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dimanche 24 janvier 2021

Instantané de Tunisie. La danse contemporaine à la rescousse des délinquants mineurs

La danse contemporaine comme vecteur d'intégration.

Fidèle à son idéal de démocratie et de lutte contre le terrorisme, le jeune chorégraphe tunisien Achref Hammouda dont j'ai déjà évoqué plusieurs initiatives culturelles et sociales innovantes est actuellement occupé par un projet inventif, soutenu par le ministère de la Justice de son pays. A peine revenus d'un long périple en Allemagne où ils avaient participé à divers festivals et stages, lui et trois autres membres de son association de danseurs donnent maintenant des cours de danse contemporaine en prison. Pas à la célèbre Mornag près de Tunis, mais au Centre de réhabilitation de Souk Jedid, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, où le quatuor initie des délinquants mineurs à la danse. Cela peut semble une goutte d'eau dans l'océan qu'est le chemin vers la démocratie en Tunisie, mais chacune des initiatives d'Achref Hammouda a donné de bons résultats (lire ici, ici et ici).

Au premier plan, Achref Hammouda.
"Nous travaillons uniquement avec des garçons âgés de 14 à 18 ans, détenus dans le centre pour délinquants mineurs de Souk Jedid", m'explique Achref Hammouda. Lui et trois autres danseurs se rendent trois fois par semaine sur place, les mercredis, vendredis et dimanches, pour des sessions de deux heures avec ce public particulier. Au programme: danse contemporaine, break dance, acrobaties.
Cette idée n'est pas née de rien. "Dans mon équipe", explique-t-il, "j'ai un danseur qui a fait cinq ans de prison. Quand j'ai vu ses yeux briller parce qu'il dansait, j'ai eu l'inspiration pour lancer ce projet". Un projet qui s'inscrit parfaitement dans la philosophie de son groupe, relier les zones isolées et marginalisées à la scène culturelle artistique, et déjà mise en pratique lors d'ateliers de danse à Sidi Bouzid et environs par exemple. 

On imagine la joie des jeunes détenus d'apprendre à danser pendant leur réclusion. "Les jeunes sont très heureux de cette expérience. Ce programme d'enseignement leur permet de se sentir eux-mêmes, d'être quelqu'un de bien quand ils dansent." Mais Hammouda et son équipe ne s'arrêtent pas là: "Nous intégrons les délinquants dans la période post-condamnation pour qu'ils travaillent avec nous." 

Ce projet soutenu par le ministère de la Justice est aussi une source de satisfaction pour ceux qui l'ont initié: "Je suis très heureux d'aider à construire un nouveau mental chez ces jeunes. J'aime partager mon expérience artistique et mes connaissances avec eux et aider ces jeunes artistes à se voir un avenir dans le domaine de la danse contemporaine."









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