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jeudi 26 juillet 2018

DTPE 13 La nuit où tout a changé pour Basile

De tout pour l'été, DTPE.
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans, des récits, des essais et des BD. L'été, le temps de relire ou de se rattraper aussi.

Migrants à Calais en 2015. (c) David Pauwels.

"Les étrangers" d'Eric Pessan et Olivier de Solminihac (l'école des loisirs, Médium, 127 pages) est un superbe roman sur les migrants. Etiqueté pour adolescents mais que les adultes liront avec le même emballement. Car ce bref livre sur les réfugiés dépasse le cadre d'un simple témoignage social pour entrer dans le romanesque, donner une approche littéraire à un sujet crucial et confronter en finale chaque lecteur à ses propres questionnements.

L'histoire est celle de Basile, un ado de 15 ans, amoureux de Lou, ami depuis toujours avec Simon, un peu cassé par les problèmes entre ses parents. Un ado ordinaire en quelque sorte. Il habite un coin où passent de nombreux migrants, il le sait. Mais c'est loin de lui. Un soir qu'il traîne aux environs de la gare désaffectée, il reconnaît un ancien copain de classe, Gaëtan, qui a quitté l'école. Ils se parlent.

Basile ne sait pas encore quelle nuit extraordinaire et décisive il va vivre car Gaëtan va lui faire rencontrer des migrants qui tentent de passer en Grande-Bretagne. Pire, il va être confronté au monde terrible des passeurs et à leurs méthodes sauvages. En une nuit, Basile va découvrir la réalité de ces étrangers souvent aussi jeunes que lui, qui ont fui leur pays et se trouvent ici également poursuivis. Il va aussi rencontrer des gens solidaires qui leur viennent en aide, dont l'extraordinaire Mamie. Après ces heures dans le noir, la trouille absolue au ventre, à cause de l'environnement inquiétant, des rencontres avec les gendarmes, de l'expédition pour sauver un gaillard enlevé par les passeurs, Basile va aussi pouvoir régler ses problèmes avec ses parents.

Un roman dur qui dépasse la réalité de son sujet par une remarquable imagination. Un formidable roman tissant le fond et la forme dans une écriture unique, fruit d'un travail d'équipe comme on le lira ci-dessous. Un roman qui fait s'interroger chacun sur ce qu'il ferait personnellement s'il était confronté à la même situation.

Deux noms de romanciers en couverture? Comment ont-ils fait? Olivier de Solminihac me répond: "La réponse à la question est assez simple, en fait. J'ai contacté Eric pour lui proposer que l'on écrive un livre ensemble. Nous n'avions pas d'idée précise, pas de scénario, nous nous sommes simplement mis d'accord sur une image de départ (une gare désaffectée) et une silhouette de personnage. Puis nous avons écrit en alternance (moi les chapitres impairs, Eric les chapitres pairs) en prenant le parti de se laisser surprendre chaque fois. Pour le dernier chapitre, nous avons convenu de procéder différemment: nous nous sommes donné rendez-vous sur Messenger. Le principe était que nous avions chacun à tour de rôle cinq minutes pour écrire, un peu comme dans un match d'improvisation au théâtre."  Eric Pessan confirme: "Je lis vos échanges alors que je suis au-dessus de Marseille, le long d'un GR, écrasé de chaleur. Rien à ajouter. Sinon, le grand plaisir de cette écriture à quatre mains."

Merci au photographe David Pauwels qui m'a permis d'utiliser une de ses photos en illustration. Son site se trouve ici.


Sans oublier
DTPE 1: "Moria" de Marie Doutrepont (récit, 180° éditions)
DTPE 2: "The t'Serstevens collection" (photos, Husson éditeur/IRPA)
DTPE 3: "La maison à droite de celle de ma grand-mère" de Michaël Uras (roman, Préludes)
DTPE 4: "Le passé définitif" de Jean-Daniel Verhaeghe (roman, Serge Safran éditeur)
DTPE 5: "Ecrire en marchant" de Chantal Deltenre (récit, maelström reEvolution)
DTPE 6: "Encyclopædia Inutilis" de Hervé Le Tellier (nouvelles, Le Castor Astral)
DTPE 7: "Poisson dans l'eau" d'Albane Gellé et Séverine Bérard (jeunesse) et "Trente cette mère - maintenant" de Marcella et Pépée (poésie, Editions Les Carnets du Dessert de Lune)
DTPE 8: "Christian Bérard clochard magnifique" de Jean Pierre Pastori (biographie, Séguier)
DTPE 9: "N'essuie jamais de larmes sans gants" de Jonas Gardell (roman, Gaïa)
DTPE 10: "Terres promises" de Milena Agus (roman, Liana Levi)
DTPE 11: "Peut-être pas immortelle" de Frédéric Boyer et "Deuil" de Dominique Fourcade (poésie et récit, P.O.L.)
DTPE 12: "Maria" d'Angélique Villeneuve (roman, Grasset)

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