L'autruche vivait au zoo depuis sa naissance. (c) Albin Michel
Jeunesse. |
Ce n'est pas Gilles Bachelet qui me démentira, l'autruche est un oiseau extrêmement jubilatoire à dessiner (lire ici et se rappeler son album "Il n'y a pas d'autruches dans les contes de fées", Seuil Jeunesse, 2008). La preuve encore avec le tout nouvel album de Roxane Lumeret, "Le caramel du jurassique" (Albin Michel Jeunesse, 56 pages), figurant dans la sélection "livre illustré" des Pépites 2020 de Montreuil (lire ici). Un album fantastique qui met en scène une autruche éprise de liberté et à la recherche de ses origines. Son rapport avec le titre? Patience, ce sera un des ressorts du rebondissement final et une allusion fine à une amitié forte.
On découvre l'Autruche dans sa cage du zoo, entre celles de ses voisins, le zèbre
électrique et le tigre blanc. On remarque tout de suite que les animaux
de différentes espèces, en semi-liberté, ne sont pas mieux lotis. Ils ont
chacun un boulet au bout d'une chaîne attachée à un pied. En solidarité, le
soleil fait pareil. Car chez
Roxane Lumeret, découverte en 2015 avec "L'enciellement de Maman" (lire ici), les
détails des dessins participent autant à l'histoire que les scènes
principales, et cela se vérifiera dans chacune des doubles pages de cet album
fort attachant.
L'héroïne qui ne connaît rien de son passé, même pas le plus récent de l'œuf
dans lequel elle a grandi, a l'occasion de s'enfuir avec la Souris de
Californie. Les deux commères traversent le mur de briques, découpé comme un
dessin de l'Egypte ancienne, indice d'une future rencontre, et se rendent en
ville. Là il leur faut se cacher et se séparer. La Souris file dans la
boutique Fromagique, une enseigne au nom choisi comme d'autres, l'Autruche se coulera dans la fontaine avec les sirènes. Si elle se restaure
au matin de mets bizarres qu'on reconnaît aux déformations de son cou, elle y
trouve surtout une page d'offres d'emploi.
Le Musée paléontologique recherche un gardien. Ce sera elle, après un
entretien brillamment réussi avec le Directeur, pas complètement libéré des
bandelettes de son sarcophage. Les deux conviennent que l'emploi sera occupé
de nuit. En effet, un avis de recherche avec récompense à propos de la
disparition de l'Autruche est apparu.
Tout va donc bien, et tout va même très bien pour l'Autruche qui retrouve ses
ancêtres dans les squelettes de dinosaures exposés. Quelle joie pour elle! Son
plumet antistatique naturel est parfait pour dépoussiérer ces vieux ossements.
Les scènes se suivent, montrant plusieurs espèces de la Préhistoire
parfaitement représentées et faisait apparaître les incroyables décors de ce
musée. C'est à la fois bon enfant, joyeux et complètement farfelu.
L'Autruche se sent chez elle au musée. (c) Albin Michel Jeunesse. |
Jusqu'au jour où un nouveau directeur arrive, moderne, efficace, insensible à
son métier. C'est bien simple, il veut remplacer les squelettes des dinosaures
par des hologrammes et les donner à manger à des chiens. Cela, l'Autruche ne
peut l'admettre. Avec son amie, la Souris d'Amérique, providentiellement
réapparue à cause d'un... caramel du jurassique, elle va déployer une incroyable
stratégie qui aura une issue très heureuse, la preuve dans les petits soleils
du ciel qui, comme les petites lunes, ont assorti leurs émotions aux péripéties de cette excellente histoire d'émancipation et de solidarité.
A partir de 5 ans.
Les dinos à la sauce pop
Reporté de mars à octobre pour cause de confinement, le moyen format "Le livre des secrets de mon dinosaure préféré" de Maxime Derouen (Grasset Jeunesse, 80 pages) est une régalante célébration des exposés à l'école. Chacun des élèves de la classe, tous des animaux différents qui y arrivent à bord de curieux moyens de locomotion, a préparé un exposé sur son dinosaure préféré. Onze élèves vont successivement prendre la parole. Une chance pour les jeunes lecteurs qui, de génération en génération, apparaissent toujours autant fascinés par les dinosaures.
Le hérisson commence avec le stégosaure, qu'il présente dans les différentes cases de cet album proche de la bande dessinée, par des comparaisons accessibles, un cerveau de la taille d'un gland, grand comme un autobus, avec des écailles thermorégulatrices et extrêmement résistantes. Le taureau préfère, lui, le pachycéphalosaure dont il va partager à ses copains les caractéristiques, et ainsi de suite dans une belle ronde de couleurs et d'informations jusqu'à ce qu'arrive le tour de l'éléphant qui a choisi le mammouth! Erreur, lui glisse son public, très bien informé. Les enfants ont raison mais le mammouth fait aussi partie des animaux qui ont disparu.
Voilà un petit album aux couleurs flash qui, sous couvert d'humour, partage beaucoup d'informations pertinentes, accessibles aux plus jeunes. Ce sont chaque fois des séquences de trois doubles pages, une bonne mesure à cet âge. On savourera aussi les mimiques des orateurs et les correspondances entre les orateurs et la forme des sujets qu'ils ont choisis. A partir de 4 ans.
Le début de la séquence sur le spinosaure. (c) Grasset Jeunesse. |
Des dinos aux rayons X
Venu de Corée, l'album "L'hôpital des dinosaures" de Hye-Won Kyung (traduit de l'anglais, Versant Sud, 60 pages) a opté pour le biais de l'humour afin de nous présenter les caractéristiques de différents dinosaures, grand dada de l'auteure-illustratrice. Les représentants d'une petite dizaine d'espèces se rendent en effet à l'hôpital pour différents bobos, souvent inspirés de leur nom. Le Docteur Troodon les reçoit, assisté de son infirmière Poulette. Il écoute chacun de ses patients, les passe au rayons X et les réconforte du mieux qu'il peut. En parallèle aux saynètes, cet album très réussi fournit une foule d'informations scientifiques.
Le premier patient. (c) Versant Sud. |
Rayons X. (c) Versant Sud. |
On va successivement rencontrer de cette façon amusée et amusante un diplodocus qui se plaint de torticolis, un maiasaura femelle qui s'oublie au bénéfice de ses petits, un stegoceras à la tête particulièrement dure, un oviraptor accusé de vol d'œuf, un protoceratops qui s'est battu avec un vélociraptor, un tyrannosaure plaintif et bien sûr on aura les mêmes infos à propos du docteur Troodon.
Plein d'humour et agréablement mis en page, cet album glisse une foule d'informations sur carnivores ou herbivores d'une manière pratique qui permet aux jeunes lecteurs (à partir de 4/5 ans) de bien les comprendre.
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