Dans ma hotte rouge, encore plein de livres évidemment.
Après les albums en couleurs excellents (à lire ici), d'autres en noir et blanc pour toutes les tranches d'âge tout aussi réussis.
Oui en noir et blanc, comme le faisait déjà la photographe américaine Tana Hoban dans ses cartonnés à destination des bébés ("Noir sur blanc, Blanc sur noir" ou "Qui sont-ils? Qu'est-ce que c'est?", chez Kaléidoscope).
Sans oublier tous ceux que j'ai déjà présentés précédemment (à retrouver sous le libellé "jeunesse")
Voici l'histoire
Sara Donati
Rouergue, 40 pages
Bon d'accord, il y a un peu de rose et encore un peu plus de vert dans ce très délicat album au crayon noir, presque sans texte mais aux dessins magnifiques et éloquents. A chacun de se construire son histoire au départ des éléments fournis: une graine qui germe et donne une plante géante, un éléphant qui s'ennuie devant sa télé et sort de chez lui, Hydromel l'amateur de thé qui attend une improbable visite dans sa maison. Quelle éloquence et quelle douceur dans ces pages carrées célébrant simplement l'amitié tout en éparpillant une théière à pois dans différentes images. Une découverte. Dès 4 ans.
Annette
Gabriel Schemoul et Grégory Elbaz
l'école des loisirs/Pastel, 40 pages
Annette vit avec son papa sur une île. Ce matin-là, elle aide le pêcheur à préparer ses filets. La barque paternelle s'éloigne et la fillette reste seule dans la brume. Elle en a l'habitude. Mais ce matin-là n'est pas pareil. Sa solitude lui pèse. Elle s'angoisse: quand son papa reviendra-t-il? Les images la saisissent dans ses expressions d'inquiétude et d'ennui. Son trouble ne nous gagnerait-il pas? Quand, soudain, son nom est prononcé d'une voix grave. Ouf! Papa est de retour. Le danger est passé, la fillette rassurée. L'île retrouve ses couleurs. Premier album jeunesse de deux auteurs-illustrateurs, Gabriel Schemoul étant passé au texte ici, laissant les illustrations à Grégory Elbaz, "Annette" saisit avec beaucoup de justesse et de délicatesse la crise d'angoisse de la fillette. Le modelé de ses traits, ses attitudes, ses expressions, ses regards lui donnent une réelle présence. Dès 5 ans.
Par une journée d'hiver
Ruth Krauss et Marc Simont
traduit de l'américain par Isabelle Finkenstaedt
Kaléidoscope, 40 pages
Quelle bonne idée de rééditer cet album paru en français en 1991 mais sorti à New York en 1949. C'est l'hiver, il neige. Tous les animaux dorment, les souris des champs, les ours, les escargots, les écureuils, les marmottes. Les images nous les présentent durant leur sommeil, bien au chaud chacun à sa manière dans l'immensité blanche. Tout d'un coup, tous les animaux se réveillent. Ils reniflent l'air et les images nous les montrent de nouveau, chacun à leur tour. Maintenant, tous les animaux courent et les images nous font partager leurs courses folles. Vers quoi? Ils s'arrêtent. Ils rient. Ils dansent. Pourquoi? Le mystère est levé en dernière page de cet album délicieux, plein de joie et de vie. Dès 3 ans.
J'veux pas oublier mon chat
Troubs
l'école des loisirs/Mille bulles, 80 pages
Une fois n'est pas coutume, une bande dessinée. Celle que Jean-Mac Troubet, dit Troubs, consacre à Skippy. Non pas un kangourou comme y ferait penser une série télévisée mais un chat noir. Le chat de son enfance. Son chat, doté d'une forte personnalité, aimé et aimant. Il nous le raconte au quotidien, avec son caractère indépendant, son amour des souris, des écureuils et surtout de la liberté. Il évoque aussi la relation que sa soeur et lui ont eu avec ce chat magnifique. Les dessins sont très plaisants et l'album (sorti en 2007 chez Max Milo) une merveille. Dès 7 ans.
Nina
Alice Brière-Haquet et Bruno Liance
Gallimard Jeunesse, 40 pages
L'auteur prend le prétexte de l'enfance de Nina Simone, immense interprète de jazz s'il en est, pour aborder la question de la cohabitation des Noirs et des Blancs aux Etats-Unis avant Martin Luther King. C'est une idée mais elle ne fonctionne pas tellement bien. Nina adulte raconte à sa petite Lisa qui ne trouve pas le sommeil le quotidien durant ses jeunes années. Le piano, avec ses touches blanches et ses touches noires, et le bus où les Noirs devaient céder leur place aux Blancs. L'église, où sa mère ne peut prendre place au premier rang. L'arrivée d'un pasteur noir et de sa célèbre phrase "I have a dream". Basé sur les oppositions balnc-noir, le projet est méritoire mais le ton du texte ne paraît assez juste pour lui donner toute sa force. Dès 5 ans.
L'enfant guigne
Edward Gorey
traduit de l'anglais par Oskar
Le Tripode, 72 pages
Merveille d'humour noir que cet album carré s'inspirant du roman de Frances H. Burnett "Princesse Sara: aventures d'une petite écolière anglaise", datant de 1888. Tout le monde se rappelle de l'histoire de cette petite fille riche, tombée dans la misère à la disparition tragique de son père. L'Américaine avait toutefois imaginé un happy end particulièrement lacrymogène à son récit. Bien entendu, Edward Gorey (1925-2000) ne la suit pas sur ce terrain-là. Son "Hapless Child" écrit en 1961, revu en 1989, qui nous parvient pour la première fois en français, aura une fin tragique, conformément à la personnalité de l'auteur (lire ici). C'est d'ailleurs ce qui fait le charme de cet album noir de noir superbement illustré. Un tout grand Gorey!
La vague déchaînée: ou l'imbroglio de la poupée noire
Edward Gorey
traduit de l'anglais par Oskar
Le Tripode, 72 pages
Savait-on que les "livres dont vous êtes le héros", en vogue dans les années 1980, n'avaient en réalité rien inventé? Edward Gorey utilisait déjà en 1961 dans cet album revu en 1987 ce procédé de questions au lecteur l'envoyant selon sa réponse à l'une ou l'autre page pour la suite de l’histoire. En format à l'italienne, le récit ici est complètement absurde, que l'on suive Skrump, le chien hyper poilu, Naeelah, la poupée sans visage, Hooglyboo au bras en écharpe ou Figbash, animal tout noir aux bras démesurés. La formule peut paraître déconcertante au début de la lecture mais dès qu'on se laisse prendre, on est cuit et on découvre la force surréaliste en Gorey. Et le plaisir de lecture qu'il nous procure.
Après les albums en couleurs excellents (à lire ici), d'autres en noir et blanc pour toutes les tranches d'âge tout aussi réussis.
Oui en noir et blanc, comme le faisait déjà la photographe américaine Tana Hoban dans ses cartonnés à destination des bébés ("Noir sur blanc, Blanc sur noir" ou "Qui sont-ils? Qu'est-ce que c'est?", chez Kaléidoscope).
Sans oublier tous ceux que j'ai déjà présentés précédemment (à retrouver sous le libellé "jeunesse")
Vert j'espère
Voici l'histoire
Sara Donati
Rouergue, 40 pages
Bon d'accord, il y a un peu de rose et encore un peu plus de vert dans ce très délicat album au crayon noir, presque sans texte mais aux dessins magnifiques et éloquents. A chacun de se construire son histoire au départ des éléments fournis: une graine qui germe et donne une plante géante, un éléphant qui s'ennuie devant sa télé et sort de chez lui, Hydromel l'amateur de thé qui attend une improbable visite dans sa maison. Quelle éloquence et quelle douceur dans ces pages carrées célébrant simplement l'amitié tout en éparpillant une théière à pois dans différentes images. Une découverte. Dès 4 ans.
Le vertige du vide
Annette
Gabriel Schemoul et Grégory Elbaz
l'école des loisirs/Pastel, 40 pages
Annette vit avec son papa sur une île. Ce matin-là, elle aide le pêcheur à préparer ses filets. La barque paternelle s'éloigne et la fillette reste seule dans la brume. Elle en a l'habitude. Mais ce matin-là n'est pas pareil. Sa solitude lui pèse. Elle s'angoisse: quand son papa reviendra-t-il? Les images la saisissent dans ses expressions d'inquiétude et d'ennui. Son trouble ne nous gagnerait-il pas? Quand, soudain, son nom est prononcé d'une voix grave. Ouf! Papa est de retour. Le danger est passé, la fillette rassurée. L'île retrouve ses couleurs. Premier album jeunesse de deux auteurs-illustrateurs, Gabriel Schemoul étant passé au texte ici, laissant les illustrations à Grégory Elbaz, "Annette" saisit avec beaucoup de justesse et de délicatesse la crise d'angoisse de la fillette. Le modelé de ses traits, ses attitudes, ses expressions, ses regards lui donnent une réelle présence. Dès 5 ans.
Courses folles dans la neige
Par une journée d'hiver
Ruth Krauss et Marc Simont
traduit de l'américain par Isabelle Finkenstaedt
Kaléidoscope, 40 pages
Quelle bonne idée de rééditer cet album paru en français en 1991 mais sorti à New York en 1949. C'est l'hiver, il neige. Tous les animaux dorment, les souris des champs, les ours, les escargots, les écureuils, les marmottes. Les images nous les présentent durant leur sommeil, bien au chaud chacun à sa manière dans l'immensité blanche. Tout d'un coup, tous les animaux se réveillent. Ils reniflent l'air et les images nous les montrent de nouveau, chacun à leur tour. Maintenant, tous les animaux courent et les images nous font partager leurs courses folles. Vers quoi? Ils s'arrêtent. Ils rient. Ils dansent. Pourquoi? Le mystère est levé en dernière page de cet album délicieux, plein de joie et de vie. Dès 3 ans.
Le chat d'une enfance
J'veux pas oublier mon chat
Troubs
l'école des loisirs/Mille bulles, 80 pages
Une fois n'est pas coutume, une bande dessinée. Celle que Jean-Mac Troubet, dit Troubs, consacre à Skippy. Non pas un kangourou comme y ferait penser une série télévisée mais un chat noir. Le chat de son enfance. Son chat, doté d'une forte personnalité, aimé et aimant. Il nous le raconte au quotidien, avec son caractère indépendant, son amour des souris, des écureuils et surtout de la liberté. Il évoque aussi la relation que sa soeur et lui ont eu avec ce chat magnifique. Les dessins sont très plaisants et l'album (sorti en 2007 chez Max Milo) une merveille. Dès 7 ans.
Ségrégation raciale
Nina
Alice Brière-Haquet et Bruno Liance
Gallimard Jeunesse, 40 pages
L'auteur prend le prétexte de l'enfance de Nina Simone, immense interprète de jazz s'il en est, pour aborder la question de la cohabitation des Noirs et des Blancs aux Etats-Unis avant Martin Luther King. C'est une idée mais elle ne fonctionne pas tellement bien. Nina adulte raconte à sa petite Lisa qui ne trouve pas le sommeil le quotidien durant ses jeunes années. Le piano, avec ses touches blanches et ses touches noires, et le bus où les Noirs devaient céder leur place aux Blancs. L'église, où sa mère ne peut prendre place au premier rang. L'arrivée d'un pasteur noir et de sa célèbre phrase "I have a dream". Basé sur les oppositions balnc-noir, le projet est méritoire mais le ton du texte ne paraît assez juste pour lui donner toute sa force. Dès 5 ans.
Déjà douze Gorey traduits en français
L'enfant guigne
Edward Gorey
traduit de l'anglais par Oskar
Le Tripode, 72 pages
Merveille d'humour noir que cet album carré s'inspirant du roman de Frances H. Burnett "Princesse Sara: aventures d'une petite écolière anglaise", datant de 1888. Tout le monde se rappelle de l'histoire de cette petite fille riche, tombée dans la misère à la disparition tragique de son père. L'Américaine avait toutefois imaginé un happy end particulièrement lacrymogène à son récit. Bien entendu, Edward Gorey (1925-2000) ne la suit pas sur ce terrain-là. Son "Hapless Child" écrit en 1961, revu en 1989, qui nous parvient pour la première fois en français, aura une fin tragique, conformément à la personnalité de l'auteur (lire ici). C'est d'ailleurs ce qui fait le charme de cet album noir de noir superbement illustré. Un tout grand Gorey!
La vague déchaînée: ou l'imbroglio de la poupée noire
Edward Gorey
traduit de l'anglais par Oskar
Le Tripode, 72 pages
Savait-on que les "livres dont vous êtes le héros", en vogue dans les années 1980, n'avaient en réalité rien inventé? Edward Gorey utilisait déjà en 1961 dans cet album revu en 1987 ce procédé de questions au lecteur l'envoyant selon sa réponse à l'une ou l'autre page pour la suite de l’histoire. En format à l'italienne, le récit ici est complètement absurde, que l'on suive Skrump, le chien hyper poilu, Naeelah, la poupée sans visage, Hooglyboo au bras en écharpe ou Figbash, animal tout noir aux bras démesurés. La formule peut paraître déconcertante au début de la lecture mais dès qu'on se laisse prendre, on est cuit et on découvre la force surréaliste en Gorey. Et le plaisir de lecture qu'il nous procure.
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