Elise Gravel. |
Dans l'imposante délégation des auteurs Montréalais qui ont rendu visite à la Foire du livre de Bruxelles, on dénombrait trois auteurs jeunesse, sur une bonne quarantaine de participants: Dominique Demers, romancière notoire qui signe maintenant des textes d'albums, Elise Gravel, auteure-illustratrice, et Pascal Blanchet qui oscille entre bande dessinée et illustration. J'ai "poté": "Un, deux, trois, ce ne sera pas toi". Au deuxième tour, le sort a désigné Elise Gravel.
Elise Gravel, on la connaît de ce côté de l'Atlantique. Pour sa série humoristico-documentaire "Les petits dégoûtants" aux Editions Le Pommier. "Le rat", "La limace", "Le ver", "Le pou", "L'araignée", "La mouche", "Le crapaud", "La chauve-souris", "Le cafard", soit neuf titres déjà en format de poche tout à fait accessible! On la connaît aussi pour ses albums jeunesse publiés en traduction française chez Nathan, le dernier en date étant "Je veux un monstre!" (2016). Ainsi que pour ses deux albums actuellement publiés aux Editions de la Pastèque, "Le Grand Antonio" et "Ida, la grincheuse en tutu". Dessinés à l’ordinateur, ses livres mettent en scène des animaux qui font peur, des monstres, des créatures étranges, des choses bizarres. Ils sont toujours traités sur le mode de l'humour absurde et servis par un graphisme dynamique. A voir!
Enfin, quand je dis qu'on connaît Elise Gravel ici, je veux dire qu'on connaît son travail. La vraie rencontre, en chair et en os, a eu lieu à la Foire du livre de Bruxelles. Une conversation pétillante autour de ses livres et de son travail, entrecoupée d'interrogations à propos des meilleurs "speculoos" et cuberdons à trouver en Belgique et de réflexions sur les écoles montréalaises qui mettent largement la musique à leur programme. Le tout, ponctué de rires, car l'humour est la marque de fabrique de la créatrice. Et l'énergie aussi, quelle Mrs 100.000 volts! Une énergie communicative de surcroît, comme l'enthousiasme et la bonne humeur de la Québécoise née en 1977.
De son accent chantant, la jeune auteure-illustratrice me dit: "J'ai fait quarante titres en treize ans (trente sont disponibles ici, NDLR). Je suis une hyperactive. J'ai étudié le design graphique et un peu l'illustration. J'ai très vite fait le choix de la littérature de jeunesse."
Quarante titres! En français et en anglais. car Elise Gravel publie chez différents éditeurs au Canada, en français et en anglais, et aux Etats-Unis. Parce qu'elle veut gagner sa vie en ne faisant que des livres jeunesse, mais que le marché francophone du Canada est trop petit. C'est aussi via les traductions que certains de ses titres nous parviennent. Pas qu'elle veuille être riche, non juste gagner un revenu annuel décent.
"Avec ce livre, j'ai trouvé mon style d'humour", me dit-elle avant de lancer le plus sérieusement du monde: "J'écris pour mon enfant intérieur qui a besoin que ce soit drôle et dégoûtant."
Elise Gravel est quelqu'un de rare. De juste. De drôle. Passant du sérieux au moins sérieux. Comme dans ses albums finalement. Des petits bijoux mêlant infos et poilade. Morceaux choisis.
"Je préfère faire le texte et les illustrations.
J'ai des projets pour les douze ans à venir. Après je serai riche. Plus besoin de travailler. J'aurai un bateau de croisière, je ferai de l’aquarelle sur le pont.
En réalité, j'ai douze idées à la minute. Cela éclate tout le temps. Maintenant, je les note dans des fichiers dans mon ordinateur.
Je travaille très vite. Quand j'ai une idée de livre, je commence et je termine sans m'arrêter.
A y réfléchir, j'aimerais mieux me cloner plutôt que d'avoir 48 heures par jour. J'aurais ainsi deux fois plus de personnel que d'idées. Je laisse l'option des 48 heures par jour aux autres."
En attendant, Elise Gravel bosse. Et pas qu'un peu.
Et on est franchement prêts pour les quarante albums à venir.
Encore deux images de son travail, qui valent mieux qu'un long discours.
"Ada la Grincheuse" (c) La Pastèque. |
"Le Grand Antonio". (c) La Pastèque. |
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