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lundi 29 août 2022

Rentrons donc avec Amélie Nothomb

Amélie Nothomb. (c) Nikos Aliagas.

C'est mon rituel. Le premier roman de la rentrée que je lis est celui d'Amélie Nothomb. Je suis sûre de mon choix. La romancière belge installée à Paris en publie un par an, toujours chez Albin Michel. Même si elle en écrit plusieurs autres durant les douze mois d'intervalle.
"Le livre des sœurs" (Albin Michel, 194 pages) marque le trentième anniversaire de sa première publication, "Hygiène de l'assassin", en 1992. Comment est donc son trente-et-unième roman? Pas mal, distrayant mais pas aussi emballant que le précédent, le magnifique "Premier sang" où elle rendait un hommage original et réussi à son père et qui lui valut le prix Renaudot l'an dernier.

Avec "Le livre des sœurs", Amélie Nothomb semble poursuivre l'exploration de la famille. Si elle-même est la cadette de Juliette, de trois ans son aînée, et a formé très longtemps avec elle un couple fusionnel, elle se défend d'avoir fait un roman autobiographique. Le seul point commun entre le livre et elle est qu'il traite d'un couple de sœurs fusionnel, situation qu'elle a connue.

En réalité, dans le livre, ce sont deux couples fusionnels qui évoluent. Celui des parents, Florent et Nora, qui se rencontrent par hasard et vont se fondre l'un dans l'autre, par passion d'abord, par habitude ensuite. Celui des filles, Tristane et Laetitia, née quatre ans et demi après, complètement ouvert sur le monde.
"L'amour entre les deux sœurs n'était aucunement une transposition de l'amour entre Florent et Nora. Ce dernier appartenait à une catégorie, l'état amoureux, qu'il ne s'agit pas d'amoindrir. Entre Tristane et Laetitia se produit l'amour au sens absolu, l'amour hors catégorie, un phénomène d'autant plus puissant que non répertorié. A la fois tout l'amour et toute la liberté, il échappait à l'altération des classifications.
Ainsi, Laetitia naquit dans la plénitude, quand Tristane la découvrit à l'âge de quatre ans et demi. Laetitia ignora que le cœur pouvait crever de faim, Tristane ne put jamais l'oublier. En même temps que leur amour apparut un hiatus: Laetitia n'aurait jamais l'angoisse de ne pas être aimée, Tristane la conserverait éternellement."
Ce qui touche vraiment dans ces pages, c'est la partie avant la naissance de Laetitia. Celle où Tristane se heurte à ses parents forteresse, qui semblent n'avoir fait un enfant que parce qu'il le fallait bien. Une toute petite fille qui ne trouve pour exister et être appréciée de ses géniteurs à défaut d'en être aimée que d'être extraordinaire. D'inverser les rôles, de devenir leur mère plutôt que leur fille, de briller en compétences, cuisine, ménage, lecture, écriture, de ne prendre aucune place. Soutenue de temps en temps par une excentrique tante Bobette, Tristane va s'épanouir à la naissance de sa sœur, canalisant sur elle l'amour qui jaillit de son cœur. Et trouve sa réciproque.

Malgré les épisodes familiaux, le groupe de rock, les rencontres de garçons, les études, les déménagements et d'autres rebondissements, la suite du livre suscite moins l'adhésion. On suit la romancière avec plaisir mais on aurait aimé vibrer davantage.

Pour lire en ligne le début du "Livre des sœurs", c'est ici.


Amélie Nothomb, métronome de la rentrée littéraire
  • 1992 "Hygiène de l'assassin", Prix René Fallet
  • 1993 "Le Sabotage amoureux", Prix de la Vocation / Prix Alain-Fournier / Prix Chardonne
  • 1994 "Les Combustibles"
  • 1995 "Les Catilinaires", Prix du Jury Jean Giono
  • 1996 "Péplum"
  • 1997 "Attentat"
  • 1998 "Mercure"
  • 1999 "Stupeur et tremblements", Grand Prix du roman de l'Académie française
  • 2000 "Métaphysique des tubes"
  • 2001 "Cosmétique de l'ennemi"
  • 2002 "Robert des noms propres"
  • 2003" Antéchrista"
  • 2004 "Biographie de la faim" 
  • 2005 "Acide sulfurique"
  • 2006 "Journal d'Hirondelle"
  • 2007 "Ni d'Ève ni d'Adam", Prix de Flore
  • 2008  "Le Fait du prince", Grand Prix Jean Giono pour l'ensemble de son œuvre
  • 2009 "Le Voyage d'hiver"
  • 2010 "Une forme de vie"
  • 2011 "Tuer le père"
  • 2012 "Barbe Bleue"
  • 2013 "La nostalgie heureuse" (lire ici)
  • 2014 "Pétronille" (lire ici)
  • 2015 "Le crime du Comte Neville" (lire ici)
  • 2016 "Riquet à la houppe"
  • 2017 "Frappe-toi le cœur" (lire ici)
  • 2018 "Les prénoms épicènes" (lire ici)
  • 2019 "Soif"
  • 2020 "Les aérostats" (lire ici)
  • 2021 "Premier sang", prix Renaudot (lire ici)

Tous les livres d'Amélie Nothomb sont publiés chez Albin Michel, et ensuite, en format poche, au Livre de Poche. 

**
*

Il se dit partout que cette rentrée 2022 est celle des sœurs.
En tout cas en titre de livre.
Peut-être oui, peut-être non à voir ma rapide - et fastidieuse - recherche.

D'autres "sœurs"

Vu sur Facebook.

Et aussi...

Adultes
  • "Petite sœur" de Manie Nimier (Gallimard)
  • "Les presque sœurs", de Cloé Korman (Seuil)
  • "Grande sœur" de Gunnar Staalesen (traduction d'Alex Fouillet, Gaïa)
  • "Sœur" d'Abel Quentin (L'Observatoire, lire ici)
  • "La sœur" de Sándor Márai (traduction de Catherine Fay, Albin Michel)
  • "Sœurs" de Bernard Minier (XO)
  • "Sœurs" de Wajdi Mouawad (Actes Sud)"Sœurs" de Daisy Johnson (traduction de Laetitia Devaux, Stock)
  • "Les sœurs de Blackwater" d'Alyson Hagy (traduction de David Fauquemberg, Zulma)
  • "Sœurs dans la guerre" de Sarah Hall (traduction d'Eric Chédaille, Rivages)
  • "Mes bien chères sœurs" de Chloé Delaume (Seuil)
  • "Sœurs de sable" de Stéphane Héaume (Rivages)
  • "Les sœurs Charbrey" de Cassandra O'Donnell (J'ai lu)
  • "Frères et Sœurs" d'Ivy Compton-Burnett (traduction de Lola Tranec, 10-18)
  • "Une sœur" de Bastien Vivès (Casterman)
  • "Les Sœurs du Titanic" de Patricia Falvey (traduction de Laura Vaz, Belfond)
  • "Sœurs de sang" de Dominique Sylvain (Viviane Hamy)
  • "Les sœurs aux yeux bleus" de Marie Sizun (Arléa)
  • la série "Les sœurs Mitford enquêtent" de Jessica Fellowes (traduction de Valérie Rosier, Le Masque)
  • "Cassandra et ses sœurs" d'Anna Jacobs (traduction de Sebastian Danchin, Archipel)

sans oublier
  • "Les deux sœurs" de Stefan Zweig (traduction de Nicole Taubes et Claudine Layre, Gallimard)
  • "Trois sœurs" de Tchekhov (divers traducteurs, divers éditeurs)
  • "Quatre sœurs" de Jun'ichiro Tanizaki (traduction de Georges Renondeau, Gallimard)


Ados et préados
  • "Quatre sœurs - L'intégrale" de Malika Ferdjoukh (l'école des loisirs)
  • "Trois sœurs" de Stéphane Servant et Lisa Zordan (Thierry Magnier)
  • la série "Quatre sœurs" de Sophie Rigal-Goulard et Diglee (Rageot)
  • la série "Sœurs sorcières" de Jessica Spotswood (traduction de Rose-Marie Vassallo et Papillon, Rageot)
  • la série "Les étranges sœurs Wilcox" de Fabrice Colin (Gallimard Jeunesse)

Enfants
  • "Un amour de petite sœur" d'Astrid Desbordes et Pauline Martin (Albin Michel Jeunesse)
  • "Sœurs et frères" de Claude Ponti (l'école des loisirs)
  • "Ma sœur est une brute épaisse" de Sandrine Bonini (Grasset Jeunesse)
  • "Une petite sœur pour Tommy" de Rotraut Susanne Berner (Seuil Jeunesse)
  • "Trois sœurs" de Jo Hoestlandt et Nathalie Novi (Gallimard Jeunesse)
  • "La Petite Sœur de Kafka" de François David et Anne Herbauts (Esperluète)
  • "La petite sœur de Lisa" d'Anne Gutman et Georg Hallensleben (Hachette Jeunesse)
  • "Petite sœur" de Pierre Gripari (Grasset Jeunesse)
  • "Papa, maman, ma sœur et moi" de Philippe Corentin (l'école des loisirs)
  • "Aya et sa petite sœur" de Yoriko Tsutsui et Akiko Hayashi (l'école des loisirs)
  • "La petite sœur de CriCri lapin" de Ulf Nilsson et Eva Eriksson (Centurion)



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