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lundi 7 novembre 2022

Trois lauréates aux prix Femina 2022

Annette Wievorka, Claudie Hunzinger et Rachel Cusk,
les trois lauréates des prix Femina 2022. (c) Olivier Dion.


Trois lauréates aux prix Femina 2022 (roman français, roman étranger, essai). Il faut dire que la troisième sélection présentait cinq femmes et un homme:
  • Grégoire Bouillier, "Le cœur ne cède pas" (Flammarion)
  • Brigitte Giraud, "Vivre vite" (Flammarion), lauréate du prix Goncourt (lire ici)
  • Sybille Grimbert, "Le dernier des siens" (Anne Carrière)
  • Claudie Hunzinger, "Un chien à ma table" (Grasset)
  • Oriane Jeancourt-Galignani, "Quand l'arbre tombe" (Grasset)
  • Polina Panassenko, "Tenir sa langue" (L'Olivier)

Le prix Femina 2022 a été décerné ce lundi 7 novembre depuis l'escalier du musée Carnavalet à Claudie Hunzinger, 82 ans, pour son douzième roman "Un chien à ma table" (Grasset, 288 pages). Un roman dédié à notre compatriote Pierre Schoentjes, professeur de littérature française à l'Université de Gand (Belgique) et écrivain. Les dames du Femina ont choisi leur lauréate au premier tour de scrutin, par six voix contre trois à Grégoire Bouillier.
Présentation de l'éditeur.
Un soir, une jeune chienne, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d’un vieux couple: Sophie, romancière, qui aime la nature et les marches en forêt et son compagnon Grieg, déjà sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature. D'où vient cette bête blessée? Qu'a-t-elle vécu? Est-on à sa poursuite? Son irruption va transformer la vieillesse du monde, celle d'un couple, celle d'une femme, en ode à la vie, nous montrant qu'un autre chemin est possible. "Un chien à ma table" relie le féminin révolté et la nature saccagée: si notre époque inquiétante semble menacer notre avenir et celui des livres, les poètes des temps de détresse sauvent ce qu'il nous reste d'humanité.

Pour en lire en ligne le début, c'est ici.



Le prix Femina étranger va à la Britannique Rachel Cusk, 55 ans, pour son roman "La dépendance" (traduit de l'anglais par Blandine Longre, Gallimard, 208 pages).

Présentation de l'éditeur.
M, romancière entre deux âges, s'est isolée du monde en s'installant avec son second mari au bord d'une côte océanique spectaculaire. Sur sa propriété baignée d'une lumière splendide et entourée de marais, le couple possède une dépendance soigneusement reconvertie en résidence d'artistes. M n'a qu’un rêve: y accueillir un jour L, un peintre à la renommée mondiale, qu'elle admire. Quand il finit par accepter son invitation, M jubile. Cependant, elle déchante vite car L n'arrive pas seul — une ravissante jeune femme est à son bras. Entre-temps, la fille de M et son compagnon ont également débarqué. Les trois couples doivent alors cohabiter dans ce cadre certes enchanteur, mais qui va devenir le théâtre de multiples tensions. D’une plume ciselée, Rachel Cusk crée un huis clos piquant et fascinant que l'on découvre en se plongeant dans le flot de pensées de M, une Mrs Dalloway des temps modernes. Entre désirs étouffés, orgueil artistique et illusions déçues, "La dépendance" décortique avec beaucoup de malice le large éventail des rapports humains et la légitimité de la vocation artistique. 

Pour en lire en ligne le début, c'est ici.



Le prix Femina Essai récompense l'historienne Annette Wieviorka, 74 ans, pour "Tombeaux: autobiographie de ma famille" (Seuil, 384 pages).

Présentation de l'éditeur.
Lors du décès d'une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l'Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l'intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L'un écrit, l’autre coud. Ils sont arrivés à Paris au début des années 1920, en provenance de Pologne. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants. Dans un récit en forme de tombeaux de papier qui font œuvre de sépultures, l'historienne adopte un ton personnel, voire intime, et plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs directs ou indirects. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique: d'abord la difficile installation de ces immigrés, la pauvreté, les années politiques, l'engagement communiste ou socialiste, le rapport complexe à la religion et à la judéité, puis la guerre, les rafles, la fuite ou la déportation – Paris, Nice, la Suisse, Auschwitz – et enfin, pour certains, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame. Tout l'art consiste ici à placer le lecteur à hauteur d’hommes et de femmes désireux de bonheur, de joie, de liberté, bientôt confrontés à l'impensable, à l'imprévisible, sans certitudes ni connaissances fiables au moment de faire des choix pourtant décisifs. C'est ainsi que des personnages très attachants et un monde disparu retrouvent vie, par la grâce d’une écriture sensible et précise.


Un prix spécial du jury a été remis pour l'ensemble de son œuvre au Franco-Polonais Krzysztof Pomian, auteur d'une somme en trois volumes, "Le Musée, une histoire mondiale" (Gallimard).

Présentation de l'éditeur.
Des accumulations des tombeaux égyptiens ou chinois et des trésors royaux jusqu'à notre Louvre d'aujourd’hui, entre autres lieux, il faudra du temps pour que le musée trouve sa forme et sa fonction de conservation, d'étude et d'exposition des objets. Or, une histoire mondiale des musées, à la fois politique, sociale et culturelle, n'a encore jamais été écrite. La voici: 'Le Musée, une histoire mondiale', en trois tomes et réunis ici dans ce coffret.


Jury: Claire Gallois, Paula Jacques, Christine Jordis, Nathalie Azoulai, Scholastique Mukasonga, Mona Ozouf, Patricia Reznikov, Danièle Sallenave (membre d'honneur), Évelyne Bloch-Dano (présidente) et Josyane Savigneau.



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