Temps de lire, de relire, de découvrir, de se souvenir, de faire fondre sa PAL,
pour les petits et pour les grands #confinothèque16
Un regard pétillant et malicieux derrière ses lunettes, un grand sourire, la parole généreuse et l'accolade spontanée, tel était Jacques De Decker, le couteau suisse de la littérature. Belge évidemment, mais pas seulement, toutes les littératures l'intéressaient. Tous les arts finalement. Le théâtre bien entendu, le cinéma, la musique. L'homme curieux de tout savait tout faire, écrire, lire, adapter, traduire, critiquer, jouer, enseigner, discourir, entreprendre. Sa bibliographie est édifiante, pièces de théâtre, romans, biographies, nouvelles, livrets d'opéra, poésie... Ses autres activités aussi, colloques, rencontres, festivals, cours, réflexions... Avec lui, le passionnant, le passionné, on pouvait faire beaucoup de choses. Puits de sciences littéraires, maille de nombreux réseaux, il ouvrait des portes, faisait naître des idées, aidait à les transformer en projets.
Né le 19 août 1945, Jacques De Decker est décédé le soir de ce dimanche de Pâques 2020, le 12 avril, d'une crise cardiaque. Dans sa septante-cinquième année. Difficile de penser à quelque chose en rapport avec les livres sans voir se dessiner sa longue silhouette. Il était partout. A peine parti, il manque déjà.
A l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique qu'il a dirigée dix-sept ans (lire ici), il se faisait appeler "Patron". Mais un patron plutôt bonhomme qui ne cessait de faire entendre les voix des auteurs en lesquels il croyait, qu'il débusquait, qu'il poussait. Un patron qui disposait d'un magnifique bureau mais préférait se servir du coin salon pour les nombreuses discussions qu'il y tenait. Un patron toujours occupé qui ne répondait pas toujours au téléphone et laissait s'empiler les messages dans sa boîte jusqu'à l'explosion. Un patron qui se moquait des ors de son cadre officiel mais pouvait aussi se réjouir d'avoir pu rénover les sanitaires avec la location du Palais des Académies à un énorme congrès étranger.
Si Jacques De Decker a commencé par le théâtre, et ne l'a jamais lâché, il a aussi été journaliste, notamment au "Soir". Théâtre, cinéma, littérature. A une époque où le journalisme était un art. Sa plume faisait mouche. Le lecteur était à la fois informé et charmé. S'il défendait avec acharnement la littérature belge, s'il était conquis par les lettres allemandes et flamandes - il était germaniste de formation -, il ne rechignait jamais à tenter autre chose. Je me souviens bien, lors de la répartition des livres dans l'équipe des "Livres du Soir", que je lui ai régulièrement mis entre les mains des bouquins qui lui faisaient froncer le nez. Mais lecture faite et critique envoyée, le "patron" m'appelait pour me dire qu'il avait été enchanté et qu'il m'invitait à encore choisir pour lui.
Pour une fois, la sacro-sainte et un peu ridicule expression "nous sommes en deuil", s'applique. Avec le décès de Jacques De Decker, les arts sont en deuil et nous sommes tous orphelins de ce père couteau suisse.
pour les petits et pour les grands #confinothèque16
Jacques De Decker. |
Un regard pétillant et malicieux derrière ses lunettes, un grand sourire, la parole généreuse et l'accolade spontanée, tel était Jacques De Decker, le couteau suisse de la littérature. Belge évidemment, mais pas seulement, toutes les littératures l'intéressaient. Tous les arts finalement. Le théâtre bien entendu, le cinéma, la musique. L'homme curieux de tout savait tout faire, écrire, lire, adapter, traduire, critiquer, jouer, enseigner, discourir, entreprendre. Sa bibliographie est édifiante, pièces de théâtre, romans, biographies, nouvelles, livrets d'opéra, poésie... Ses autres activités aussi, colloques, rencontres, festivals, cours, réflexions... Avec lui, le passionnant, le passionné, on pouvait faire beaucoup de choses. Puits de sciences littéraires, maille de nombreux réseaux, il ouvrait des portes, faisait naître des idées, aidait à les transformer en projets.
Né le 19 août 1945, Jacques De Decker est décédé le soir de ce dimanche de Pâques 2020, le 12 avril, d'une crise cardiaque. Dans sa septante-cinquième année. Difficile de penser à quelque chose en rapport avec les livres sans voir se dessiner sa longue silhouette. Il était partout. A peine parti, il manque déjà.
A l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique qu'il a dirigée dix-sept ans (lire ici), il se faisait appeler "Patron". Mais un patron plutôt bonhomme qui ne cessait de faire entendre les voix des auteurs en lesquels il croyait, qu'il débusquait, qu'il poussait. Un patron qui disposait d'un magnifique bureau mais préférait se servir du coin salon pour les nombreuses discussions qu'il y tenait. Un patron toujours occupé qui ne répondait pas toujours au téléphone et laissait s'empiler les messages dans sa boîte jusqu'à l'explosion. Un patron qui se moquait des ors de son cadre officiel mais pouvait aussi se réjouir d'avoir pu rénover les sanitaires avec la location du Palais des Académies à un énorme congrès étranger.
Si Jacques De Decker a commencé par le théâtre, et ne l'a jamais lâché, il a aussi été journaliste, notamment au "Soir". Théâtre, cinéma, littérature. A une époque où le journalisme était un art. Sa plume faisait mouche. Le lecteur était à la fois informé et charmé. S'il défendait avec acharnement la littérature belge, s'il était conquis par les lettres allemandes et flamandes - il était germaniste de formation -, il ne rechignait jamais à tenter autre chose. Je me souviens bien, lors de la répartition des livres dans l'équipe des "Livres du Soir", que je lui ai régulièrement mis entre les mains des bouquins qui lui faisaient froncer le nez. Mais lecture faite et critique envoyée, le "patron" m'appelait pour me dire qu'il avait été enchanté et qu'il m'invitait à encore choisir pour lui.
Pour une fois, la sacro-sainte et un peu ridicule expression "nous sommes en deuil", s'applique. Avec le décès de Jacques De Decker, les arts sont en deuil et nous sommes tous orphelins de ce père couteau suisse.
Lucien, ton hommage est juste et beau.
RépondreSupprimerYves Namur
L'émotion, la fatigue ou le désarroi... lire "Lucie" et pas "Lucien".
SupprimerYves Namur
Merci Yves
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