Pile une semaine après la remise du prix Goncourt et en pleines célébrations du 11 novembre et des premières commémorations du centenaire de la guerre 1914-1918, le tout étant lié puisque Pierre Lemaitre a obtenu le Goncourt 2013 pour "Au revoir, là-haut" (Albin Michel), roman traitant de la Grande guerre, je suis en mesure de vous offrir un pastiche du texte du nouveau lauréat.
Pile une semaine après le Goncourt, alors qu'il n'est même pas encore 12h45.
Rappelez-vous, lundi dernier, on se mettait en ambiance Goncourt, sérieusement avec Pierre Assouline ("Du côté de chez Drouant", Gallimard), moins sérieusement avec Etienne Liebig, grand pasticheur et jazzeur devant l'Eternel, auteur de "Le prochain Goncourt" (Michalon).
Et j'invitais ce dernier à se mettre au travail immédiatement (dernière ligne de ma note de blog).
Hé bien, il l'a fait! Et son texte est trop rigolo.
Le voici, assortis de mes remerciements... éternels.
- Bonjour Le Caf ‘, bonjour Maurice.
Le était plus petit, moins imposant que l’autre jour, au combat. On imagine que les chefs sont grands. Celui-ci, rendu à la vie civile semblait normal. Sans le bonnet rouge et la fumée des gaz, il n’inquiétait plus. Il ne ressemblait plus à un chef mais à un éleveur de poulets industriels pour la grande distribution et les écoles publiques. Très courtois, il leur offrit un siège et sortit une bouteille de chouchen.
- Vous boirez bien quelque chose, dit-il d’une voix monocorde. Il se tut et reprit, j’ai appris pour ton doigt, c’est moche mon pauvre ! Mais tu vas t’en sortir, j’en suis sûr. Et puis nous avons gagné notre combat, l’écotaxe recule partout, le pays est derrière nous, conclut-il, enjoué.
Chacun but dans un silence respectueux. Le était fier de lui et de son opération contre les portiques. Marine Le Pen portait un bonnet rouge et les combattants contre le mariage gay les avaient rejoints. C’était un signe fort. On pouvait en déduire aisément que les socialistes et les écolos étaient des tapettes contrairement aux Bretons. René grimaça soudain, les lancements de son doigt le reprirent, la sueur coula sur son visage déformé par la douleur. Le se leva d’un bond :
- Je vais te chercher quelque chose pour te soulager, dit-il.
Lorsqu’ils furent seuls, Maurice étendit prestement sa main vers le bureau de et s’empara d’une pile de papiers qu’il tria rapidement. Une facture lui parut suspecte, il la lut. Ses craintes se confirmèrent, il la tendit à son ami.
- Nom d’un poulet de Bresse s’écria Le Caf’. J’en étais sûr ! Ce salaud a trahi Armor Lux, la marque des marinières des ministres de gauche.
- 3.000 ! Lâcha René.
- 3.000 quoi ?
- 3.000 euros. J’ai fait un bref calcul : 6.000 bonnets rouges à 5 euros à la place de 7, Le s’est mis au moins 3.000 euros dans la poche dit Le Cafaouët à la limite de la nausée. Pendant qu’il y en a qui se cassent les ongles, il y en a d’autres qui font fortune. C’est dégueulasse.
Maurice glissa la facture dans sa poche. Ils avaient maintenant une preuve de la forfaiture de Le . Justement, ce dernier revint, il avait une petite fiole dans sa main.
- Tiens, Le Caf’, c’est un mélange de fiente de poulet, de chouchen et d’algues vertes que je fais pousser moi-même, dit-il en tendant la mystérieuse crème à son ami. C’est une recette de ma grand-mère.
René s’en empara en remerciant mais maintenant, il avait hâte de quitter cette maison et retourner chez lui pour y finir ses jours en touchant les subventions de la PAC. Avant de partir, Maurice se tourna vers Le :
- Alors dis-moi, ils étaient beaux, ces bonnets rouges, non ? dit-il sur un ton moqueur.
- Nous étions tous beaux, on est beau quand on résiste, éluda l’autre.
- Oui mais la qualité des bonnets, je veux dire ! Belle qualité, non ? ajouta Maurice, insistant.
- Bah, ils viennent d’Armor Lux, la grande entreprise qui habille les ministres de gauche. Une entreprise bretonne, dit le Guilvinec avec Fierté !
-Et ça ? fit Maurice, en exhibant la facture chinoise dont même le papier était de mauvaise qualité.
Le Guilvinec, s’arrêta un instant dans son élan. Il se rendait compte que sa renommée et peut-être celle de sa famille et sa grand-mère qui fabriquait des onguents à base de caca de poule risquait de voler en éclats. Il s’assit, soudain défait, exsangue. Il mit sa tête dans ses mains :
- Mon Dieu, qu’ai-je fait ! dit-il en pleurant de grosses larmes.
Le Caf’ et Gwendal se tenaient dans l’embrasure de la porte et regardaient sans pitié cet homme, qui avait été un héros, pleurer maintenant. Ils pensèrent que tous les Bretons qui ce jour-là avaient pris le 113 rue Hoche étaient vengés. Ils en ressentirent une légitime fierté. Sans dire un mot, ils tournèrent les talons et reprirent leur chemin, la tête haute, les idées claires. Ils étaient à dix mètres environ lorsqu’ils entendirent, brouillée par le caquètement des poulets, la voix de Le Guilvinec :
- Le Caf’, je te paierai la manucure, jusqu’à la fin de tes jours, criait-il.
Le surlendemain, Le Guilvinec comprit qu’il devait abandonner l’élevage de poulets en batterie pour devenir importateur de bonnets de toutes les couleurs. Il laissa son exploitation au Crédit agricole qu’il n’avait pas fini de rembourser.
Lucienne rentra au bercail, son fabriquant de gaz lacrymogène la faisait trop pleurer.
Le Cafaouët eut les plus jolis ongles de toute la Bretagne. Quant à Maurice Gwendal, il continua de se faire exploiter avec ou sans écotaxe.
Quand on écrit n’importe quoi, on n’a même pas besoin de documentation. C’est mon cas.
Pile une semaine après le Goncourt, alors qu'il n'est même pas encore 12h45.
Rappelez-vous, lundi dernier, on se mettait en ambiance Goncourt, sérieusement avec Pierre Assouline ("Du côté de chez Drouant", Gallimard), moins sérieusement avec Etienne Liebig, grand pasticheur et jazzeur devant l'Eternel, auteur de "Le prochain Goncourt" (Michalon).
Et j'invitais ce dernier à se mettre au travail immédiatement (dernière ligne de ma note de blog).
Hé bien, il l'a fait! Et son texte est trop rigolo.
Le voici, assortis de mes remerciements... éternels.
Au revoir l’écotaxe
Le Guilvinec était ce qu’on appelle un bel homme, pas cette beauté dont raffolent les dames de la haute, c’est sûr mais un sacré gaillard, grand et sauvage. Une beauté que la fréquentation de la terre n’a pas affinée. Le Guilvinec court, il se dit qu’il est ridicule avec son bonnet rouge, lui, un Breton, le bonnet, ça le tue. Les flics ne sont pas loin, il sait qu’il ne faut pas reculer, si lui recule, tout le syndicat reculera et l’écotaxe passera. Alors il avance par petites touches, il faut à tout prix prendre le magasin de fringues du 113 rue Hoche. Il avait échappé à une première salve de gaz lacrymogène et marchait maintenant avec un mouchoir sur le nez. Quatre heures, quatre heures que cet affrontement durait maintenant. On lui avait dit, il y en aura pour une heure, tu seras chez toi à 15h pour donner à manger à tes poulets, mais non ! Un boulon de 8 lui passa au-dessus du crâne, il se dit que cela aurait pu être pour lui. Il plongea en avant pour se cacher derrière le tracteur d’un combattant. Il lui sembla que les éleveurs de porcs en batterie reculaient face à l’ennemi, il fit un signe de ralliement, les autres suivirent. Le Guilvinec était assez fier d’avoir redonné le courage à ses troupes. C’est ça un chef, pensa-t-il.
René Le Cafaouët n’était pas du même monde que son délégué syndical. Lui, c’était un homme simple, un ouvrier agricole.
Pourquoi ?
Le hasard sans doute.
On l’appelait souvent le Caf’ sans doute parce que sa mère touchait un bon paquet des allocations familiales. Ça lui allait bien, le Caf’. Il aurait préféré rester chez lui à regarder «le journal de la santé » plutôt que de venir se battre ici pour prendre le « 113 » pour le 113 rue Hoche comme disait Le . René avança prudemment, il avait tenu trois heures sans se faire mal, il n’allait pas prendre trop de risques maintenant. Il marche prudemment, voyant d’autres courir autour de lui quand soudain, tel un vol d’insectes immonde et puant, une fumée âpre et acide le prend la gorge, il essaye en vain de faire demi-tour mais il ne voit rien, ses yeux sont aveuglés, il ne perçoit même plus les cris et les bruits alentours, pris dans un coton effrayant. Soudain il bute contre un objet et chute lourdement. Dans la bousculade il sait qu’il risque d’être piétiné, il roule sur le côté pour se mettre à l’abri. Il est à terre, il respire par petites bouffées pour ne pas s’asphyxier, il sait qu’il va rater « Questions pour un champion », maintenant c’est sûr. Il repense à Lucienne, sa femme qui l’attend devant la télé.
Il est pris d’une sorte de malaise. Il ferme les yeux.
Le syndicaliste René Le Cafaouët s’est retourné un ongle.
Le Guilvinec a vu tomber Le Cafaouët mais il est trop loin pour intervenir. Les flics y vont fort quand même. Lui ne s’arrête pas, il progresse. Derrière, le jeune Maurice Gwendal, un gamin qui pêche la sardine avec son père a retiré son bonnet rouge en signe de refus de la violence. Il s’approche de son ami Le Cafaouët qui git sur les pavés. C’est la première fois qu’il voit de si près un ongle retourné, il a envie de vomir. L’autre, en gisant, lui tend son portable.
- Préviens Lucienne que je ne rentrerai pas voir « Questions pour un champion » les flics résistent, les salauds.
Maurice écrit.
Chérie, ne m’attends pas mais enregistre si tu peux, je suis retenu. Ton René.
Maurice reprend son chemin, il aimerait atteindre la boutique du 113 pour voir s’il peut piquer quelques fringues. Il roule un pétard pour oublier sa guerre et reprend son chemin. Rien maintenant ne pouvait lui faire peur.
Le médecin fut formel, on ne pouvait pas continuer comme ça, il fallait ralentir puis arrêter la consommation de cannabis. Un Breton, ça picole, ça ne fume pas. On devient vite dépendant de cette drogue. Mais Maurice en avait vu des choses, ce jour-là, des choses qu’il ne pouvait répéter. Grâce à ses joints, il parvenait à fermer sa gueule mais s’il l’ouvrait un jour ? Ce midi, il était invité chez Le Cafaouët qui habitait dans le Finistère, le pauvre ne s’était pas remis de sa blessure et la souffrance le rendait fou en dépit du Chouchen et de l’alcool de pommes de terre qu’il distillait dans sa grange.
Le Caf était en larmes, la douleur était insupportable, son ongle ne se remettrait jamais, il le savait et devait vivre avec cette insupportable image de lui. Lucienne l’avait quitté pour le fabriquant de gaz lacrymogène breton qui avait fait fortune, il se retrouvait seul comme un animal abandonné, encore bercé des illusions de ce combat qu’il croyait avoir gagné, mais à quel prix ? Maurice entra dans la maison vide, il ressentit un étrange pressentiment puis il vit son copain de combat, il était amaigri, pâle, chancelant :
- Ca va pas, le Caf ? dit-il en entrant dans la chambre.
- Ce ne sera plus jamais comme avant, risqua René qui reconnaissait à peine Gwendal. Lucienne est partie. Je voudrais crever mais je n’en n’ai pas le courage et puis, j’ai vu des choses.
- Moi aussi, j’ai vu des choses et crois-moi, je n’ai qu’un envie, c’est retrouver ce Le et lui dire ses quatre vérités, ajouta, péremptoire, Maurice Gwendal.
Les deux hommes s’assirent autour de la table et René sortit une bouteille d’eau de vie de pommes. Ils se roulèrent un pétard de cannabis de la région mais Le Cafaouët n’oubliait pas la douleur qui le torturait. Son ami ne regardait jamais ses doigts pour ne pas le gêner mais la vision de cet ongle déchiqueté le désolait. Pour lui, en plus de la douleur physique, il y avait la honte psychologique. Ils ne pouvaient pas ne rien faire, ne rien dire.
Pourquoi repartirent-ils à Brest ? Pourquoi enfilèrent-ils leurs bonnets rouges ? Peut-être s’étaient-ils résolus à affronter la réalité ? Il le fallait pour le Caf’, il avait perdu un ongle, sa femme, il ne perdrait pas l’honneur.
René Le Cafaouët n’était pas du même monde que son délégué syndical. Lui, c’était un homme simple, un ouvrier agricole.
Pourquoi ?
Le hasard sans doute.
On l’appelait souvent le Caf’ sans doute parce que sa mère touchait un bon paquet des allocations familiales. Ça lui allait bien, le Caf’. Il aurait préféré rester chez lui à regarder «le journal de la santé » plutôt que de venir se battre ici pour prendre le « 113 » pour le 113 rue Hoche comme disait Le . René avança prudemment, il avait tenu trois heures sans se faire mal, il n’allait pas prendre trop de risques maintenant. Il marche prudemment, voyant d’autres courir autour de lui quand soudain, tel un vol d’insectes immonde et puant, une fumée âpre et acide le prend la gorge, il essaye en vain de faire demi-tour mais il ne voit rien, ses yeux sont aveuglés, il ne perçoit même plus les cris et les bruits alentours, pris dans un coton effrayant. Soudain il bute contre un objet et chute lourdement. Dans la bousculade il sait qu’il risque d’être piétiné, il roule sur le côté pour se mettre à l’abri. Il est à terre, il respire par petites bouffées pour ne pas s’asphyxier, il sait qu’il va rater « Questions pour un champion », maintenant c’est sûr. Il repense à Lucienne, sa femme qui l’attend devant la télé.
Il est pris d’une sorte de malaise. Il ferme les yeux.
Le syndicaliste René Le Cafaouët s’est retourné un ongle.
Le Guilvinec a vu tomber Le Cafaouët mais il est trop loin pour intervenir. Les flics y vont fort quand même. Lui ne s’arrête pas, il progresse. Derrière, le jeune Maurice Gwendal, un gamin qui pêche la sardine avec son père a retiré son bonnet rouge en signe de refus de la violence. Il s’approche de son ami Le Cafaouët qui git sur les pavés. C’est la première fois qu’il voit de si près un ongle retourné, il a envie de vomir. L’autre, en gisant, lui tend son portable.
- Préviens Lucienne que je ne rentrerai pas voir « Questions pour un champion » les flics résistent, les salauds.
Maurice écrit.
Chérie, ne m’attends pas mais enregistre si tu peux, je suis retenu. Ton René.
Maurice reprend son chemin, il aimerait atteindre la boutique du 113 pour voir s’il peut piquer quelques fringues. Il roule un pétard pour oublier sa guerre et reprend son chemin. Rien maintenant ne pouvait lui faire peur.
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Le médecin fut formel, on ne pouvait pas continuer comme ça, il fallait ralentir puis arrêter la consommation de cannabis. Un Breton, ça picole, ça ne fume pas. On devient vite dépendant de cette drogue. Mais Maurice en avait vu des choses, ce jour-là, des choses qu’il ne pouvait répéter. Grâce à ses joints, il parvenait à fermer sa gueule mais s’il l’ouvrait un jour ? Ce midi, il était invité chez Le Cafaouët qui habitait dans le Finistère, le pauvre ne s’était pas remis de sa blessure et la souffrance le rendait fou en dépit du Chouchen et de l’alcool de pommes de terre qu’il distillait dans sa grange.
Le Caf était en larmes, la douleur était insupportable, son ongle ne se remettrait jamais, il le savait et devait vivre avec cette insupportable image de lui. Lucienne l’avait quitté pour le fabriquant de gaz lacrymogène breton qui avait fait fortune, il se retrouvait seul comme un animal abandonné, encore bercé des illusions de ce combat qu’il croyait avoir gagné, mais à quel prix ? Maurice entra dans la maison vide, il ressentit un étrange pressentiment puis il vit son copain de combat, il était amaigri, pâle, chancelant :
- Ca va pas, le Caf ? dit-il en entrant dans la chambre.
- Ce ne sera plus jamais comme avant, risqua René qui reconnaissait à peine Gwendal. Lucienne est partie. Je voudrais crever mais je n’en n’ai pas le courage et puis, j’ai vu des choses.
- Moi aussi, j’ai vu des choses et crois-moi, je n’ai qu’un envie, c’est retrouver ce Le et lui dire ses quatre vérités, ajouta, péremptoire, Maurice Gwendal.
Les deux hommes s’assirent autour de la table et René sortit une bouteille d’eau de vie de pommes. Ils se roulèrent un pétard de cannabis de la région mais Le Cafaouët n’oubliait pas la douleur qui le torturait. Son ami ne regardait jamais ses doigts pour ne pas le gêner mais la vision de cet ongle déchiqueté le désolait. Pour lui, en plus de la douleur physique, il y avait la honte psychologique. Ils ne pouvaient pas ne rien faire, ne rien dire.
Pourquoi repartirent-ils à Brest ? Pourquoi enfilèrent-ils leurs bonnets rouges ? Peut-être s’étaient-ils résolus à affronter la réalité ? Il le fallait pour le Caf’, il avait perdu un ongle, sa femme, il ne perdrait pas l’honneur.
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- Bonjour Le Caf ‘, bonjour Maurice.
Le était plus petit, moins imposant que l’autre jour, au combat. On imagine que les chefs sont grands. Celui-ci, rendu à la vie civile semblait normal. Sans le bonnet rouge et la fumée des gaz, il n’inquiétait plus. Il ne ressemblait plus à un chef mais à un éleveur de poulets industriels pour la grande distribution et les écoles publiques. Très courtois, il leur offrit un siège et sortit une bouteille de chouchen.
- Vous boirez bien quelque chose, dit-il d’une voix monocorde. Il se tut et reprit, j’ai appris pour ton doigt, c’est moche mon pauvre ! Mais tu vas t’en sortir, j’en suis sûr. Et puis nous avons gagné notre combat, l’écotaxe recule partout, le pays est derrière nous, conclut-il, enjoué.
Chacun but dans un silence respectueux. Le était fier de lui et de son opération contre les portiques. Marine Le Pen portait un bonnet rouge et les combattants contre le mariage gay les avaient rejoints. C’était un signe fort. On pouvait en déduire aisément que les socialistes et les écolos étaient des tapettes contrairement aux Bretons. René grimaça soudain, les lancements de son doigt le reprirent, la sueur coula sur son visage déformé par la douleur. Le se leva d’un bond :
- Je vais te chercher quelque chose pour te soulager, dit-il.
Lorsqu’ils furent seuls, Maurice étendit prestement sa main vers le bureau de et s’empara d’une pile de papiers qu’il tria rapidement. Une facture lui parut suspecte, il la lut. Ses craintes se confirmèrent, il la tendit à son ami.
Au bonnet Chinois
Bonnets rouges et rouges bonnets
Confection à la demande
Shanghaï
Catalogue.
Bonnets rouges et rouges bonnets
Confection à la demande
Shanghaï
Catalogue.
- Nom d’un poulet de Bresse s’écria Le Caf’. J’en étais sûr ! Ce salaud a trahi Armor Lux, la marque des marinières des ministres de gauche.
- 3.000 ! Lâcha René.
- 3.000 quoi ?
- 3.000 euros. J’ai fait un bref calcul : 6.000 bonnets rouges à 5 euros à la place de 7, Le s’est mis au moins 3.000 euros dans la poche dit Le Cafaouët à la limite de la nausée. Pendant qu’il y en a qui se cassent les ongles, il y en a d’autres qui font fortune. C’est dégueulasse.
Maurice glissa la facture dans sa poche. Ils avaient maintenant une preuve de la forfaiture de Le . Justement, ce dernier revint, il avait une petite fiole dans sa main.
- Tiens, Le Caf’, c’est un mélange de fiente de poulet, de chouchen et d’algues vertes que je fais pousser moi-même, dit-il en tendant la mystérieuse crème à son ami. C’est une recette de ma grand-mère.
René s’en empara en remerciant mais maintenant, il avait hâte de quitter cette maison et retourner chez lui pour y finir ses jours en touchant les subventions de la PAC. Avant de partir, Maurice se tourna vers Le :
- Alors dis-moi, ils étaient beaux, ces bonnets rouges, non ? dit-il sur un ton moqueur.
- Nous étions tous beaux, on est beau quand on résiste, éluda l’autre.
- Oui mais la qualité des bonnets, je veux dire ! Belle qualité, non ? ajouta Maurice, insistant.
- Bah, ils viennent d’Armor Lux, la grande entreprise qui habille les ministres de gauche. Une entreprise bretonne, dit le Guilvinec avec Fierté !
-Et ça ? fit Maurice, en exhibant la facture chinoise dont même le papier était de mauvaise qualité.
Le Guilvinec, s’arrêta un instant dans son élan. Il se rendait compte que sa renommée et peut-être celle de sa famille et sa grand-mère qui fabriquait des onguents à base de caca de poule risquait de voler en éclats. Il s’assit, soudain défait, exsangue. Il mit sa tête dans ses mains :
- Mon Dieu, qu’ai-je fait ! dit-il en pleurant de grosses larmes.
Le Caf’ et Gwendal se tenaient dans l’embrasure de la porte et regardaient sans pitié cet homme, qui avait été un héros, pleurer maintenant. Ils pensèrent que tous les Bretons qui ce jour-là avaient pris le 113 rue Hoche étaient vengés. Ils en ressentirent une légitime fierté. Sans dire un mot, ils tournèrent les talons et reprirent leur chemin, la tête haute, les idées claires. Ils étaient à dix mètres environ lorsqu’ils entendirent, brouillée par le caquètement des poulets, la voix de Le Guilvinec :
- Le Caf’, je te paierai la manucure, jusqu’à la fin de tes jours, criait-il.
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Epilogue
Le surlendemain, Le Guilvinec comprit qu’il devait abandonner l’élevage de poulets en batterie pour devenir importateur de bonnets de toutes les couleurs. Il laissa son exploitation au Crédit agricole qu’il n’avait pas fini de rembourser.
Lucienne rentra au bercail, son fabriquant de gaz lacrymogène la faisait trop pleurer.
Le Cafaouët eut les plus jolis ongles de toute la Bretagne. Quant à Maurice Gwendal, il continua de se faire exploiter avec ou sans écotaxe.
Et pour finir…..
Quand on écrit n’importe quoi, on n’a même pas besoin de documentation. C’est mon cas.
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