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lundi 6 juillet 2020

Le mort était trop beau

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Louvain-la-Neuve, ville piétonne.

Il y avait les Dupont-Dupond. Il y a désormais les Dumont-Dupuis. Plus précisément Agnès Dumont et Patrick Dupuis, nouvellistes tous les deux, éditeur également pour le second, qui signent ensemble une enquête policière à Louvain-la-Neuve très réussie, "Une mort pas très catholique" (Weyrich, collection "Noir Corbeau", 188 pages). Un roman policier contemporain bien mené qui nous balade aux quatre coins de la ville piétonne de Louvain-la-Neuve. Une ville universitaire belge bâtie de toutes pièces au milieu des champs de betteraves au début des années 1970. En Région wallonne, entre Bruxelles et Namur.

Le roman commence sans préambule. On est le vendredi 18 juillet et on entre à la suite de Roger Staquet dans un appartement du quartier chic des Bruyères, près du lac de Louvain-la-Neuve. Le retraité est un ami de Jean Meunier, le propriétaire du lieu, inquiet de ne pas parvenir à joindre son locataire. Et pour cause! Quand le serrurier ouvre la porte fermée à double tour, les visiteurs découvrent un mort en pyjama, couché sur son lit. Infarctus? Peut-être mais pas sûr. Bien entendu, la police est appelée. Arrive un agent de quartier, le jeune Paul Ben Mimoun, précédé de peu du médecin qui a son cabinet au rez et son logement dans l'immeuble.

La première conversation entre Staquet et Ben Mimoun est un peu rude. Dès les présentations faites entre le jeune flic et l'aîné qui s'avère être un flic bruxellois à la retraite, les deux vont mieux s'entendre. Ils ont flairé une affaire. Hélas ni la seringue à côté du lit, ni le téléphone décroché, ni le double tour de la serrure n'ont ému l'officier de garde qui refuse d'ouvrir une enquête.

Qu'à cela ne tienne, les deux policiers vont s'en occuper, en toute illégalité donc, puisque le premier est retraité et que le second est en week-end prolongé à l'occasion du 21 juillet. Ils n'ont que peu de jours devant eux avant les funérailles. Ils vont devoir faire très vite pour mettre des mots sur leurs soupçons, découvrir l'identité du cadavre et les raisons de sa "mort pas très catholique". Roger Staquet le veuf au penchant sérieux pour le marc de Bourgogne et Paul Ben Mimoun le gamin amateur de cigarettes tout juste largué par sa copine vont se jauger, se juger et s'épauler pour cette enquête qui touche le milieu des trafiquants textiles et celui, bien plus dangereux des sugar babies.

L'intrigue progresse agréablement avec indices, récapitulatifs et fausses pistes. On rencontre d'intéressants personnages secondaires. On suit avec intérêt le duo échafauder ses théories, les confirmer ou les infirmer, avec une tension qui va croissant jusqu'à la finale, évidemment différente de ce qu'on aurait pu imaginer, mais miroir d'un grave problème de société.

L'écriture est plaisante, qui se partage entre le portrait des deux policiers, leurs ressemblances et leurs différences, leurs conversations, les différentes pistes et l'enquête elle-même. Bien sûr, on n'est pas terrifié mais agréablement pris dans ce récit noir savamment construit. Ecrit à quatre mains, soit à vingt doigts? "Disons que ce fut une écriture à 10 doigts (2 x 5)", rectifie Patrick Dupuis, "car Agnès et moi nous ne sommes pas pianistes. J'ai demandé à Agnès de m'accompagner alors que j'avais entamé le chemin et que mes personnages commençaient à m'enquiquiner quelque peu (je suis, comme elle, d'abord et avant tout nouvelliste). Je l'ai fait car j'ai toujours considéré que nos univers étaient proches. Ça a bien fonctionné, on s'est d'abord mis d'accord sur la suite qu'il fallait donner à ce qui existait déjà, on a écrit et, ensuite, on a passé un temps fou à se corriger mutuellement, ce qui a donné une unité au roman. J'ajoute qu'on s'est bien amusé." Hé bien, pareil pour la lectrice que je suis, je me suis bien amusée.





















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