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vendredi 8 mai 2020

Comme Claudine Desmarteau

Temps de lire, de relire, de découvrir, de se souvenir, de faire fondre sa PAL,
pour les petits et pour les grands #confinothèque30

Claudine Desmarteau dessine, écrit et publie depuis pas mal de temps déjà. Dessins de presse ("Le Nouvel Observateur," "Télérama", "Le Monde", "Les Inrockuptibles"), albums pour enfants au Seuil dès 1999 ("Maman était petite avant d'être Grande"), romans pour pré-ados et ados dès 2005 ("Trouilleland" chez Panama). Elle n'a peur de rien et a la manière de parler de tout. Un parti-pris de l'humour, noir parfois, et de la défense des enfants. Elle publie cette année son premier roman pour adultes, "Comme des frères" (L'Iconoclaste, 320 pages), fort réussi. C'est interpellant d'y retrouver sa manière de dire les choses, de ne pas tourner autour des sujets qui fâchent, de refléter le monde. Notre monde.

Les frères du titre sont des adolescents. La bande que Raphaël formait avec Kevin, Ryan, Idriss, Saïd et quelques autres. Une bande d'ados de seize ans, soudés, méchants, agressifs, rebelles. En perpétuelle confrontation. Et fragiles. Une bande d'ados. Quand arrive Quentin, avec sa longue mèche de cheveux dans le cou, le bloc se fissure pour mieux se ressouder. Le nouveau, dit "Queue-de-rat" devient d'abord le bouc émissaire puis sera intégré. A quel prix!

Raphaël raconte son histoire, leur histoire, ce qui le hante, en de successifs flash-backs, jusqu'au drame, six ans plus tôt. Car on sait qu'il y a un drame même si on ignore lequel. Ce roman est le sanglot d'une culpabilité, née de la violence de l'adolescence. L'auteure détaille l'enfance, la famille, l'école, les copains, la bande, les premiers sentiments amoureux, la découverte de la sexualité, les rodomontades et les interrogations, les rivalités et les jalousies. Le phénomène de la bande émerge brillamment dans ce roman nerveux, sans gras mais non sans émotion.

Claudine Desmarteau.
Claudine Desmarteau explique: "La cruauté du groupe, la sauvagerie de la bande. C'est parti de là. Et aussi d'une angoisse, qui ne me quitte pas. L'angoisse de la fatalité, où on bascule, bêtement, violemment, dans le drame, dans l'inconscience de la jeunesse."

La romancière a capté tout cela avec finesse, en de courts chapitres interrompus de dialogues, ne cédant rien à ses personnages, humains paumés qui pourraient être nos cousins ou nos neveux.

Pour lire le début de "Comme des frères", c'est ici.




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