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mercredi 15 avril 2015

Extra et tout de suite indispensable, le rhino nonsense de Shel Silverstein

Depuis Pioupiou, le petit moineau vert de la pub qui nous le serinait en 1968, on sait qu'"on a toujours besoin d'un petit pois chez soi".

Aujourd'hui, grâce au formidable auteur-illustrateur américain Shel Silverstein (né en 1930 ou 1932 selon les sources, décédé en 1999), on découvrira aussi qu'"On a toujours besoin d'un rhinocéros chez soi" (traduit de l'anglais par Christian Demilly, Grasset Jeunesse, 64 pages). Un classique américain qu'on ne lâche plus dès qu'on l'a ouvert.

Une pure merveille d'humour et d'imagination teintée de tendresse  que cet album en noir et blanc publié en 1964 sous le titre "Who wants a Cheap Rhinoceros?". Malgré ses dix-sept langues de traduction et ses 255.000 exemplaires vendus depuis sa sortie, il nous revient maintenant en français
- après un petit tirage en édition bilingue chez Passage Piétons en 2005 sous le titre "Le rhino facile". Et il s'avère tout de suite indispensable - grâces soient rendues à son éditrice. On se rappellera qu'il parut la même année que "The giving Tree" ("L’arbre généreux", traduit à l'école des loisirs en 1982), "A Giraffe and a half" ("A girafe, girafe et demie", traduit chez Passage Piétons en 2006) et "Uncle Shelby's Zoo: Don't Bump the Glump! and Other Fantasies" (non traduit). Mais on sait que le génial Américain a peu traversé l'océan Atlantique malgré l'abondance et l'excellence de son œuvre (lire ici).

"On a toujours besoin d'un rhinocéros chez soi" commence par une petite annonce: "A vendre".
En voici le détail: "Rhinocéros à prix imbattable. Oreilles tombantes, pattes bruyantes, queue remuante. Doux, rondouillard, câlin et sage comme une image, il est le compagnon de toute la maison et saura vite se rendre utile..."
Pas encore d'image...
Le frère et la sœur qui découvrent la pancarte sont tout de suite séduits, on le serait à moins.
Les pages suivantes nous montrent les gamins dans leur vie quotidienne avec leur rhinocéros de compagnie.

Gratte-dos. (c) Grasset Jeunesse.
Porte-manteau. (c) Grasset Jeunesse.
C'est drôlissime de bout en bout, plein d'idées dont certaines de génie.
Shel Silverstein a un incomparable sens du trait pour représenter les expressions de son rhino: serviable quand il sert de porte-manteau, efficace en gratte-dos, fier de se transformer en joli lampion, complice en brouteur de mauvaises notes, féroce quand il se situe dans le camp de l'enfant contre le parent... mais peu doué pour ouvrir une porte, voir où il met parfois les pattes ou finir les restes du repas.

Les scènes se succèdent en simples ou doubles pages, jubilatoires et redoutables d'inventivité et d'humour.

Toujours partant pour la corde à sauter... (c) Grasset Jeunesse.
... mais chacun son tour. (c) Grasset Jeunesse.
Le rhinocéros fait vraiment partie de la famille et des jeux des enfants: pirate, ouvre-canette,  aide culinaire de la mamie, assistant en tricot de la tantine. Les multiples scènes nous le présentent en situation, à la maison ou à la mer.

De nouvelles idées fusent à toutes les pages et comme l'album est bien épais, on est vite pris par le jeu, avide de découvrir la nouvelle trouvaille, pressé de voir quelle sera la mimique suivante du rhinocéros. Tout le quotidien d'une famille est revisité grâce à l'aimable mastodonte de compagnie, plein de ressources.

C'est épatant de bout en bout, jusqu'à la finale qui fixe la tendresse présente en filigrane précédemment. Voilà un album complètement à hauteur d'enfant qui dynamite les méninges et dynamise les zygomatiques. Son nonsense n'a pas pris une ride et le titre se révèle parfaitement exact: "On a toujours besoin d'un rhinocéros chez soi."

Parce que le rire est le propre de l'homme, et celui de l'enfant bien entendu, il faut se précipiter sur cet album exceptionnel de simplicité et d'efficacité de Shel Silverstein.


Ici, une brève animation sur la scène de la corde à sauter.






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