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vendredi 28 septembre 2018

L'été de tous les (im)possibles d'Antoine

Mathieu Pierloot. (c) Julien Lambrechts.

Le roman pour ados contemporain, cette "terra incognita" à propos de laquelle les meilleurs spécialistes mondiaux s'interrogent pour en trouver le chemin d'accès. Comme s'il y avait des recettes! Alors qu'il suffit d'écrire juste. C'est ce que le Belge Mathieu Pierloot a fait avec son excellent "Summer Kids" (l'école des loisirs, Médium, 158 pages). Un roman pour ados moderne, mêlant playlists et textos, sur le sujet éternel de l'amour. Une écriture exigeante et en même temps régalante.

Les "Summer Kids", ce sont Antoine, le narrateur, Mehdi et Alice, trio d'inséparables devenue quatuor avec l'arrivée en classe, dix ans plus tôt, d'une nouvelle, Hannah. Hannah avec qui Antoine vient de rompre après 423 jours de relation amoureuse. Le "Summer" est celui qui se présente quand le bac est en poche, les études secondaires terminées, et qu'il s'agit pour ces grands ados, ces pas encore adultes, de trouver dans quelle voie supérieure ils vont s'orienter. Les choses sont encore plus compliquées pour le narrateur, confronté également au nouveau compagnon de sa mère, plutôt dans le genre new age, aux absences répétées de cette dernière, à l'adolescence de son petit frère, à l'invisibilité de son père, et, surtout, à ce chagrin d'amour qui le terrasse et à ses piètres tentatives d'en sortir par l'alcool ou des sorties tumultueuses. Sans compter ce petit boulot d'été qu'il a pris dans une maison de retraite et qui va le cogner à l'univers de la vieillesse. Un texte dont l'écriture a été accompagnée par l'album "Post-Everything" de Sylvain Chauveau, en dit l'auteur, enseignant et scénariste par ailleurs.

Pour Mathieu, cet été-là, ce n'est ni "Sea, sex and sun" ni "Sea, sex and rock'n roll". Ce sera un été de tous les possibles dont les épisodes s'enchaînent, au fil des dialogues, des rencontres du narrateur avec de merveilleux personnages secondaires et des événements pas toujours attendus. Amour, chagrin, angoisses, questionnements, résistance, rien de vraiment révolutionnaire sous le soleil, sauf l'écriture Pierloot, fine, dynamique, lumineuse, proche des personnages, avec un sens impeccable de la formule et de l'ellipse, qui élève ce roman pour ados, à mille lieues de toute caricature, loin au-dessus des autres. Jusqu'aux bienvenues notes d'espoir en finale.

Compléments

Le roman mentionne plusieurs chansons et morceaux qu'il est possible d'écouter sur Spotify ici, ici et ici.

"Summer Kids" reprend sans le mentionner les personnages d'"En grève" paru en 2016 dans la même collection. Alors qu'il n'est absolument pas nécessaire d'avoir lu le premier pour apprécier le second. Un second qui pourrait devenir deuxième puisque Mathieu Pierloot a en tête un troisième épisode.


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