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jeudi 7 mai 2020

Vision poétique et artistique du cycle de la Lune

#confinothèque28
Aujourd'hui, un de ces albums jeunesse qui ont croisé le covid19 et sont arrivés en librairies juste avant ou en même temps que la fermeture de ces dernières à cause des mesures de confinement.

(c) Albin Michel Jeunesse


Le commun des mortels parle d'une "super Lune des fleurs" pour ce jeudi 7 mai (à 12h45), les spécialistes de "périgée-syzygie". L'alpha et l'omega du vocabulaire pour désigner une nouvelle pleine lune (lire ici), à ceci près que celle d'aujourd'hui a quand même des caractéristiques particulières. C'est une super lune, expression utilisée quand deux phénomènes coïncident, la face visible de la Lune entièrement éclairée par le Soleil et la Lune à sa distance minimale avec notre planète.

Pour célébrer cette "super Lune", un super album en format géant (310 x 310 mm), venu quasiment du fond des temps. En effet, "Alli Nalli et la Lune", de Vilborg Dagbjartsdóttir et Sigridur Björnsdottir (traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün, Albin Michel Jeunesse/ Bibliothèque nationale de France, 14 pages) est né en Islande en 1959 et paraît pour la première fois dans une traduction française. Témoin de l'avant-garde islandaise, il s'inscrit dans ce climat de création en littérature de jeunesse mené au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par les artistes, souvent poussés par leur propre progéniture. C'est de cette époque que datent les livres de Bruno Munari, d'Enzo Mari et Leo Lionni. On est tout de suite frappé par le parallélisme entre "Petit-Bleu et Petit-Jaune" de ce dernier et ce "Alli Nalli et la Lune".

(c) Albin Michel Jeunesse.

Proche du conte, l'histoire est extrêmement simple. Un petit garçon refuge de manger son potage. Du coup, sa mère le donne à la Lune. Cette dernière le dévore et grandit chaque jour. Elle devient toute ronde. Ce jour-là, Alli Nalli réclame son potage. Privée, la Lune mincit jusqu'à disparaître. L'atout de ce splendide album est qu'une scène banale devient une histoire d'univers sans cesse renouvelée, grâce à la référence aux autres enfants du monde. Le scénario très court est extrêmement ouvert et les illustrations en aplats colorés de formes simples ouvrent le regard et l'imagination. Une passionnante postface de Carine Picaud, conservateur à la Réserve des livres rares de la BNF, clôture ce bijou, tout à fait accessible aux tout-petits.

(c) Albin Michel Jeunesse.

L'auteure, Vilborg Dagbjartsdóttir, est une poète et femme politique, née le 18 juillet 1930 dans les fjords de l'est de l'Islande. À 18 ans, elle part faire ses études à Reykjavik, puis au Danemark et en Écosse. Elle découvre le communisme et le féminisme et prend une part active à la vie politique islandaise. En 1955, elle devient professeur. Ses poèmes, traitant initialement de la nature, s'orientent par la suite sur des thématiques plus politiques et féministes. Elle est aussi célèbre pour ses livres destinés aux enfants, notamment cet album, publié en 1959.

Il semble que cet album soit le seul livre illustré par Sigridur Björnsdottir, peintre islandaise née en 1929, qui était aussi art thérapeute à l'hôpital de Reykjavik. Elle épousa l'artiste contemporain suisse Dieter Roth, qui en a réalisé la maquette. Elle avait à la conception de ce livre un petit garçon de deux ans.


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