La Reine Elizabeth II le jour de son couronnement, le 2 juin 1953. |
La Reine Elizabeth II, on sait qui c'est. Lui, c'est Marc Roche, journaliste au "Point" après avoir travaillé pour "Le Monde" et "Le Soir" où il tient toujours une chronique et assure régulièrement le poste de correspondant, et écrivain. Né à Bruxelles en 1951, il est aujourd'hui sujet de Sa Majesté Britannique. Il vient de publier son "livre ultime" sur celle qui règne sur le pays où il réside depuis quarante ans. Il l'aurait bien intitulé "La Reine Elizabeth II et moi". L'éditeur a préféré "Elle ne voulait pas être Reine!" (Albin Michel, 346 pages). Cette passionnante biographie dont chaque élément est évidemment exact est livrée dans une formidable écriture journalistique.
"Lilibet". |
Queen Elizabeth II. |
Parapluie transparent mais bande assortie au ton du jour. |
Pour cette biographie non autorisée, car réalisée sans appui officiel, Marc Roche a suivi son inspiration Il a tenté de répondre aux questions que la Queen lui posait en tant que reine et en tant que femme. Son texte est passionnant, riche et documenté, plein d'informations nouvelles (pas de ragots) et présente par ce bout de la lorgnette l'histoire récente de la Grande-Bretagne. Avec bien entendu les belles-filles, Diana en premier, et la nouvelle arrivée, Meghan.
Marc Roche. |
Sept questions à Marc Roche
Comment expliquer qu'Elizabeth II suscite une forte sympathie ou une forte antipathie?
Elizabeth II est une personnalité insaisissable, assez éloignée des gens. Autour d'elle, la majorité des gens sont pleins d'admiration pour son dévouement à sa charge au détriment de sa vie familiale et personnelle. Une minorité juge qu'elle est coupée de la réalité et qu'elle symbolise le monde anglo-saxon blanc, protestant, rural et aristocrate alors que la société britannique est multiculturelle, multiconfessionnelle, citadine et méritocratique. Cela dans des proportions similaires au vote sur le Brexit, 85 % de non et 15 % de oui.On peut être surpris par le plan de votre livre, ni thématique ni chronologique. Comment s'est-il dessiné?
J'avais déjà traité Elizabeth II selon les thèmes et selon la chronologie dans mes précédents livres. Ici, j'ai voulu traiter des questions qui m'intéressent.Avez-vous réussi?
- La Reine et moi (les occasions où je l'ai côtoyée)
- Le scoop de sa connaissance parfaite du français, étudié avec une aristocrate belge, Madame de Bellaigue, les présidents français qu'elle a connus et ceux de sa génération avec lesquels elle a eu des liens privilégiés.
- Les complications de sa famille.
- Le fait qu'elle a éliminé tous ceux qui lui portaient ombrage.
- L'énigme du fait que, sans le moindre pouvoir, elle ait une telle influence politique et diplomatique.
Je suis parvenu à répondre à beaucoup de mes questions dans le livre mais Elizabeth II, "Lilibet", reste un mystère pour moi alors que j'ai réussi à percer les mystères des membres de sa famille. Je suppose qu'elle est protestante, machiavélique, qu'elle a des idées simples et courtes, qu'elle n'aime pas ce qui est multiculturel, qu'elle aime les gays, qu'elle n’aime pas Israël. Au fond, n'est-elle pas une poupée russe?
Le couple avait déjà deux enfants lors du couronnement. |
La difficulté de la cerner est liée à la notion de devoir. Elizabeth II embrasse cette cause à partir du moment où elle lui tombe dessus. Elle manque d'instinct maternel. Elle a délaissé ses enfants. Comment expliquer cela? Ses parents l'aimaient beaucoup mais la trouvaient étrange et il est sûr que sa sœur était la préférée. Elizabeth II est courageuse. Elle a connu la guerre et on sait combien la guerre est formative. Elle est une survivante.Est-elle la dernière à porter le royaume britannique?
Je ne le pense pas. Le Pays de Galles est ancré, elle a applaudi la victoire des anti-indépendantistes écossais et elle a opté pour une réconciliation avec l'Irlande où elle s'est rendue en visite officielle en 2011 même si beaucoup de soldats anglais sont morts dans les attentats. On peut penser qu'une réunification ne la dérangerait pas. Mais elle est la garantie de l'unité nationale.
La question "A-t-elle du cœur?" ne se pose pas. On la juge selon nos critères bourgeois. Elle a la fonction transcendante, elle est pingre, peu généreuse. Son cœur, elle ne l'a montré ni à sa famille, ni à ses collaborateurs. Elle est froide, indifférente aux autres. Elle n'a aucune empathie envers les malades. Elle aime les chevaux et les chiens. Mais elle est maligne, elle s'est formée sur le tas. Elle a l'intelligence de ne pas intervenir dans la vie politique quelles que soient ses préférences. Elle est davantage interventionniste dans la vie de sa famille.Elizabeth II en trois mots?
Elizabeth II a beaucoup voyagé. Et elle aime voyager. Cela casse la routine de la vie de palais. Combien de chefs d'Etat Elizabeth II a-t-elle rencontrés? Personne n'a encore compté.
FroideLa Reine Elizabeth II est-elle une lectrice comme l'a dépeinte un romancier britannique?
Méfiante
Brutale
Elizabeth II lit peu, contrairement à ce qu'on pouvait imaginer après le roman "La reine des lectrices" d'Alan Bennett (lire ici). Elle lit des thrillers comme ceux de Jill Cooper qui se déroulent dans le milieu du hippisme, des auteurs masculins impérialistes du XIXe siècle comme Kipling ou Dickens et bien sûr, comme tout souverain anglais, elle est versée dans Shakespeare.
Impossible d'évoquer la Reine Elizabeth II sans parler de ses tenues, souvent colorées, le chapeau en accord toujours parfait. |
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