Hubert Antoine. |
Pour résumer en trois mots, "Danse de la vie brève" raconte le destin d'une jeune Mexicaine de vingt-trois ans, Melitza, durant l'année 2006. C'est trop peu, car cet exceptionnel premier roman est bien plus que cela. Il est la transposition en littérature de faits réels avec un romanesque assuré et très réussi. Hubert Antoine a choisi de l'écrire sous forme de journaux intimes posthumes. Trois carnets où Melitza consigne ce qui lui arrive durant cette année. Sa rencontre avec Evo à Guadalajara, géant sage et bienveillant dont elle tombe follement amoureuse. Le drame qu'elle vit quand elle est arrêtée par la police en compagnie de son père et d'Evo. Leur fuite durant six mois sur une plage du Pacifique pour se faire oublier et se remettre. Leur retour à la vie organisée en compagnie d'Adrian, un ami de son père qui les installe chez un peintre, à Oaxaca, alors en pleine révolution citoyenne.
Dans ces carnets, Melitza dit tout, ce qui va, ce qui ne va pas, elle nous présente ses proches, raconte sa vie d'orpheline, ses frères, et aussi la réalité du Mexique. C'est une jeune femme libre qui s'exprime, qui aime le sexe comme l'y a encouragée son père. Une jeune femme amoureuse, on l'a dit, qui apprend beaucoup de son beau géant. Une jeune femme bien dans ses baskets, bien dans sa relation avec son père. Une jeune femme engagée aussi, qui sera prise dans le tourbillon d'une démocratie qui dérange.
Hubert Antoine a eu la très bonne idée de faire intervenir le père dans les journaux de sa fille. Ses commentaires sont un superbe contrepoint d'un point de vue littéraire. Il interviendra également en finale avec un "Complément au journal de ma fille", écrit deux ans plus tard. L'écrivain reprend ensuite sa place en rendant hommage au journaliste Bradley Roland Wheyler, mort le 27 octobre 2006 dans la commune livre d'Oaxaca, d'une balle tirée dans le cœur par un mercenaire.
Ce premier roman nous plonge à la fois dans l'histoire récente du Mexique, vue du côté de ses habitants, et dans une magnifique histoire d'amour, folle, inouïe, sans doute consolatrice. Violence et séances de chant ou de danse s'y succèdent magnifiquement, permettant de découvrir des personnages extraordinairement humains. Superbe texte que ce roman qui réinvente l'écriture, séduit et emporte.
Ce lundi 26 mars, dès 19 heures, Hubert Antoine sera à la Maison Autrique pour une rencontre avec le public. A 20h15 commencera une lecture-spectacle de "Danse de la vie brève". Claire Tefnin lira des extraits de cet innovant premier roman, accompagnée musicalement par Gilles Masson, dans une mise en voix d'Emmanuel Dekoninck. A l’issue de la lecture en soirée, un verre est offert, occasion de se rencontrer de manière conviviale en présence de l'auteur, rare sous nos latitudes.
La manifestation est organisée par l'asbl Albertine avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, service de la Promotion des lettres, de la Maison Autrique, de Laïcité-Schaerbeek, des Bibliothèques Communales de Schaerbeek et de Bibla. Elle se déroulera à la Maison Autrique (chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles). Lecture à 20h15, rencontre avec l'auteure à 19 heures.
Renseignements et réservation par mail à albertineasbl@gmail.com ou par téléphone au 02 245 51 87.
Et pour patienter, quelques éléments sur le nouveau roman qu'Hubert Antoine est en train d'écrire. Il ne faudra pas attendre dix ans entre deux publications comme pour le précédent. "Danse de la vie brève" est sorti en 2016, dix ans après "Introduction à tout autre chose" (Verticales), recueil de textes en prose. Il est vrai qu'Hubert Antoine a aussi publié plusieurs livres de poésie, au Cormier et à La Lettre volée.
Ce nouveau livre se déroulera aussi au Mexique. Nom de code ultra-secret: Rio Bravo. Il aura trois héros qui passeront "six mois de sel, de désirs et d'ennui" pas loin de la Plage de Chacala. Pour l'écrire, Hubert Antoine a suivi le Rio Bravo pendant plus de 3.000 kilomètres:
"3064 kms en 6 jours. La distance entre Luxembourg et Damas. J'aurais pu aller liquider Bashar, hop, rapido, vite fait bien fait. Mais non, en fait de liquide, je me suis juste tapé le Rio Bravo, qui tue pas mal lui aussi. Depuis mon volcan de Tequila jusqu'à Ojinaga, frontière texane, j'ai précédé les traces des personnages de mon roman en cours, rempli de migrants. Voyez-vous, c'est de l’authenticité que je cherchais. Paysages précis, sensations au degré près, peur des policiers en chapeaux de cow-boy, repas gratuit offert par des assistantes sociales, mezcal à Durango, bordel à Chihuahua. Un vrai Blueberry, le routier. Et mon frère Olivier qui m'accompagnait en Jim McClure. Mes héros sont prêts à refaire le chemin en suivant les lignes que je vais rapidement écrire, maintenant."
A suivre donc, non sans avoir répondu à la question: combien de tequilas avant de raconter ça?
Mille mercis Lucie, j'étais ravi de faire votre connaissance et de ce moment partagé dans une bonne humeur générale. Toute cette ambiance amicale m'a donné furieusement envie d'écrire plus vite. Du coup je me fouette. Amitiés, Hubert Antoine
RépondreSupprimerj'adore!
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