritative AKO pendant les trois premières années, il récompensera la meilleure fiction contemporaine pour les enfants de 8 à 12 ans. Texte et/ou images.
 
L'objectif de ce nouveau prix est de mobiliser et de développer une nouvelle génération de lecteurs en récompensant et en promouvant les meilleures œuvres de fiction jeunesse d'auteurs du monde entier. Les œuvres nommées en finale rejoindront les 700 ouvrages de la bibliothèque Booker. 
 
Gaby Wood, directrice générale de la Fondation du Booker Prize, a déclaré: "Le Children's Booker Prize est l'initiative la plus ambitieuse que nous ayons entreprise depuis vingt ans, et nous espérons que son impact se fera sentir pendant des décennies. Il vise plusieurs objectifs à la fois: un prix qui mettra en avant les futurs classiques écrits pour enfants; une intervention sociale destinée à inciter davantage de jeunes à lire; et une graine qui, nous l'espérons, fera germer les futures générations de lecteurs passionnés. En d'autres termes, le Children's Booker Prize n'est pas seulement un prix, il fait partie d'un mouvement: une cause que les enfants, les parents, les soignants, les enseignants et tous ceux qui travaillent dans le monde de la narration peuvent soutenir."  
 
Calendrier 
  • En pratique, les candidatures seront ouvertes au printemps 2026. Sont concernées les œuvres de fiction contemporaine pour enfants de 8 à 12 ans, écrites ou traduites en anglais et publiées au Royaume-Uni et/ou en Irlande. 
  • Une liste des huit ouvrages sélectionnés sera annoncée en novembre 2026.
  • Le livre lauréat sera proclamé en février 2027. Particularité, il sera sélectionné par un jury mixte composé de trois enfants et trois adultes (précisions sur les choix à venir). Le président de ce premier jury est le romancier jeunesse britannique Frank Cottrell-Boyce ("Millions"," Le Crime parfait", "Un ticket pour la lune", Gallimard jeunesse, 2004, 2007, 2009, "Le jour où ma vie a changé", Rageot, 2017).
  • Au moins 30.000 exemplaires des ouvrages sélectionnés et primés seront offerts afin que davantage d'enfants puissent acquérir et lire les meilleures œuvres de fiction du monde.

 

Frank Cottrell-Boyce.
(c) David Bebber.
Pour Frank Cottrell-Boyce, président du jury du Children's Booker Prize 2027: "Les histoires appartiennent à tous. Chaque enfant mérite de connaître le bonheur que procure la lecture d'un bon livre. Le Children's Booker Prize permettra aux enfants de découvrir plus facilement le meilleur de la fiction actuelle, de trouver le livre qui leur parle. En les invitant à participer au jury et en leur offrant des exemplaires des livres nominés, des milliers d'enfants supplémentaires découvriront le monde merveilleux de la lecture." 

Une déclaration qui rejoint le mantra de la romancière Astrid Lindgren en hommage de qui a été créé en 2002 le Astrid Lindgren Memorial Award (ALMA, lire ici), très estimé dans le monde de la littérature de jeunesse. Elle qui déclinait à tous les modes l'idée que "Les enfants ont droit à de belles histoires." 
 
D'autres commentaires d'auteurs britanniques diversement honorés au Royaume-Uni sont à lire sur le site du nouveau prix (ici). On y découvre aussi que l'idée du prix fut déjà suggérée en février 1971, il y a 54 ans! Moins de deux ans après la création du Booker Prize (lire en fin de note).
 
La fondation AKO, partenaire fondateur et principal bailleur de fonds du Children's Booker Prize, est une fondation caritative qui octroie des subventions et soutient des associations qui œuvrent pour l'éducation et le bien-être des jeunes, la promotion des arts et la lutte contre l'urgence climatique.
 
Les huit auteurs sélectionnés pour le Children's Booker Prize recevront chacun, comme ceux du Booker Prize et l'International Booker Prize, la somme de 2.500 £ (environ 2.700 €). Le lauréat recevra 50.000 £ (un peu plus de 57.000 €), pareil que ses homologues écrivant de la fiction pour adultes.
 
Le prix sera ouvert aux auteurs du monde entier, tant pour les livres initialement écrits en anglais que pour ceux traduits en anglais, à condition qu'ils soient publiés au Royaume-Uni et/ou en Irlande pendant la période d'éligibilité (du 1er novembre 2025 au 31 octobre 2026 pour le prix 2027). Si un livre traduit en anglais remporte le prix, l'auteur et le traducteur se partageront les 50 000 £ à parts égales, comme pour l'International Booker Prize. Si un roman graphique remporte le prix, l'auteur et l'illustrateur se partageront les 50.000 £ à parts égales: si un livre richement illustré remporte le prix, l'auteur et l'illustrateur se partageront les 50.000 £ selon des modalités à convenir avec l'éditeur. 
 
Une idée ancienne
L'équipe des Booker Prizes est tombée sur une lettre conservée dans les archives de l'organisation à l' Université d'Oxford. En février 1971, la très respectée éditrice de livres pour enfants Judy Taylor (éditions The Bodley Head) écrivait à John Murphy de Booker McConnell , à l'époque bailleur de fonds du prix. 
"Cher Monsieur Murphy, sachant que les termes et conditions du prix Booker sont en cours de révision, j'aimerais demander aux Booker Brothers s'ils envisageraient de décerner un prix annuel à l'auteur d'un livre de fiction pour enfants. Comme vous le savez, d'énormes progrès ont été réalisés dans ce domaine de l'écriture ces dernières années, tant au niveau du standard que de la présentation, et des auteurs comme Lucy Boston, Hester Burton, Peter Dickinson, Leon Garfield, Alan Garner , William Mayne, Philippa Pearce, Katharine Peyton, Stephanie Plowman et Rosemary Sutcliff ont tous écrit des romans pour enfants qui pourraient bien rivaliser avec les romans pour adultes. Mais les auteurs pour enfants ont malheureusement été longtemps négligés en termes de récompenses.
L'art d'écrire pour les enfants est l'une des compétences les plus difficiles. Il est essentiel d'encourager les meilleurs écrivains à écrire pour les enfants. Un prix Booker pourrait bien y parvenir."
L'année où elle écrivit sa lettre, Judy Taylor fut nommée Membre de l'Ordre de l'Empire britannique pour services rendus aux livres pour enfants et devint ainsi la plus jeune femme à diriger une maison d'édition britannique. En tant qu'éditrice, elle accompagna la carrière de dizaines d'auteurs pour enfants, dont Maurice Sendak, auteur de  "Max et les Maximonstres", et devint plus tard la plus grande spécialiste de Beatrix Potter. Elle est malheureusement décédée en septembre 2025 , à l’âge de 93 ans, juste un mois avant que la Fondation du Prix Booker n'annonce que sa suggestion allait enfin devenir réalité. 
 
La lettre de Judy Taylor. (c) Booker Prize.

 
 
 

mardi 28 octobre 2025

Le prix Décembre 2025 à Laura Vazquez

Laura Vazquez. (c) Elise Blottière/Editions du Sous-Sol.

Premier grand prix de l'automne dans le calendrier 2025, le prix Décembre a été décerné ce mardi 28 octobre à la poétesse et romancière Laura Vazquez pour son livre "Les forces" (304 pages, Éditions du Sous-Sol), doté de 15.000 euros. Elle a été préférée par le jury à David Dufresne pour "Remember Fessenheim" (Grasset) et Kevin Orr pour "Laure" (Seuil). Ce deuxième ouvrage de Laura Vazquez  avait déjà été couronné du prix Blù Jean-Marc Roberts et du prix littéraire des Inrockuptibles.
  
Née en 1986 à Perpignan, Laura Vazquez s'est imposée comme l'une des voix les plus singulières de la littérature contemporaine. Poète et romancière, elle est révélée dès 2014 avec le prix de la Vocation pour "La Main de la main" (Cheyne). Son premier roman, "La Semaine perpétuelle" (Éditions du Sous-Sol), a reçu la mention spéciale du prix Wepler 2021. Elle a obtenu en 2023 le Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre.

Selon son éditeur, "Les Forces"
"est l'histoire d'une fille qui n'est pas d’accord avec l'ordre social.
Nos visages sont-ils des images, des devantures?
Notre attention est-elle devenue une propriété, comme les terrains?
Est-ce que quelque chose s'est cassé en nous?
De l'enfance à l'écriture, en passant par un bar mystérieux, une maison abandonnée, un immeuble rempli de sectes, ou le sommet d'une montagne, la narratrice nous entraîne dans une odyssée parsemée de miroirs homériques, de chants d'aèdes qui nous montrent le livre en train de se faire.
"Les Forces" reprend et détourne les motifs du roman d'apprentissage.
Alternant le prosaïque et le théorique en un éclair, le livre se déploie dans une narration allant du tragique au comique. Nous vivons le parcours initiatique et politique de la narratrice."

Jury 2025: Claude Arnaud, Laure Adler, Maxime Catroux, Chloé Delaume, Maylis de Kerangal, Amélie Nothomb, Patricia Martin, Charles Dantzig, Christophé Honoré et Arnaud Viviant.


Caroline Lamarche finaliste du Goncourt 2025


L'Académie Goncourt
vient de communiquer sa troisième et dernière sélection pour son prix qui sera remis le 4 novembre. Comme annoncé, il ne reste plus que quatre titres, sur les quinze titres du début et les huit ensuite (lire ici). La Belge Caroline Lamarche s'y trouve toujours avec "Le bel obscur" (Seuil). Plus que sept fois dormir avant le verdict, mardi prochain juste avant 13 heures. 
 
Le dernier carré affiche deux femmes et deux hommes, les deux poids lourds de la rentrée. Par ordre alphabétique du nom:
 
  • Nathacha Appanah, "La nuit au cœur" (Gallimard)
  • Emmanuel Carrère, "Kolkhoze" (P.O.L)
  • Caroline Lamarche, "Le bel obscur" (Seuil)
  • Laurent Mauvignier, "La maison vide" (Minuit)

Pour lire en ligne le début du livre "Le bel obscur", c'est ici.

 

vendredi 24 octobre 2025

Mercredi, c'est cinéma

Des allusions à dix westerns figurent dans ce dessin. (c) Arola/Dada.

"Phone home", "Supercalifragilisticexpialidocious", "Je suis Harry, juste Harry!", "My name is Bond, James Bond", voici quelques-unes des phrases célèbres qui figurent - en français - dans les pages de garde de l'album documentaire "Le grand livre du cinéma", écrit par la journaliste française Raphaële Botte et illustré par le dessinateur Aloïs Marignane, féru de cinéma d'animation (Arola/Dada, 56 pages). Une encyclopédie qui n'a rien du ton d'une encyclopédie car l'écriture est vive et agréable et la matière savamment distillée pour réjouir le jeune lecteur.
 
Ce grand format vient bien à point pour expliquer aux enfants d'aujourd'hui que le cinéma est - a été - sera - dû à des êtres humains. A l'heure de l'intelligence artificielle omniprésente. Même si on a tous souri pas devant l'une ou l'autre vidéo où des chats ont remplacé les meilleurs plongeurs ou les mannequins qui défilent. Il est toujours bon de rappeler d'où un art vient, de quoi il est né, de quoi il s'est nourri.
 
Raconter le cinéma aux enfants? Vaste entreprise dont les auteurs se sortent fort bien en ayant choisi comme focale les genres: comédie, western, comédie romantique, science-fiction, comédie musicale, policier, animation et documentaire. Pour chacun, on trouve une partie plus explicative, histoire, technique, etc., et une partie plus exemplative, avec des anecdotes, des personnes, des personnages, des séquences mémorables. De grands pêle-mêle d'infos ponctuées de titres de films dans lesquels on se plaît à se balader. D'autant que tout l'album est magnifiquement illustré, les dessins complétant ou prolongeant avec humour les textes. A noter que les dessins sur doubles pages introduisant chaque genre contiennent de nombreuses allusions à des films, dont la liste figure en fin d'ouvrage (illu ci-dessus). Intéressant et ludique. 
 
Ingrédients de la comédie. (c) Arola/Dada.
 
Entre ces chapitres thématiques, quatre séquences zoom racontent l'invention du cinéma, Hollywood, les super-héros, les acteurs et les actrices. Elles sont composées sur le même principe et tout autant intéressantes. On apprécie aussi la proposition finale de dix films incontournables. Un seul regret, l'absence d'index qui permettrait de repérer facilement noms et films. Et un autre, l'absence du nom d'Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma selon Catel et Bocquet qui lui ont consacré une bande dessinée (Casterman).
 
 
 
 

jeudi 23 octobre 2025

Au fil des aiguilles d'Ingrid Godon

Composition d'Ingrid Godon au fil et à l'aiguille.

Autodidacte, Ingrid Godon a déjà tâté de toutes les techniques pour ses magnifiques dessins. Pastel gras, crayons de couleur, peintures diverses, monotypes, gravures sur bois, posés sur toutes formes de papier. Elle expérimente sans cesse de nouvelles façons de raconter. Autant de défis qu'elle remporte. Autant de défis où on retrouve toujours sa patte. 
 
On peut s'en rendre compte à sa nouvelle exposition, "Tussen naald en draad" (littéralement, Entre l'aiguille et le fil, littérairement De fil en aiguille), qui vient de s'ouvrir à Anvers. Elle y présente toute une série de compositions en art textile, réalistes, poétiques ou abstraites, diantrement artistiques et hautement séduisantes. C'est toujours bien elle qui dessine, mais elle utilise cette fois des aiguilles, des fils et des tissus de récupération: linge de maison ancien, reste de feutre de presse, couverture d'antan... On la retrouve et on en est enchanté.
 

Vu en photo à Bologne,
exposé à Anvers.
En croisant Ingrid au printemps à Bologne, elle m'en avait montré deux photos. Aujourd'hui, les cimaises du Bries Space débordent sur deux niveaux de ses tableaux brodés. "Tout ça en si peu de temps?" "Oh tu sais, ça va vite, sauf certaines broderies où je n'utilise qu'un fil, très fin". En tout cas, ses créations sont extrêmement belles et on ne se lasse pas de les regarder. 
 
 
Sur linge de maison ancien. (c) Ingrid Godon/The Bries Space.

Sur feutre de presse. (c) Ingrid Godon/The Bries Space.

Sur couverture de récupération. (c) Ingrid Godon/The Bries Space.

Broderie à un fil sur linge de maison ancien.
(c) Ingrid Godon/The Bries Space.

Au premier coup d’œil, on les identifie. "Je n'ai pas de style, j'ai le style Ingrid Godon", explique-t-elle chez dPictus, site qui réunit des créateurs de livres de toute grande qualité. "Je cherche sans cesse la bonne façon de raconter mon histoire, je fouille dans ma boîte à matériel, j'alterne crayon et peinture, je recouvre le tout au rouleau, je découpe du bois et l'imprime, je griffonne sur des photos. Je cherche sans cesse. (...) J'emprunte des chemins différents et je continue à regarder. Plein d'émerveillement. En attendant, je continue à travailler sur des commandes, je prends l'initiative de créer des livres, je cherche sans cesse le bon trait de plume ou de pinceau, les images jaillissent de ma tête et je continue à dessiner. Je dessine, je dessine."
 
 
Les étapes du travail, du dessin à la broderie.

 
Pratique
Quoi? Exposition "Tussen naald en draad" 
Où? Bries Space, Stenenbrug 15, 2140 Borgerhout (Anvers).
Quand? Jusqu'au 16 novembre, le vendredi, le samedi et le dimanche, de 14 à 18 heures.
Particularité? Ingrid Godon y sera présente le samedi 1er novembre ainsi que les dimanche 2 et 16 novembre.
 
D'autres articles sur Ingrid Godon ici.
 
 
 
 
 
 

mercredi 22 octobre 2025

Imagiers accordéon sur les saisons

Un leporello chaleureux sur l'automne. (c) Amaterra.

L'automne est installé depuis un mois. Les arbres ont conservé beaucoup de leurs feuilles cette année, de toutes les couleurs. Il reste encore un petit peu de temps pour les admirer dans la nature avant que le vent et la pluie ne les fassent s'envoler. C'est à cela que je pensais en tournant les belles pages en accordéon de "Au cœur de l'automne", un petit format cartonné et épais, dû à Manon Bucciarelli (Amaterra, 30 pages). De facture classique, agréablement composé, il inaugure une collection d'imagiers pour les plus jeunes sur les saisons. Pourquoi pas? L'heure est aux listes.
 
(c) Amaterra.
Ici, les pages aux chaudes couleurs de ce leporello double face montrent d'un côté un paysage d'automne où se promène un enfant et où interviennent d'autres humains et des animaux. Déployé, il dépasse les 175 centimètres! De l'autre coté, tout aussi long, on trouve le dessin, toujours à la tablette graphique, de quinze éléments croisés pendant la balade: le raisin, le parapluie, l'écureuil... C'est tout simple mais réussi et d'autant plus attrayant. Pour les plus jeunes.
 
La promenade déployée fait 176 cm. (c) Amaterra.

 


 

vendredi 17 octobre 2025

Des natures mortes débordantes de vie

Le jeu commence. (c) l'école des loisirs.

Audrey Poussier travaille depuis longtemps et on s'en réjouit tant son œuvre pour les enfants est de qualité. Ses premiers lecteurs sont aujourd'hui de jeunes adultes. Ils n'ont sûrement pas oublié leurs lectures d'hier, portées par un graphisme de qualité, un ton simple, joyeux, vécu. "Mon pull", "La bagarre", "La piscine", "Le bain d'Abel", les récits avec "Castor-têtu", etc., toutes publiées à l'école des loisirs. Des histoires du quotidien souvent, dont l'auteure-illustratrice française née en 1978 a fait autant d'aventures tendres et drôles. A la tête d'une bibliographie forte d'une quinzaine d'albums en tant qu'illustratrice de textes et d'une vingtaine en solo en vingt ans, Audrey Poussier peut être fière! 
 
Elle peut être encore plus fière de son dernier en date, "Le jeu du plus qu'un jour" (l'école des loisirs, 48 pages), remarquable à tout point de vue. Le texte, simple et évocateur, convoque le réel et à l'imaginaire et touche au cœur. Les illustrations peintes à l'huile sont de toute beauté. Elles débordent de vie même si elles représentant souvent des natures mortes. Le rapport texte-images est excellent. Voilà un album éblouissant qui touche à la grâce. Les enfants d'aujourd'hui ont bien de la chance.
 
Si le titre de ce format quasiment carré peut sembler un peu étrange au premier abord, il s'explique très vite. Et donnera peut-être des idées à ses lecteurs. Deux enfants sont assis dans l'herbe devant une maison bleue, celle de leurs grands-parents (illustration ci-dessus). Ils dialoguent en deux tons:
- Plus qu'un jour... Plus qu'un jour et on s'en va.
- On fait le jeu du plus-qu'un-jour?
Un jeu qui s'explique par lui-même:
- Si on revient l'année prochaine, je dormirai dans la chambre verte.
- Moi dans la violette, celle du coffre à jouets.
En face des textes, la vue colorée des lieux choisis. 
 
Premier échange. (c) l'école des loisirs.

Le dialogue se poursuit au fil des pages, parcourant la maison de pièce en objet, de jouet en vaisselle, d'escalier en chaise. De question en question. Les réponses ne sont pas toujours faciles. D'abord parce qu'elles sont obligatoires, ensuite parce que les choix doivent être différents. Quoique, des exceptions sont permises. On suit le duo, curieux de savoir ce qui sera interrogé ensuite, tout en imaginant ses propres réponses.
 
Ce dialogue à hauteur d'enfant est porté par les superbes natures mortes des sujets évoqués. Réalisées à la peinture à l'huile, elles vibrent ici, brillent là, reflétant une lumière. Disposées selon un rythme agréable de couleurs et de formats, elles créent une ambiance tendre et juste. Elles établissent une belle complicité avec le lecteur qui reconnaît ceci ou découvre cela. Les objets présentés sont souvent un peu rétros, parfois universels comme le verre à moutarde décoré. Que ce soit l'ancienne ferme jouet, la petite chaise ou l'assiette cassée et recollée, le vieil outil ou la perceuse sur batterie, ils tous à haute valeur sentimentale. Et invitent donc à l'échange.
 
 
Comment choisir? (c) l'école des loisirs.

Le dialogue entre la sœur et le frère se poursuit longuement, jamais ennuyeux. Au contraire, on attend avec impatience la question suivante. Les pérégrinations mènent les enfants au jardin, lieu où ils vont réaliser avec simplicité et évidence que le temps passe, que tout ce qui est vivant change tout le temps, même eux. Passé cet instant philo, le jeu reprend avec la certitude alors, et non plus la possibilité initiale,  de revenir l'année suivante. "Le jeu du plus qu'un jour" est un grand album à ne pas manquer.
 
Réalité et imagination. (c) l'école des loisirs.

 
De passage à Bruxelles, Audrey Poussier a généreusement évoqué son travail.
  • Sa manière de faire en général et en particulier pour cet album qu'elle a mis deux ans à finaliser: "J'essaie d'aller du personnel à l'universel. Ma manière de faire des livres est de raconter des histoires qui soient logiques pour moi. Dans le cas de cet album, j'ai mis des choses intimes, personnelles. Mais on n'est pas obligé de tout comprendre. Par exemple, l'arbre vaisseau (illustration ci-dessus). Il y a un petit côté nostalgique mais très vivant. Les objets parlent de la maison des grands-parents, ils appartiennent à des personnes âgées."
  • Son choix de la peinture: "C'est mon deuxième album peint, tous les précédents sont à l'aquarelle. Le premier est "Trois chatons dans la nuit" (même éditeur, 2023). Il y a quatre ans que je peins. Quand j'avais seize ans, je recopiais Van Gogh. J'ai arrêté. Après, j'ai observé et dessiné. Je n'ai pas appris la peinture à l'école. J'ai regardé beaucoup de natures mortes, la quiétude avec laquelle elles ont été faites. J'ai eu envie de faire un imagier en trois dimensions, comme un musée. J'ai mis du temps à faire ces peintures en espérant qu'on passe du temps à les regarder. J'ai créé des atmosphères, on ne fait pas que des couleurs, il y a les contre-jours, les reflets."
  • Les objets: "J'ai eu ici l'opportunité de donner aux enfants des objets à regarder longtemps, comme les natures mortes dans les musées. J'ai fait le choix d'objets qui peuvent parler à des enfants, des objets qui n’ont pas été jetés. Je présente des choses intimes mais que tout le monde voit. Je propose d'entrer dans l'intimité d'objets, de passer du temps avec les objets, de réussir à faire parler les objets chez les lecteurs, qu'ils soient des portes ouvertes vers les lecteurs."
  • La maison: "La maison est un peu ma maison, qui a une histoire. J'ai eu envie de peindre ce que je voyais. Mais pour l'intérieur, j'ai composé. Pépé et Mémé sont la manière dont sont appelés mes parents par mes enfants."
  • Le déclic: "Au départ, j'avais la maison, la fin de l'été et l'idée d'un dialogue. Je voulais que ce soit comme ces catalogues de jouets qu'on regarde et regarde. Mais j'ai exploré plusieurs autres pistes, comme celle des outils. J'ai d'abord fait les peintures des objets, beaucoup d'objets, beaucoup de peintures, puis les autres pages. L'histoire s'est construite petit à petit. Au début, c'était des choses de ma vie, après, cela a été les souvenirs comme un jeu, les portes, les verres... Tout s'est assemblé comme un puzzle."
  • L'aspect philo: "Je voulais aussi aborder le temps qui passe, le vertige du temps dans la logique d'un enfant, et la pousser jusqu'au bout. Que les lecteurs se confrontent au fini et à l'infini."
  • Les natures mortes: "Je voulais que le dialogue entre les enfants permette des échanges et du jeu. J'ai choisi de représenter deux enfants d'âges différents mais proches. Le jeu peut chaque fois reprendre le dessus. La question du début "si?" devient une affirmation à la fin: "quand". La confiance est là."
  • Conclusion? "L'acte créatif est satisfaisant quand on a raconté des choses et qu'on y a mis plus qu'on ne pensait."
La quatrième de couverture. (c) l'école des loisirs.


 
 
 

jeudi 16 octobre 2025

Sept Belges en lice au prix Astrid Lindgren 2026

(c)ALMA.

 
Ils sont sept candidats belges à être sélectionnés pour le prix Astrid Lindgren 2026, l'Astrid Lindgren Memorial Award (ALMA), un de moins que l'an dernier (lire ici).  On retrouve avec joie le nom de l'auteure-illustratrice Anne Brouillard, candidate de la section belge francophone de l'IBBY, sélectionnée chaque année depuis 2020. On découvre avec plaisir les noms de l'auteure-illustratrice Anne Herbauts et de l'auteur et poète Carl Norac, déjà sélectionné l'an dernier. Voilà pour le côté francophone. Du côté néerlandophone apparaissent les noms de l'artiste Gerda Dendooven, une habituée, de l'écrivain Jef Aerts, de l'auteur-illustrateur Leo Timmers et de la merveilleuse association Iedereen leest (tout le monde lit).

Pas mal de changements par rapport à l'an dernier, les noms de Marie Wabbes, Thomas Lavachery, Carll Cneut, Ingrid Godon et Tom Schamp disparaissant de la liste. Pourquoi? On ne sait pas. Les candidats sont présentés par des organisations et des institutions du monde entier Leur liste apparaît sur le site (ici). En ce qui concerne la Belgique:
 
 
En tout, ce sont 263 candidats de 74 pays et régions, dont 78 nouveaux noms,  qui sont sélectionnés pour le prix Astrid Lindgren 2026. Une liste impressionnante qu'on peut consulter ici. On y dénombre 154 auteurs, 101 illustrateur, 56 organismes de promotion de la lecture et 12 conteurs. Patience maintenant, le prix sera annoncé le mardi 14 avril 2026.
 
Un bon tiers de nouveaux noms dans ces 263 candidatures, mais aussi des patronymes qu'il est plaisant de retrouver, tout en notant pas mal de changements par rapport à l'an dernier:
  • les Allemands Axel Scheffler et Nikolaus Heidelbach,
  • l'Australien Oliver Jeffers,
  • le Brésilien Roger Mello,
  • les Britanniques David Almond, Julia Donaldson, Michael Rosen et Quentin Blake,
  • les Canadiens Elise Gravel, Isabelle Arsenault, Jon Klassen et Sydney Smith (prix Andersen 2024, lire ici et ici),
  • la Coréenne Suzy Lee (prix Andersen 2022, lire ici),
  • l'Espagnole Carme Solé Vendrell,
  • l'Estonienne Piret Raud,
  • la Finlandaise Linda Bondestam,
  • les Françaises de Côte d'Ivoire Marguerite Abouet et Véronique Tadjo,
  • les autres Français Flore Vesco, Lucie Félix, Marie Desplechin et Timothée de Fombelle, ainsi que plusieurs organisations de promotion de la lecture, 
  • la Hollandaise Marit Törnqvist,
  • l'Irlandais Chris Haughton,
  • l'Italienne Beatrice Alemagna et l'organisation Silent books Lampedusa,
  • la Norvégienne Mari Kanstad Johnsen,
  • les Polonaises Iwona Chmielewska et Maria Dek,
  • les Suédois Pija Lindenbaum et Sara Lundberg,
  • la Suisse Catherine Louis, Franz Hohler, Vera Eggerman.
 
Le prix Astrid Lindgren a été créé en 2002, l'année du décès d’Astrid Lindgren, par le gouvernement suédois afin de promouvoir le droit de chaque enfant à de belles histoires. Ce prix international est décerné chaque année à une personne ou à une organisation pour sa contribution exceptionnelle à la littérature pour enfants et adolescents. Doté de cinq millions de couronnes suédoises, il s'agit de la récompense la plus importante du genre. 
 
"Je veux écrire pour un lectorat
capable de créer des miracles.
Les enfants créent des miracles lorsqu’ils lisent."
                                                  Astrid Lindgren
                      
 
 
 
 
 

jeudi 9 octobre 2025

Le prix Nobel de littérature 2025 à un Hongrois

(c) Nobel Prize.

C'est l'écrivain Hongrois László Krasznahorkai
qui a reçu le prix Nobel de littérature 2025 (près d'un million d'euros) ce jeudi 9 octobre, "pour son œuvre captivante et visionnaire qui, au milieu de la terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l'art", selon le jury de l'académie suédoise.
 
"László Krasznahorkai est un grand écrivain épique de la tradition centre-européenne, qui s'étend de Kafka à Thomas Bernhard, et se caractérise par l'absurde et l'excès grotesque. Mais son arc est plus vaste, et il se tourne également vers l'Orient en adoptant un ton plus contemplatif et finement calibré", détaille le communiqué.
 
László Krasznahorkai, un nom difficile à prononcer pour nos bouches francophones. Ce qui n'a pas empêché l'auteur, âgé aujourd'hui de 71 ans, déjà titulaire du Man Booker Prize 2015, de voir la plupart de ses œuvres traduites en français depuis 2000, toujours par Joëlle Dufeuilly.
 
Bibliographie de ses traductions
Plusieurs existent en format de poche 
  • "Sátántangó" (1985), "Tango de Satan" (premier roman, Gallimard, collection "Du monde entier", 288 pages,  2000); un film en a été tiré.
  • "Az ellenállás melankóliája" (1989), "La Mélancolie de la résistance" (Gallimard, collection "Du monde entier", 396 pages, 2006)
  • "Háború és háború" (1999), "Guerre & Guerre" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 2013)
  • "Északról hegy, Délről tó, Nyugatról utak, Keletről folyó" (2003), "Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par les chemins, à l'est par un cours d'eau" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 192 pages, 2010)
  • "Seiobo járt odalent" (2008), "Seiobo est descendue sur terre" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 412 pages, 2018)
  • "Az utolsó farkas" (2009), "Le Dernier Loup" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 80 pages, 2019)
  • "Báró Wenckheim hazatér" (2016), "Le baron Wenckheim est de retour" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 528 pages, 2023)
  • "Aprómunka egy palotaért" (2018), "Petits travaux pour un palais" (roman, Cambourakis, collection "Irodalom", 90 pages, 2024)
  • "Kegyelmi viszonyok" (1986), "Sous le coup de la grâce: nouvelles de mort" (nouvelles, Éditions Vagabonde, 2015)
  • "Megjött Ézsaiás" (1998), "La Venue d'Isaïe" (nouvelle, prologue à "Guerre & Guerre", Cambourakis, 51 pages, 2013)
  • "A Théseus-általános" (1993), "Thésée universel" (essai, Éditions Vagabonde, avril 2011, 96 pages)

Un écrivain à découvrir quand on voit le sondage sur le site des prix Nobel. Un sondage qui n'a rien de scientifique, on le sait, mais auquel ont répondu des amateurs de littérature, suppose-t-on. A 14h30, 3.612 personnes y ont répondu et 85 % des sondés disent ne rien avoir lu de László Krasznahorkai




 

 

mardi 7 octobre 2025

La Belge Caroline Lamarche toujours en piste pour le prix Goncourt


L'Académie Goncourt vient de communiquer sa deuxième sélection pour son prix qui sera remis le 4 novembre. Gros écrémage, les quinze titres du début (lire ici) sont passés à huit. La Belge Caroline Lamarche s'y trouve toujours avec "Le bel obscur" (Seuil).
 
Prochaine étape: le 28 octobre pour le troisième sélection de quatre titres.
 
Deuxième sélection (par ordre alphabétique) 
  • Nathacha Appanah, "La nuit au cœur" (Gallimard)
  • Emmanuel Carrère, "Kolkhoze" (P.O.L)
  • Paul Gasnier, "La collision" (Gallimard, premier roman)
  • Yanick Lahens, "Passagères de nuit" (Sabine Wespieser)
  • Caroline Lamarche, "Le bel obscur" (Seuil)
  • Charif Majdalani, "Le nom des rois" (Stock)
  • Laurent Mauvignier, "La maison vide" (Minuit)
  • Alfred de Montesquiou, "Le crépuscule des hommes" (Robert Laffont)

Pour lire en ligne le début de "Le bel obscur", c'est ici

 

 

 

vendredi 3 octobre 2025

Quatre Belges en sélection des Pépites du Salon du livre de Montreuil


Avec le début d'octobre reviennent parfois les champignons mais à coup sûr les sélections pour les Pépites du Salon de Montreuil. Soit vingt titres sélectionnés, de vingt maisons d'édition, dans les quatre catégories: livre illustré, fictions juniors et ados, bande dessinée. Un jury d'enfants et d'ados (de 8 à 18 ans) désigne les lauréat·es dans chaque catégorie, tandis qu’un jury de critiques littéraires remet la prestigieuse Pépite d'Or.

Agréable surprise du crû 2025: la présence de deux artistes belges en catégorie bande dessinée et de deux auteurs belges en catégorie Fiction juniors! Clara Lodewick est sélectionnée pour son second album, le très réussi "Moheeb sur le parking" (Dupuis). Max de Radiguès pour "Dix secondes" (Casterman). Vincent Cuvellier apparaît en sélection pour "Les Découvertes vertes d'Anna Zavatian",  illustré par Charline Collette (hélium) et Thomas Lavachery pour son roman "Un démon parmi nous" (l'école des loisirs, Médium). Nous y reviendrons.


Ce jury professionnel est composé de critiques et de libraires, soit cette année Raphaëlle Botte ("Télérama"), Alexis Demeyer (France Inter), Fabienne Jacob ("Livres Hebdo"), Sandrine Mariette ("Elle"), Laurent Marsick (RTL), Cécile Ribault Caillol (France Info), Frédérique Roussel ('Libération'), Sylvie Vassallo (Salon du livre et de la presse jeunesse) et Lauriane Le Dûs (École de la librairie pour Place des libraires).

 

Les vingt livres sélectionnés pour les Pépites 2025

Sélection Livre illustré

  • "Alf et Orel", Jeanne Macaigne (Cambourakis)
  • "Le Bonheur d'un poulon", Paul Vidal (Albin Michel Jeunesse, collection "Ronces")
  • "Pavel et Mousse", Aurore Petit (Les Fourmis rouges)
  • "Rendez-vous de l'autre côté du jour", Thomas Vinau et Charlotte Lemaire (Editions Thierry Magnier)
  • "Vivace", Gabriel Sabourin (La Pastèque)


Sélection Fiction juniors 

 

  • "Les Découvertes vertes d'Anna Zavatian", Vincent Cuvellier et Charline Collette (hélium)
  • "La Jeune Fille au crâne", Benoît Richter (Nathan)
  • "Passage du convoi cette nuit", Anne-Christine Tinel (Koïnè Éditions)
  • "Le Temps du Capitaine Brett", Blexbolex (La Partie)
  • "Un démon parmi nous", Thomas Lavachery (l'école des loisirs, Médium)


Sélection Fiction ados

  • "Les Adelphides", Alice Dozier (Actes Sud jeunesse)
  • "Courir le vaste monde", Alex Cousseau (Rouergue Jeunesse)
  • "Helter Skelter, La Fille du bout du monde", Philippe Lechermeier (Flammarion Jeunesse)
  • "J'ai rien dit", Marcus Malte (Rageot)
  • "La Saison des fleurs", Loly Axmann (Gallimard Jeunesse, Scripto)


Sélection Bande dessinée 

  • "Béril en bataille", Adèle Maury (Sarbacane)
  • "Dix secondes", Max de Radiguès (Casterman)
  • "Moheeb sur le parking", Clara Lodewick (Dupuis, Les Ondes Marcinelle)
  • "Sangliers", Lisa Blumen (L'Employé·e du moi)
  • "Yon", vol. 1, Camille Broutin (Dargaud)

 

Les lauréat·es seront annoncé·es le mercredi 26 novembre, jour d'ouverture du Salon et célébré·es le dimanche 30 novembre.