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mardi 14 janvier 2020

Le spleen de Paul, double de Michel Rabagliati

EDIT 29-01-2021
L'album a remporté son deuxième Fauve au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, le prix de la Série (voir photo tout en bas).

 
Paul rentre chez lui. (c) La Pastèque. 

Misère de misère! Le formidable album de BD "Paul à la maison" est déjà le neuvième tome de la série en noir et blanc "Paul" de Michel Rabagliati (La Pastèque, 208 pages), sans compter le hors-série "Paul à Montréal" il y a trois ans. Et je n'avais pas vu passer cette série du Québec qui a valu à son auteur de devenir une figure incontournable de la bande dessinée dans son pays. On le comprend tant ce héros est hors norme et attachant. Heureusement que quelqu'un a fini par me la mettre sous le nez. Et que j'ai découvert ce Paul amateur de typographie et de polices de caractères.


les courses pour sa mère.
(c) La Pastèque.
Le début de l'album:
(c) La Pastèque.



Le voisin. (c) La Pastèque.
Paul est né en 1999, il y a vingt ans. C'était "Paul à la campagne", en 48 pages. Les tomes suivants ont été plus volumineux, trois à quatre fois plus que l'initial, 152, 120, 96, 210, 192, 160, 184 et 208 maintenant. J'ignore ce qui s'est passé durant ces vingt ans. Je découvre le héros de Michel Rabagliati, né en 1961, dans "Paul à la maison". Nous sommes en 2012. Le dessinateur file un mauvais coton. Il est seul désormais, à part son chien Biscuit, sa fille lui annonce qu'elle part pour l'Angleterre, sa mère vieillit de plus en plus mais continue à lire Danielle Steel. En ce qui concerne l'aspect matériel, la maison se déglingue, la piscine (hors-sol) est polluée, le jardin à l'abandon, le pommier meurt. Un vide qui semble énergétiser l'affreux voisin anglophone.

La déglingue. (c) La Pastèque.
Bref, Paul nous dépeint cette triste phase de sa vie, sa solitude, son vieillissement, ses râleries à la banque ou lors de rencontres scolaires, ses tentatives de rencontre et ses séances chez sa psy. Malgré cela, "Paul à la maison" n'est pas un album triste. Au contraire. Il vibre d'éclats de lumière quand le graphiste s'enthousiasme pour un caractère de lettres qu'il aime, quand il égrène ses souvenirs ou l'histoire de sa famille. De sa mère notamment. D'éclats de rire lors de ses joutes verbales avec le voisin ou de ses dédicaces lors d'un salon pour "Paul au parc". De points de vue originaux aussi comme cette leçon sur la graphie des panneaux routiers ou celle sur le stylo Rotring. De jeux de mots sur ceux qu'il croise. On croirait qu'on va s'ennuyer. Et il n'en est rien. Michel Rabagliati a l'art de nous surprendre et de nous toucher au cœur. C'est la vie qu'il déroule dans des gaufriers agréablement rythmés. La sienne bien sûr mais dont plein de pans ressemblent à la nôtre. Celle qui peut se raccrocher à la plantation d'un cerisier.

Paul habite la même maison du quartier d'Ahuntsic à Montréal que son auteur, Michel Rabagliati. A voir dans cet article du journal canadien "La Presse" qui lui est consacré.

A noter que Michel Rabagliati sera en dédicace le dimanche 26 janvier de 16 à 18 heures à la librairie Tulitu (55, rue de Flandres, 1000 Bruxelles).


Un Fauve d'attente, bricolé par les éditions de la Pastèque,
en attendant le vrai qui part d'Angoulême.



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