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vendredi 18 novembre 2022

Deux sparring-partners sur un ring de papier

Entraînement. (c) La Pierre d'Alun.

C'est un petit carnet rouge cartonné, à reliure spirale, "Pains perdus". Un pluriel qui devrait alerter le lecteur. En effet, en cuisine, "pain perdu" s'utilise au singulier, comme un concept. Alors ces deux "s"? Deux comme les auteurs, Jean-Louis Sbille au texte, Kikie Crêvecœur aux illustrations, des gravures bien entendu. Comme celle qui, en creux, orne la couverture et donne un indice sur le jeu de mots. "Pains perdus" paraît à La Pierre d'Alun ("40 ans de mots & d'images" cette année), trente-sixième volume de la collection "La Petite Pierre" (64 pages).

Croirait-on que cette impeccable fiction entre trois personnages et une salle de boxe est le résultat d'une histoire ancienne, datant de 1985. Jean-Louis Sbille s'en explique:
"Nous nous sommes rencontrés autour d'un ring de boxe. 
Kikie, toute menue, était une des juges de combats du World Championships kick boxing 1985, et moi, en smoking paillettes, j'en étais le présentateur.
Entre deux combats Kikie, sur ses feuilles de match, gribouillait, croquait,  dessinait.
Il y a bien longtemps. Un 26 mai 1989, aux Halles de Schaerbeek. 
Jean Marchetti (La Pierre d'Alun) a permis que nous nous retrouvions autour d'un ring de papier, une denrée rare aujourd'hui."
Le Ringo Boxing Club. (c) La Pierre d'Alun.

Splendidement illustré par de nombreuses gravures de toutes tailles, de la pleine page à la vignette, parfois en bichromie noire et rouge pleine d'énergie, rythmant agréablement la lecture, "Pains perdus" s'ouvre sur une salle de boxe installée dans une cave. Propre, nettoyée mais tout y suinte le vieux, même le tenancier qui ressasse les souvenirs de sa gloire passée. Il rajeunit toutefois chaque fois qu'arrive la protégée qu'il entraîne. Pas une débutante mais une jeune femme qui boxe pour oublier, pour se dépasser. La dynamique change quand  débarque au Ringo Boxing Club un jeune homme, nouveau dans le quartier, aux poches pleines de billets, obsédé par l'idée d'un avenir meilleur.

Le début de "Pains perdus". (c) La Pierre d'Alun.

Ce décor planté, l'auteur nous entraîne en sautillant comme un sportif dans l'histoire de ses personnages, leurs rencontres, leurs entraînements, leurs combats, leurs mystères, leurs secrets. Les jours passent. Chacun y va, se dévoile, se confie. On suit leurs destins et leurs instants sur et à côté du ring, emballé par une lecture illuminée par les gravures de Kikie Crèvecœur, un détail ici, un entraînement complet là. Des "Pains perdus" aussi sincères que touchants.

(c) La Pierre d'Alun.






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