(c) Elisa Sartori, lauréate 2021. |
Ce lundi 21 novembre, lors d'une conférence de presse vidéo sans couac, la
Fédération Wallonie-Bruxelles a dévoilé les noms des lauréates et
lauréats des sept prix littéraires. qui ont été officiellement proclamés ce lundi soir au Théâtre de
Namur. "Des prix institutionnels qui ne cherchent pas le buzz mais entendent
accompagner auteurs et autrices dans leur parcours", a indiqué Laurent Moosen, directeur de la Promotion des lettres. Sept
récompenses ont été remises cette année, tous les prix n'étant pas annuels,
dont quatre pour des premières œuvres (la plupart des sélections
figurent ici). Quatre lauréates et trois lauréats qui ont été rejoints durant la soirée
par les lauréates des prix Paroles Urbaines de littérature orale, Lem et
Nadjad. Mais revenons à la littérature écrite, qu'elle soit illustrée ou non.
On notera que trois des quatre prix pour des premières œuvres vont à des
femmes, littérature de jeunesse, bande dessinée et langue française. On notera
aussi que plusieurs des titres récompensés ont déjà été abordés dans
différentes notes de ce blog.
Palmarès
Le Prix de la première œuvre en littérature générale de langue française récompense Emmanuelle Dourson, déjà distinguée en début d'année par l'ARLLFB (lire ici), pour son premier roman, un roman choral, "Si les dieux incendiaient le monde" (Grasset, 2021).
Le Prix de la première œuvre en littérature générale de langue française récompense Emmanuelle Dourson, déjà distinguée en début d'année par l'ARLLFB (lire ici), pour son premier roman, un roman choral, "Si les dieux incendiaient le monde" (Grasset, 2021).
L'avis du jury: "Les membres souhaitent souligner la maturité exceptionnelle de l'écriture de l'autrice: l'ouvrage est original, profond, ambitieux et s'inscrit dans une histoire prestigieuse de la littérature féminine, de Virginia Woolf à Nathalie Sarraute."
Le Prix de la première œuvre en littérature pour la jeunesse
est décerné à l'unanimité du jury à
Almudena Pano,
originaire des Pyrénées espagnoles et arrivée à Bruxelles pour y étudier
l'illustration, pour son album
"Histoire en morceaux" (Versant Sud
jeunesse, 2021, 40 pages). Anecdote: l'auteure-illustratrice primée est
amie avec Elisa Sartori, lauréate 2021 dans la même catégorie et
travaille avec elle dans le collectif de fresques 10eme
Arte .
L'avis du jury: "L'illustratrice a déjà son propre style et le lien texte image est très maîtrisé. Le "silence" est soigneusement organisé entre les pages et montre une maturité intéressante. L’album peut se lire seul mais il peut aussi être raconté."
Sorti il y a un an dans la collection "Les pétoches", écrit à la
première personne du singulier, "Histoire en morceaux"
explore sur différents niveaux la technique japonaise du kintsugi où
les blessures deviennent beauté. L'héroïne raconte. Tout commence
quand elle décide de jouer au foot à l'intérieur de la maison malgré
l'interdiction qu'elle en a. Evidemment, le ballon renverse et détruit
le vase préféré de sa maman. Catastrophe! Si la footballeuse
s'angoisse, sa maman se montre plus positive.
"Maman m'explique que quand on casse quelque chose, on doit le
réparer".
Les morceaux cassés sont déposés sur la table basse, gigantesque
puzzle à reconstituer. Pas facile, pas facile du tout même. Mais
l'exercice incite la fillette à ouvrir les yeux. Sur les détails du
vase cassé, sur le chemin vers l'école... En de très belles et très
réussies illustrations aux teintes douces, oscillant entre intérieur
et extérieur, riches de mille détails à observer, mélangeant collages
et dessins,
Almudena Pano
déroule une très belle histoire de réparation. Portée par l'amour
entre cette maman et sa fille. A partir de 5 ans.
Le vase est en morceaux. (c) Versant Sud. |
Le Prix de la première œuvre en bande dessinée va à
Alix Garin pour
son album très remarqué à sa sortie et lauréat de plusieurs prix,
"Ne m'oublie pas" (Le Lombard,
2021). Un road-movie durant lequel Clémence enlève sa grand-mère
souffrant de la maladie d'Alzheimer pour tenter de retrouver la maison
d'enfance de cette dernière. "Je suis très heureuse que ce prix arrive si longtemps après la
sortie de l'album, un an et demi après. Cela va lui permettre de
continuer à vivre", a-t-elle déclaré.
L'avis du jury: "Bien qu'il ait été déjà été plusieurs fois récompensé depuis sa sortie, "Ne m'oublie pas" est à considérer comme une première œuvre marquante en FWB pour l'année 2021. Alix Garin est une jeune bédéiste dont la première création mérite d'être saluée. La reconnaissance que constitue ce prix, ainsi que le montant qui y est associé pourront contribuer à la poursuite de son parcours."
Toujours dans le domaine de la bande dessinée, le
Prix Atomium de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2022, dévoilé
en septembre lors du BD Comic Strip Festival (anciennement, Fête de la
bande dessiné). Il va, à l'unanimité des membres du jury, à
Emilie Plateau,
Française installée à Bruxelles depuis plus de dix ans et dont une
fresque orne le boulevard Bockstael.
"J'ai mon style, je détonne par rapport à la bd classique mais je suis pleinement là et je prends ma place", a été son
commentaire.
L'avis du jury: "Émilie Plateau fait preuve d'un volontarisme constant dans sa démarche de création et dans l'approche graphique et narrative de sujets complexes: identité de genre, place des femmes dans le milieu de l'art et de la culture, reconnaissance des auteurs graphiques, traitement des minorités… Elle a notamment été remarquée pour "Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin", adaptation d'un texte de Tania de Montaigne (2019). Émilie Plateau consacre aussi beaucoup d'énergie à s'investir dans des projets collectifs de fanzinat et de microédition. "L'épopée infernale" (éd. Misma, 2022) est un livre à choix multiple. Émilie Plateau y reprend les codes des "livres dont vous êtes le héros-l’héroïne". Elle y montre avec humour et sensibilité les épreuves de son avatar, l'autrice Emily D. Platew, pour trouver sa place dans le milieu de la bande dessinée."
Enfin, le Prix triennal de la prose en langue française est
attribué à l'écrivain polygraphe (romancier, essayiste, scénariste,
réalisateur)
Kenan Görgün pour son roman
"Le second disciple" (Les
arènes, 2019). Un livre qui avait fait l'objet d'une passionnante
soirée Portées-Portraits à la Maison Autrique en février dernier
(lire
ici).
L'avis du jury: "Avec ce prix, le jury salue à la fois "Le second disciple" et le parcours de Kenan Görgün. Dans ce roman, l'écrivain réinvente Bruxelles, en donne une vision littéraire inouïe. "Le second disciple" est une œuvre qui marque ses lecteurs pour longtemps, alliant qualités du thriller et force de l'écriture.Avec ce prix, le jury récompense aussi le parcours d'un auteur engagé, qui ose prendre des risques (en particulier dans son rapport à la Turquie), et d'un autodidacte surdoué de la littérature. L'œuvre de Kenan Görgün, qui n'a cessé de grandir en qualité et en puissance, trouve son acmé dans "Le second disciple"."
Les langues régionales endogènes n'ont pas été oubliées. Le
Prix triennal de la prose en langue régionale endogène va
à Daniel Barbez pour "El réalité
aurmintée" (ill. Leinad Zebrab, Maison de la culture de Tournai,
2021), écrit en langue picarde. Le
Prix de la première œuvre en langue régionale endogène est
décerné à titre posthume, l'auteur étant décédé le 10 novembre dernier
à Gustave Defechereux pour
le texte inédit "Cwand m'papa féve dès wafes" (Quand mon papa fait des
gaufres).
Des capsules vidéo sur les différents lauréats sont disponibles
sur le site Objectif Plumes, le portail des littératures belges (ici).
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