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lundi 30 septembre 2013

LM erait aussi trouver un trésor à deux vitesses dans un placard en désordre

Il est des albums dont la genèse mérite d'être contée, tant elle paraît improbable. "Des oiseaux", de May Angeli (textes de Buffon,  Ed. Thierry Magnier, 32 pages, 2012) par exemple.
Une bonne surprise (il fut trouvé au fond d'un placard, comme on le lira plus bas) étant parfois suivie d'une autre, l'ouvrage a permis samedi dernier à son auteure de remporter le sixième Grand prix de l'illustration de Moulins (Allier), d'un montant de 3.000 €. La distinction a été officiellement remise à May Angeli le 28 septembre dans la cour ensoleillée du MIJ (Musée de l'illustration jeunesse) de Moulins pendant le deuxième Festival des illustrateurs, organisé là par l'association des Malcoiffés. "C'est son travail le plus abouti, remarquable par la sobriété des images et la subtilité de la mise en page",  a indiqué le jury qui a aussi salué l'édition d'un texte classique à destination du jeune public. Les jurés avaient à choisir entre 17 albums présélectionnés sur 84 titres sortis en 2012 et soumis par les éditeurs.

May Angeli remercie le jury pour le Grand prix de l'illustration qui lui a été remis à Moulins le 28 septembre dernier.


Depuis 2008, année de sa création, le prix a successivement récompensé Juliette Binet, la Belge Anne Herbauts, Régis Lejonc, Zaü et Jean-François Martin.


Mais revenons-en à May Angeli qui grave sur bois depuis la fin des années 1970.
A l'époque, j'avais déjà proposé à un éditeur jeunesse d'illustrer un texte en gravure sur bois. Mais ça ne s'est pas fait parce qu'il a trouvé que cette technique était très archaïque. Mais l'écriture est archaïque, la peinture, la sculpture,...
Et la parole?
La parole aussi... 
Comment avez-vous commencé alors?
A la demande d'une éditrice, Régine Lilensten qui a fondé sa maison, Le Sorbier, après avoir dirigé la Farandole. Elle m'a demandé d'illustrer les "Histoires comme ça" de Rudyard Kipling, en gravure sur bois! Et ça démarrera de cette façon. Je ne vais plus m'arrêter C'est elle aussi qui, un jour, me proposera d'écrire mes propres histoires. Depuis, j'écris et je grave.
Mais dans l'album "Des oiseaux", les textes sont de Buffon.
J'avais fait ce travail il y a plusieurs années, sans projet éditorial. Puis je n'y avais plus pensé. Il a fallu que je fasse des rangements dans mon placard et que je retrouve suffisamment d'épreuves pour me dire que ça pouvait peut-être intéresser un éditeur. Mon éditrice habituelle étant partie à la retraite, je l'ai proposé à Thierry Magnier, qui l'a accepté. Ça s'est passé comme ça. C'est l'histoire de la naissance de cet album.
Où avez-vous trouvé les sujets des dessins?
Les gravures sont faites à partir de croquis que j'avais dessinés dans le jardin des Plantes à Paris. Je ne m'inspire pas d'autres éléments que de ce que j'ai dessiné auparavant. Tous les croquis figurent d'ailleurs dans les pages de garde de l'album. Ces oiseaux sont de véritables personnages, surtout de la façon dont Buffon en parle, il est très familier.
Les oies de May Angeli. (c) Ed. Th. Magnier.
Les hérons de May Angeli. (c) Ed. Th. Magnier.

Oies dodelinantes et hérons hautains ne sont pas les seules espèces à figurer dans l'album "Des oiseaux". Leur tiennent compagnie deux hiboux, un couple de corbeaux, un autre de cigognes, quelques grues, une ribambelle de cormorans, des flamants roses, un vautour, deux ibis et trois canards. Ils apparaissent tous en beauté dans ces gravures sur bois imprimées en teintes pastel.
May Angeli a su capter l'essence du texte de Buffon et donner des expressions aux différents personnages allégrement campés par Buffon. A propos des oies par exemple, le naturaliste écrit: "Nous trouvons que l'oie est encore dans le peuple de la basse-cour un habitant de distinction. Sa corpulence, son port droit, sa démarche grave, son plumage net et lustré, et [...] enfin sa vigilance très anciennement célébrée, tout concourt à nous présenter l'oie comme l'un des plus intéressants et même des plus utiles oiseaux domestiques."
Considérés comme classiques, les textes du naturaliste du XVIIIe siècle cultivent néanmoins une certaine fantaisie, à laquelle May Angeli répond à l'unisson. Sûr que Buffon qui a planté un platane d'Orient dans le Jardin des Plantes en 1785 - arbre qui plaît à la graveuse d'aujourd'hui - apprécierait également ces images, précises et artistiques.

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