Nombre total de pages vues

lundi 3 novembre 2025

Superbe tiercé du prix Femina


La romancière mauricienne Nathacha Appanah
a remporté ce lundi 3 novembre le prix Femina 2025 pour "La nuit au cœur" (Gallimard, 288 pages). Comme je l'avais parié. Rappelons que ce prix plus que centenaire est porté par un jury exclusivement féminin. Il a été créé en 1904 en réaction à la perception de misogynie entourant le jury du Goncourt.
 
Son treizième roman tresse trois histoires de femmes victimes de la violence de leur compagnon, dont la sienne, la seule survivante. Trois fois, Nathacha Appanah scrute le féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l'amour. Trois femmes, jeunes, entre vingt-cinq et trente-cinq ans, courent pour tenter de survivre, pour échapper à leur compagnon. Elle-même, en 1998, qui vivait sous l'emprise d'un homme de trente ans son aîné, celle de sa cousine, Emma, tuée par son époux à l'île Maurice en 2000, celle de Chahinez Daoud, assassinée en 2021 par son mari à Mérignac. Trois hommes, un ouvrier, un employé et un poète apparaissent sous leurs seules initiales. La romancière les réunit dans une pièce avant de raconter leurs histoires. Elle ne leur laissera pas la parole.
"De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces cœurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu'ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l'impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d'une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cœur, du corps, de l'esprit.
De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d'avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd'hui.
Cette femme, c'est moi."
Pour lire en ligne le début de "La nuit au cœur", c'est ici.
 
"La nuit au cœur" de Nathacha Appanah a été préféré à "Au grand jamais" de Jakuta Alikavazovic (Gallimard), "Un mal irréparable" de Lionel Duroy (Mialet-Barrault), "Le monde est fatigué" de Joseph Incardona (Finitude) et "La Maison vide" de Laurent Mauvignier (Minuit).

 
 
L'Irlandais John Boyne remporte quant à lui le prix Femina du roman étranger pour "Les Éléments" (traduit de l'anglais par Sophie Aslanides, 512 pages, JC Lattès), déjà lauréat du prix du roman Fnac (lire ici).
 
Pour lire en ligne le début de "Les Éléments", c'est ici.
 
 
"Les Éléments" de John Boyne a été préféré à "Les bons voisins" de Nina Allan (traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, Tristram), "Le Fou de Dieu au bout du monde" de Javier Cercas (traduit de l'espagnol par Aleksandar Grujicic et Karine Louesdon, Actes Sud), "Éclaircie" de Carys Davies (traduit de l'anglais par David Fauquemberg, La Table Ronde), "Les vulnérables" de Sigrid Nunez (traduit de l'anglais par Mathilde Bach, Stock) et "Les fleuves du ciel" d'Elif Shafak (traduit de l'anglais par Dominique Goy-Blanquet, Flammarion).


 
L'écrivain français Marc Weitzmann
, enfin, reçoit le prix Femina de l'essai pour "La part sauvage" (384 pages, Grasset), le portrait de son ami Philip Roth.

"Philip Roth est mort le 22 mai 2018", écrit-il dans sa présentation. "J'avais fait sa connaissance presque vingt ans plus tôt, en 1999 – vingt années qui de Jérusalem à New York et Paris, avaient vu le monde global exploser, la haine et le populisme tout submerger et ma propre vie basculer, mais durant lesquelles nous étions devenus amis. Il avait tenu dans ma vie comme dans celle de ses lecteurs le rôle de refuge mental et de boussole. Et maintenant qu'il était en train de mourir, le pays qui lui avait fourni la matière première de ses livres était détricoté par Donald Trump.
Le choc intime de sa mort a alors pris un autre sens: celui de la fin d'un monde au profit de la violence, de la montée de l'antisémitisme, du retour en force des idéologies.
Depuis l'Amérique telle qu'elle aurait pu être, ce livre révèle les Etats-Unis tels qu'ils sont." 
 
Pour lire en ligne le début de "La part sauvage", c'est ici.
 
"La part sauvage" de Marc Weitzmann a été préféré à "Klaus" de Gilles Collard (Flammarion), "Un livre" de Fabrice Gaignault (Arléa), "Tocqueville" de Françoise Melonio (Gallimard), "Huysmans" d'Agnès Michaux (Cherche Midi) et "Les verbes de l'écriture" de Wajdi Mouawad (Seuil).

Jury: Isabelle Desesquelles, Oriane Jeancourt Galignani, Nathalie Azoulai, Evelyne Bloch-Dano, Brigitte Giraud, Paula Jacques, Christine Jordis, Mona Ozouf, Patricia Reznikov, Josyane Savigneau et Julie Wolkenstein.