Depuis la semaine dernière, Facebook s'agite beaucoup autour du livre pour enfants, "Quand ça va Quand ça va pas", écrit par le Docteur Michel Cymes, illustré par Laure Monloubou et paru tout récemment aux Editions Clochette (56 pages), maison qui a été fondée en 2011 par la Belge Maureen Dor, ancienne animatrice d'émissions télévisées jeunesse et ex-membre de la bande à Ruquier. Sous-titre: "leur corps expliqué aux enfants (et à leurs parents)".
Ok pour l'intention, largement détaillée en quatrième de couverture par l'auteur lui-même, le "docteur de la télé".
Mais là où cela coince, c'est quand on compare les pages consacrées au "zizi" du garçon et à la "zézette" de la fille. Description complète pour lui (pénis, testicules servant à faire des bébés, scrotum, gland, prépuce) avec allusion donc à la procréation. Description plus que sommaire chez elle (ni vulve, ni clitoris, ni lèvres, ni vagin, ni utérus, ni ovaires) et limitation à la fonction urinaire.
Pas besoin de compter les lignes pour voir la différence de traitement entre filles et garçons. Entre problèmes de filles et problèmes de garçons. Oui, je sais, ce ne sont que quatre pages d'un livre destiné aux enfants, à partir de cinq ans. Mais c'est assez pour pointer un machisme ordinaire, culturel, sûrement non volontaire. N'est-ce pas ainsi que le corps des filles est nié depuis leur naissance? N'est-on pas en droit d'attendre une information équivalente sur les filles et sur les garçons? Soit limiter l'affaire à "un zizi et une zézette pour pisser". Soit détailler pareillement les attributs des deux sexes. Pourquoi ces mystères féminins? Parce qu'ils sont internes? Mauvaise réponse! Les filles savent très tôt, bien avant cinq ans, qu'elles ont un clitoris et qu'il est réactif. Pourquoi cette différence entre garçons et filles? Une pétition enflammée circule sur le net depuis quelques jours, forte de quasi dix mille signatures en ce moment. Facebook s'est embrasé, opposant parfois violemment défenseurs et attaquants du livre. C'est sans doute faire trop d'honneur à l'ouvrage, qui est surtout un album raté, un de plus, témoignant de l'état de notre société.
Maureen Dor, l'éditrice, persiste. Dont acte.
Au-delà de la polémique, je souhaite poser ici ce témoignage de Bernadette Gervais, auteure-illustratrice jeunesse belge.
Qu'elle soit remerciée pour son courage.
Ok pour l'intention, largement détaillée en quatrième de couverture par l'auteur lui-même, le "docteur de la télé".
Mais là où cela coince, c'est quand on compare les pages consacrées au "zizi" du garçon et à la "zézette" de la fille. Description complète pour lui (pénis, testicules servant à faire des bébés, scrotum, gland, prépuce) avec allusion donc à la procréation. Description plus que sommaire chez elle (ni vulve, ni clitoris, ni lèvres, ni vagin, ni utérus, ni ovaires) et limitation à la fonction urinaire.
Pas besoin de compter les lignes pour voir la différence de traitement entre filles et garçons. Entre problèmes de filles et problèmes de garçons. Oui, je sais, ce ne sont que quatre pages d'un livre destiné aux enfants, à partir de cinq ans. Mais c'est assez pour pointer un machisme ordinaire, culturel, sûrement non volontaire. N'est-ce pas ainsi que le corps des filles est nié depuis leur naissance? N'est-on pas en droit d'attendre une information équivalente sur les filles et sur les garçons? Soit limiter l'affaire à "un zizi et une zézette pour pisser". Soit détailler pareillement les attributs des deux sexes. Pourquoi ces mystères féminins? Parce qu'ils sont internes? Mauvaise réponse! Les filles savent très tôt, bien avant cinq ans, qu'elles ont un clitoris et qu'il est réactif. Pourquoi cette différence entre garçons et filles? Une pétition enflammée circule sur le net depuis quelques jours, forte de quasi dix mille signatures en ce moment. Facebook s'est embrasé, opposant parfois violemment défenseurs et attaquants du livre. C'est sans doute faire trop d'honneur à l'ouvrage, qui est surtout un album raté, un de plus, témoignant de l'état de notre société.
Maureen Dor, l'éditrice, persiste. Dont acte.
Au-delà de la polémique, je souhaite poser ici ce témoignage de Bernadette Gervais, auteure-illustratrice jeunesse belge.
Qu'elle soit remerciée pour son courage.
"Je voulais réagir au post [sur la page Facebook Autour de la littérature jeunesse] sur la polémique autour du livre de Michel Cymes. J'hésitais, je n'avais pas envie que mon témoignage soit noyé dans un flot de commentaires trop extrémistes d'un côté comme de l'autre.
Enfant, j'ai été violée par une femme. Je n'ai pas compris ce qui se passait car je n'avais aucune notion de mon corps. J'en ai parlé à mes parents. Mes parents ne m'ont pas crue. Sans doute que mes explications étaient vagues car je n'avais pas le vocabulaire pour en parler. J'ai donc imaginé que ce qui m'était arrivé n'était pas si grave!!!!
Alors, Maureen Dor, oui, je regrette que vous n'ayez pas profité de ce livre qui aura certainement une grande audience pour nommer toutes les parties de notre corps. Car quand vous dites que vous ne voulez pas aborder la sexualité dans ce livre (vous le faites en ce qui concerne les garçons), vous oubliez qu'énormément d'enfants victimes d'attouchements sexuels ou de sévices sexuels sont confrontés violemment à la sexualité à un âge où ils ne devraient pas l'être. Il est important d'enlever tous les tabous concernant le sexe et particulièrement le sexe de la femme, pour que ces enfants puissent comprendre tout de suite ce qu'il leur arrive et qu'ils puissent en parler aussi naturellement que quand ils sont tombés dans la cour et qu'ils ont saigné du nez.
Si enfant, j'avais été mieux informée, je n'aurais pas eu toutes les conséquences désastreuses dues au déni de mes parents sur ce qui s'est passé.
Je regrette que votre livre soit incomplet et que vous persistiez à le nier. Mais c'est votre choix d'éditrice, que je respecte. En aucune manière, je ne signerai de pétition pour l'interdire. Je vous dis juste que c'est regrettable pour tous les enfants victimes. Moins il y aura de tabous autour des organes génitaux et plus les sévices sexuels seront dénoncés, excisions inclues!
J'ai hésité avant de faire ce témoignage,.. gênée de dire que j'ai été violée enfant... Et bien non, c'est encore une fois être victime de tabous que de ne pas en parler. Toutes les femmes, tous les enfants devraient pouvoir en parler comme d'un accident de voiture! Et votre livre aurait pu y contribuer."
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