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vendredi 26 septembre 2025

Itinéraire d’un père engagé

Première page de "Un père". (c) Casterman.

Personne n'a oublié "Le petit frère", la bande dessinée que JeanLouis Tripp a consacrée il y a trois ans à son petit frère mort à cause d'un chauffard (lire ici). Pendant qu'il la réalisait, sa petite sœur Cécile a admiré la façon dont il dessinait "le regard triste et perdu de Papa". Elle, née trois ans après la mort de Gilles, a ajouté qu'elle avait toujours connu leur père ainsi. Cela a créé un déclic chez le dessinateur français. Il allait faire un album sur lui. Sur cet homme qui n'avait pas été que perdu et triste. "Un père" (Casterman, 360 pages) est un nouvel album introspectif qui touche au cœur et résonne profondément. On y découvre un amour infini même si pas toujours commode, des choix de vie et d'éducation, une époque pas si lointaine en années mais qui paraît tellement dépassée aujourd'hui. Alors que JeanLouisTripp est né en 1958.
 
"Comment je définirais mon père en un seul mot? Complexe", me répond JeanLouisTripp. "Créer ce livre a été intense mais maintenant qu'il est là, je suis tranquille. Le déclencheur a été le commentaire de ma petite sœur. J'ai voulu raconter mon père tel je l'ai eu. J'ai réalisé que j'avais été fils unique pendant quatre ans et demi. Comme mes frères étaient plus petits, jusqu'à mes huit-neuf ans, j'ai été seul avec mon père. Notamment pour aller skier."
 
Quand l'enfant unique perd son statut, moment qui correspond aux tensions extrêmes entre ses parents, il choisit de prendre ses distances. "J'ai peu vécu avec mes frères. À douze ans, je n'étais plus qu'à mi-temps à la maison. À quatorze ans, c'était mon départ définitif."
 
Tripp raconte cette famille, la sienne, très engagée à gauche. "Les souvenirs étaient là", dit-il. "Je n'ai pas fait appel à ma mère contrairement à ce que j'avais fait pour "Petit frère". J'y ai fait une sélection de qui faisait sens pour moi: ma relation avec mon père. J'ai découvert que j'avais une bonne mémoire en faisant ces deux livres. Je me connecte aux émotions que j'ai eues en vivant telle ou telle chose. J'espère qu'en partageant ces émotions, le lecteur puisse se les approprier, s'identifier, résonner. Je pense que les choses plus personnelles ont une résonance universelle. Que ce soit la sexualité, le deuil, le frère, présent ou absent, le père."

L'auteur a raison. Les pages d'"Un père" amènent à se questionner sur sa propre vie. Il y a des similitudes, des discordances, des espoirs, des regrets. Des interrogations et des réflexions. Lui a vécu avec son père dans un monde différent. "Le monde a changé. La vision qu'on avait avant de l'avenir a été bouleversée. Mon père était persuadé que le communisme utopique, ce joyeux optimisme, allait gagner. Aujourd'hui, le point positif est le mouvement metoo. Dans un prochain album, je montrerai que je viens d'une autre époque et comment je me suis adapté. J'ai été préparé par mon enfance, avec des parents féministes pour leur temps. Mon grand-père maternel voulait que ses filles soient autonomes. Même s'il a obligé ma mère à être institutrice. Ma mère m’a appris à être autonome, à ne pas attendre d'une femme qu'elle fasse les tâches de la maison. Je n'ai jamais attendu quelqu'un me fasse un repas."
 
Hommage autant que témoignage filial, l'album "est un livre de transmission. Mes valeurs viennent de mes parents qui étaient de gauche et humanistes. Mon père m'a initié au bricolage même s'il ressemblait alors parfois à Jacques Tati. Mon frère et moi n'avons pas vécu la même chose. Mais nous avons bénéficié d'une liberté extraordinaire. Les parents ne s'occupaient pas de nous. Ils avaient confiance en nous. Prenons la scène du bivouac dans la montagne avec mon cousin. Elle m'a été un moment fondateur de l'estime de soi: j'ai douze ans et je suis capable de faire ça! Cela a été comme un rite initiatique. Aujourd'hui, il n'y a plus de rite de passage dans nos sociétés."
 
Plein d'anecdotes dont certaines sont très drôles, "Un père" fait le portrait d'une époque, à la fois dans le côté visuel qui fera tilt dans la mémoire de tous ceux qui ne sont plus tout jeunes, dans les rapports parents-enfants, dans la géopolitique de l'autre côté du rideau de fer. "Tous ces souvenirs montrent la richesse de l'expérience que nous avons vécue avec mon père. Nous avons été à  Oradour-sur-Glane, à Dachau, à Check-Point Charlie. On est né treize ans après la guerre. On a aussi fait les châteaux de la Loire, on a visité des ruines romaines. On a écumé la France."
 
Aussi créé sur un iPad, l'album fait écho au "Petit frère": "J'ai utilisé la même couleur sépia mais, cette fois-ci, le papier est blanc. Il y a un film jaune ou bleu pour donner une lumière passée et ensoleillée. Il y a davantage de couleur ici. La couleur est narrative, ce n'est pas du coloriage. Pour moi, à chaque endroit, la couleur dit quelque chose." Lisez ce "Père", témoignage d'engagements.


JeanLouis Tripp sera en dédicace au BD Comic Strip Festival de Bruxelles (Gare Maritime), au stand Casterman, ce vendredi 26 septembre de 13 à 15 heures et le samedi 27 septembre de 14 à 16 heures.
 

Pour feuilleter en ligne les premières pages de "Un père", c'est ici.
 

(c) Casterman.

 

Diane Arbus, la photographe des invisibles

Des scènes oniriques complètent le propos. (c) Casterman.
 
Les jumelles de Diane Arbus.
Pensez à Diane Arbus et arrive illico dans la tête sa photo des petites jumelles du New Jersey prise en 1967. Parfois une image de la photographe au Rolleyflex. Pour le reste, pas grand-chose. Bien sûr, l'artiste américaine est née il y a plus de cent ans, le 14 mars 1923 à New York. Et elle a disparu il y a plus de cinquante ans, le 26 juillet 1971 à Greenwich Village. Elle avait quarante-huit ans quand elle s'est suicidée, vaincue par sa santé mentale devenue chancelante. Elle laisse une œuvre magistrale, davantage appréciée des spécialistes alors qu'elle mérite d'être connue de tous. Pourquoi? Sans doute parce que Diane Arbus une femme qui ne marchait pas dans les clous de son époque. Ni dans sa vie professionnelle où elle a quitté la photo de mode pour se consacrer aux invisibles dont elle faisait ressortit l'humanité, ni dans sa vie personnelle où ses amours furent compliquées. Combien de ses modèles n'ont-ils pas eu une vraie relation d'amitié avec elle?
 
On découvre tout cela dans la magnifique bande dessinée biographique d'Aurélie Wilmet, "Diane Arbus - Photographier les invisibles" (Casterman, 216 pages). Un épais grand format cartonné et toilé en boucle dont chaque page est de toute beauté. Des vagues de bleus et de mauves sur un doux papier crème portent ce destin conté en cases non bordées aux coins arrondis sauf pour les dessins sur une page. Des images tout en douceur, qui se juxtaposent ou se superposent et racontent une vie et des choix au moins autant que les mots, discrètement posés.   
 
 
L'humanité de la photographe new-yorkaise. (c) Casterman.

Dix questions à Aurélie Wilmet

Comment vous êtes-vous intéressée à Diane Arbus?
Quand j'ai découvert son travail, j'ai tout de suite voulu faire quelque chose sur elle. Comprendre qui est Diane Arbus derrière ses photos. J'ai commencé par rassembler de la documentation. J'ai lu beaucoup de livres qui avaient plongé dans sa vie, avec des interviews, de son enfance à sa mort. J'ai lu ce qu'a écrit sa famille, des lettres. J'ai lu tout cela pour entrer dans sa tête. Hélas, pas son journal intime qui a été donné au MET de New York. Comme l'archivage n’est pas encore terminé, il n'est pas encore disponible pour le public. 
Est-ce un album ou une bande dessinée?
C'est la forme de l'un, le référencement de l'autre.
Comment êtes-vous arrivée chez Casterman avec cette biographie de Diane Arbus?
C'est mon premier album chez un grand éditeur. L'éditrice Nathalie Van Campenhoudt a pris contact avec moi via Instagram. 
Le bleu est omniprésent.
C'est ma couleur historique, j'aime beaucoup l'utiliser dans mes illustrations. Elle va bien avec les photos en noir et blanc. J'y ai ajouté du mauve pour les passages plus oniriques. Mais elle est difficile à retranscrire à l’impression. Le livre est imprimé en trois pantones, bleu, mauve et noir.

Quelle technique avez-vous utilisée?
Ce sont des crayons de couleur et des marqueurs. J'ai choisi des bleus qui fonctionnent bien ensemble même s'ils sont de marques différentes. J'achète ce dont j'ai besoin pour la bande dessinée au début de mon travail.
Comment s'est passée la réalisation de l'album?
L'album est venu assez facilement. J'ai écrit le scénario, en choisissant les sujets à aborder et le fil du rêve. Puis, j'ai divisé le scénario en scènes. Diane Arbus est très inspirante. Elle s'est permis de faire ce qu'elle voulait en tant qu'artiste et en tant que femme. Elle a eu à la fois le courage de faire des photos qui étaient un travail précurseur et en tant que femme dans les années 50-60. 
Le livre témoigne d'une manière lente.
J'aime bien ce côté contemplatif. La lenteur me va très bien pour arriver à la fin. Cela permet de comprendre tous les stades par lesquels passe Diane Arbus. De comprendre l'artiste. De comprendre son travail photo qui évolue tout au long de sa vie. De suivre aussi le personnage intérieurement, d'avoir le temps de rentrer dans sa tête.
Qu'avez-vous découvert d'elle?
Diane Arbus était maniaco-dépressive, comme on disait à l'époque. Elle était une petite fille riche. Mais il est important de ne pas l'associer à sa famille dont elle a toujours voulu se différencier. Je lui mets un Rolleyflex dans les mains du début à la fin parce que je voulais rester sur le même appareil photo. Elle a voyagé à Paris pour des photos de mode, pour des magazines, mais c'était trop lisse pour elle.
Que lui diriez-vous si vous la rencontriez maintenant?
Si je la croisais, j'aurais envie de la remercier. Elle m'a apporté une autre vision de la photo. Elle m'a donné l'image photographique. Elle m'a inspirée pour ma bande dessinée, me montrant qu'il y a plus à faire que la simple photo documentaire.
Des projets?
Mon prochain livre est un livre jeunesse pour Cotcotcot éditions, "Ramson & Aki", qui sortira en mars 2026.
 
 
Aurélie Wilmet sera en dédicace au BD Comic Strip festival de Bruxelles (Gare Maritime), au stand Casterman ce vendredi 26 septembre de 13 à 15 heures et le samedi 27 septembre de 14 à 16 heures.
 
 
L'amour. (c) Casterman.


 Pour feuilleter en ligne les premières pages de "Diane Arbus", c'est ici.
 
 

jeudi 25 septembre 2025

Un Salon jeunesse sous le signe de l'empathie

(c) Pauline Barzilaï.

Pour sa quarante-et-unième édition, le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-saint-Denis, historiquement abrégé en Salon de Montreuil, a choisi comme thème "L'Art de l'autre". L'empathie sous toutes ses coutures. Qui est l'autre? Comment s'intéresser à lui, se mettre à sa place, essayer de le comprendre? Comment et aussi pourquoi? Un thème bien à-propos dans l'actualité qui fait tout le contraire. Aux échelles nationales comme internationales.

Un thème mis à l'honneur par l'(é)mouvante image de Pauline Barzilaï, où tout s’imagine hors-champ… À hauteur de pieds, de peaux, de livres qu'on lit à plusieurs ou chacun dans son coin, pour mieux se comprendre et mieux être ensemble.

Rappelons que Pauline Barzilaï est l'auteure de plusieurs albums pour enfants: "Avez-vous déjà entendu un cheval chanter?" (La Partie, 2025), "Rien à faire, on s'embrouille" (texte d'Edith Azam, Le port a jauni, 2024), "Maddi dans la grotte" (MeMo, 2022).


Rendez-vous du 26 novembre au 1er décembre à Montreuil.


lundi 22 septembre 2025

Le prix du roman Fnac à l'Irlandais John Boyne

John Boyne. (c) Rich Gilligan.
  
 
Le nom de John Boyne, lauréat 2025 du prix du roman Fnac pour son roman "Les éléments" (traduit de l'anglais (Irlande) par Sophie Aslanides, sa traductrice attitrée en littérature générale), JC Lattès) n'est pas inconnu du public qui s'intéresse à la littérature pour adolescents.
 
L'écrivain irlandais aujourd'hui primé chez les adultes est en effet l'auteur du roman (dès 12 ans) "Le garçon en pyjama rayé (traduit de l'anglais par Catherine Gibert, sa traductrice attitrée en littérature ado, Gallimard Jeunesse, 2007), qui a été traduit en quarante mangues et s'est vendu à plus de six millions d'exemplaires dans le monde. 
 
 Son roman adulte "Les Fureurs invisibles du cœur" (traduit de l'anglais par Sophie Aslanides, 2018), l'a imposé sur la scène littéraire française. Ce roman social tourne autour de la vie de Cyril, qui lutte avec sa sexualité, et aborde un large éventail de préjugés et d'intolérance dans l'Irlande des 70 dernières années.

Dans "Les éléments", John Boyne, né le 30 avril 1971 à Dublin, explore, à travers quatre récits entremêlés, les forces invisibles qui façonnent les vies et interroge notre rapport à la culpabilité et à l'innocence, aux blessures et à la résilience. On va suivre une mère en fuite qui se confronte à son passé, un jeune prodige du football jugé pour ses actes, une célèbre chirurgienne hantée par d'anciens traumatismes et, un père en voyage initiatique avec son fils. Une formidable fresque où, de sa prose limpide et envoûtante, Boyne sonde les éléments — l'eau, la terre, le feu, l'air — et les êtres humains pour en révéler les contradictions et les fragilités.

Les quatre autres romans finalistes étaient:
  • "Quitter la vallée", de Renaud de Chaumaray (Gallimard)
  • "Je voulais vivre", d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Grasset)
  • "Nourrices", de Séverine Cressan (Dalva)
  • "Les promesses orphelines", de Gilles Marchand (Aux forges de Vulcain)
 
Il est assez rare que le prix du Roman Fnac, décerné par un jury composé de 400 libraires Fnac et de 400 adhérents, soit attribué à un auteur étranger. La fois précédente est le prix 2020, qui est allé à l'Américaine Tiffany McDaniel, née en 1985, pour "Betty" (traduit de l'américain par François Happe, Gallmeister, 2020). 
 
 

vendredi 19 septembre 2025

Des auteurs jeunesse se mobilisent pour les enfants de Gaza

Dessin de Thierry Bouüaert.


EDIT 20/09/25
Mise en ligne de la tribune française (lire ci-dessous). 
  
Toute personne qui a un peu approché la littérature de jeunesse ces quinze dernières années connaît Chris Haughton. Peut-être pas le nom de l'auteur-illustrateur britannique mais ses albums, identifiables au premier coup d'œil. Format carré, couverture colorée, graphisme joyeux, personnages bien campés, excellent rapport texte-images. Les enfants les adorent et les adultes aiment les leur lire."Un peu perdu", "Oh non, George!",  "Bonne nuit, tout le monde", "Pas de panique, petit crabe", "Bravo, maman manchot!", "Et si?" et "Chut! On a un plan" sont tous disponibles en français aux éditions Thierry Magnier.
 
Les albums de Chris Haughton sont publiés en français aux éditions Thierry Magnier.
On retrouve sa chouette sur l'affiche "I oppose genocide".
 
L'art n'empêche pas l'attention au monde, et surtout aux dangers auxquels il expose les enfants. Particulièrement à Gaza actuellement. C'est la raison pour laquelle l'artiste Chris Haughton et son compère Joseph Nhan-O'Reilly, président de Advocates for Afghan Education, ont lancé en Grande-Bretagne une "Déclaration des auteurs, illustrateurs et éducateurs pour enfants sur la Palestine" (Statement on Palestine), adressée au gouvernement. Elle est en ligne ici et toujours ouverte à signature. 
 
 On y lit :
"Nous sommes indignés par l'assassinat de plus de 19.000 enfants à Gaza, par les milliers d'autres blessés et orphelins, ainsi que par la famine et la crise humanitaire qu'Israël leur inflige.
Nous nous sentons obligés de prendre leur défense.

Nous sommes horrifiés par l'incapacité persistante de la communauté internationale à mettre un terme au génocide et à demander des comptes à ses auteurs.

(…) Nous ne pouvons rester silencieux alors que des enfants sont tués, affamés et privés du droit de grandir en sécurité et en paix : leur vie, leur histoire et leur avenir comptent. Notre engagement envers eux nous pousse à nous exprimer, et nous continuerons à le faire jusqu'à ce que chaque enfant du monde puisse vivre en sécurité et dans la dignité."

Le texte britannique appelle aussi à revenir sur l'interdiction du groupe d'action directe non violent, Palestine Action, jugé "terroriste" et s'inquiète de la limitation de la liberté d'expression.

Il a été signé par plus de 500 personnes au Royaume-Uni, dont des éminences de la littérature de jeunesse, bien connues du public francophone. Sir Michael Morpurgo, Michal Rosen, Lauren Child, Chris Riddell, Anne Fine, Benjamin Phillips, Benji Davies, Daisy Hirst, Elise Gravel, Emily Gravett, Emma Chichester Clark, Jo Weaver, Pam Dix, Sergio Rozzier, pour ne citer qu'eux.
 
Plusieurs illustrateurs jeunesse ont signé le "Statement on Palestine".

 
Les dessins de la déclaration sont dus à Reem Madooh, une illustratrice koweïtienne qui puise son inspiration dans la nature, les paysages et les moments du quotidien koweïtien.

 
 
 

C'est le bébé chouette de "Un peu perdu", le premier titre de Chris Haughton, sorti en anglais et en français en 2011, que l'artiste a choisi pour son affiche "I oppose genocide". Une affiche qu'il brandit lors des manifestations dénonçant le génocide en cours à Gaza auxquelles il participe régulièrement. Où il est régulièrement arrêté. Ce qui lui permet de raconter cette anecdote. 

"5 septembre 
Demain je serai probablement arrêté pour avoir tenu ce panneau. J'y serai avec d'autres illustrateurs et amis sur la place du Parlement à partir de 12h50. À 13 heures, quand Big Ben sonnera, nous terminerons nos panneaux. Quand le mot "Action" est écrit après celui de Palestine, le détenteur du panneau peut être accusé de terrorisme.

Ce gouvernement britannique est complice de génocide. Le droit international, auquel le Royaume-Uni a signé, exige que le gouvernement mette fin à tout commerce militaire et à toute coopération avec Israël. Des centaines de milliers de gens britanniques marchent presque chaque semaine depuis deux ans pour exiger cela. Perversement, plutôt que de respecter ses obligations légales, le gouvernement a fait le contraire. Il a poursuivi les ventes d'armes et emprisonné ceux qui ont essayé de les arrêter. Il a déclaré que le groupe d'action directe non violent "Palestine Action" était des terroristes et a fait une descente chez eux et emprisonné ses dirigeants. (…)

Le génocide est un massacre, on l'appelle le crime des crimes. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'arrêter. Que ce soit légal ou "illégal", cela ne devrait pas faire de différence. Il est de notre devoir de ne jamais nous conformer à un gouvernement qui commet un génocide. C'est pourquoi tant de gens vont venir demain. 1.500 se sont engagés à se faire arrêter. Ce sera le plus grand acte de désobéissance civile de l'histoire britannique. (…) 

9 septembre
J'ai encore été arrêté samedi. Il y avait tellement de monde cette fois-ci qu'il a fallu près de huit heures avant que je sois emmené. J'ai été arrêté à 20h30 et j'ai été libéré vers 2 heures du matin. Je cachais mon nom et mon adresse pour que cela retarde le processus et obstrue le système, mais je suis tombé sur un officier qui m'avait déjà arrêté. Il m'a dit
"Eh bien, bonjour Mr Haughton" et j'ai été libéré sous caution immédiate. Quand je suis sorti, j'ai rencontré un autre manifestant qui avait fait tout le chemin depuis Bristol pour en être. Il était un peu coincé car il n'y aurait pas de train avant le lendemain matin. Certaines personnes peuvent hésiter à inviter un terroriste présumé que vous n'avez jamais rencontré auparavant à venir chez vous, mais il m'a semblé plutôt gentil. Il s'est avéré qu'il avait de jeunes enfants et pouvait réciter les phrases entières de "Oh non, George !" On a pris une photo pour son fils.

Je suis très reconnaissant de faire ça. Je ressens tellement de chagrin et de colère face à ce qui se passe à Gaza. C'est tellement bon d'être entouré de gens qui s'en soucient profondément. En somme, nous avons passé une agréable après-midi assis sur l'herbe à partager de la nourriture, à discuter avec des amis et à rencontrer de nouvelles personnes adorables. Il y a eu des moments d'émotion, des rappels de ce qui se passait à Gaza, mais aussi une ambiance de carnaval (…) C'était un peu comme des chaises musicales parce que toutes les x minutes, une personne se faisait emmener par la police."

En France aussi 
 
Un dessin de Beatrice Alemagna,
créé en soutien à la Global Sumud Flotilla.

Cet appel de plus de 500 personnes en Grande-Bretagne a trouvé écho en France où une démarche analogue est en phase finale. Le texte anglais a été repris et adapté au contexte français, mentionnant notamment la dissolution de Urgence Palestine ou les poursuites à l'encontre de l'Union Juive pour la Paix. Il invite les professionel·les du livre jeunesse et de l'éducation en France à signer une déclaration collective exprimant l'indignation, notamment face à ce que subissent les enfants à Gaza et à la répression des manifestations de solidarité. Les signataires précisent que la tribune a été rédigée avant l'entrée des chars israéliens dans la ville de Gaza le 18 septembre. 

Trois cents personnes du monde de la littérature de jeunesse ont déjà signé la tribune qui, parue sur le site Actualitté (lire ici), est portée par un site et continuera d'être ouverte à signatures (ici). Parmi elles, Claude Ponti, Marie-Aude Murail, Marie Desplechin, François Place, Anouk Ricard, Anne-Laure Bondoux, Serge Bloch, Grégoire Solotareff, Eric Pessan, Flore Vesco, Beatrice Alemagna, Emmanuelle Houdart, Benjamin Chaud, Marguerite Abouet, Ilya Green, Praline Gay-Para. On trouve des Belges et des Suisses dans les signataires.

L'Italie participe également au mouvement (lire ici).

Et la Belgique? Il y a eu l'hommage aux journalistes palestiniens assassinés à Gaza, organisé par des fédérations professionnelles (lire ici). Il y a eu la lecture des noms des 18.700 enfants assassinés à Gaza à l'initiative du cinéaste Thierry Michel (lire ici). Y aura-t-il un appel des professionnels du livre jeunesse belge à dénoncer le génocide en cours à Gaza et, peut-être, à appeler à la paix, ce mot qui semble avoir disparu?


jeudi 18 septembre 2025

"Marginales", saison 4


Il y a trois ans, Vincent Engel
annonçait le nouveau départ de la revue "Marginales" après une pause de deux ans (lire ici) et l'ouvrait à la Francophonie et aux contributions graphiques. Toujours avec comme thème fondateur "La fiction pour dire le monde". 
 
On a eu depuis:
  • Numéro 307    Balance ton peuple (automne 2022)
  • Numéro 308    La loi phallique est dure (printemps 2023)
  • Numéro 309    Qatarsis et Qatarstrophe sont dans un bateau (été 2023)
  • Numéro 310    Mon chat, GPT… (automne 2023)
  • Numéro 311    Putaclic ou foules sentimentales (été 2024)
  • Numéro 312    Nos ancêtres, les Gaulois (hiver 2024)
  • Numéro 313    E-pui-sés!? (78 contributions, été 2025)
On le voit, les trois numéros en ligne annuels, accessibles gratuitement, sont devenus deux, complétés chaque fois d'un numéro papier ou PDF, payant, reprenant les meilleures contributions de l'année (Ker Editions). Le numéro 314 aura pour thème MAGAaargh!
 
La revue était soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce n'est plus le cas. Mais il en faut davantage pour décourager Vincent Engel. Il va intégrer "Marginales" dans sa maison d'édition, Edern Éditions. Il s'en explique:
"La Commission des lettres, qui statue sur les demandes de subsides, a décidé de ne pas reconduire le subside dont bénéficie "Marginales" depuis très longtemps. Il faudra un jour que l'on m'explique pourquoi elle acceptait de financer une revue papier dont le nombre de contributeurs, strictement belgo-belges, ne dépassait guère celui des abonnés, revue que l'on trouvait difficilement en librairie et qui ne se vendait pas à plus de 50 exemplaires. Mais ne perdons pas de temps en vaines cogitations. La Commission estime que 180 contributeurs et contributrices venus du monde entier ne peuvent pas faire mieux, c'est son problème. Pas le nôtre.

Parce que Marginales va poursuivre son chemin et même l'amplifier!

Jusqu'à présent, héritage du passé, elle existait sous l'égide de mon excellent ami Xavier Vanvaerenbergh, directeur des éditions Ker. La disparition du subside – qui était lié à Xavier – a conduit logiquement celui-ci à entériner ce qui était déjà une réalité, à savoir que, mis à part la fabrication et l'impression du numéro annuel dont Xavier se chargeait avec talent et qui étaient rendus possibles grâce au subside, cette revue était gérée entièrement par votre serviteur. 

"Marginales" intègre donc le giron d'Edern Éditions, et Xavier restera un compagnon de route; je profite de cette opportunité pour lui adresser tous mes remerciements car, sans lui, sans son professionnalisme et son sang froid, "Marginales" aurait cessé d'exister bien avant la disparition de Jacques De Decker.

Concrètement, rien ne changera, sinon en mieux. L'appel est toujours lancé, et l'objectif de dire le réel (et de dénoncer ses travers de plus en plus nombreux) par la fiction reste notre mot d'ordre.

Nous allons "profiter" de cet épisode pour lancer une refonte en profondeur du site, afin de le rendre encore plus agréable à lire, mais aussi pour en faire l'outil de création de la revue, de la soumission des contributions à leur validation et à leur mise en ligne.

Ce travail prendra un peu de temps. C'est pourquoi j'ai décidé de reporter la parution du prochain numéro au printemps 2026. Nous n'avons plus de compte à rendre à personne, profitons-en pour assurer la qualité de cette nouvelle évolution.

Je vous tiendrai au courant, évidemment. Dans l'attente, je vous demande instamment de n'envoyer aucune contribution par email. Vous serez informés de la procédure et de la nouvelle date limite dès que possible. Cette procédure consistera dans un premier temps à devenir membre du site (c'est gratuit, je vous rassure), pour pouvoir suivre de votre côté les principales étapes, de la soumission à la mise en ligne.

"Marginales" reste plus vivante et gratuite que jamais. Le numéro annuel sera réalisé et distribué par Edern Éditions. Bien sûr, les abonnements de soutien sont bienvenus pour nous permettre de financer les frais inévitables, dont ceux nécessaires pour l'évolution du site et de la plateforme de gestion; mais c'est un combat par la littérature qui ne peut pas s'éteindre. 

J'en profite pour vous rappeler l'appel à soutenir Pen Belgique francophone et à vous y affilier éventuellement (vous pouvez apporter votre soutien sans vous affilier).
 
Enfin, si "Marginales" existe, c'est d'abord grâce à vous; soyez-en chaudement remerciés! Je vous attends pour le prochain numéro, 

Amicalement" 

Nous aussi, on attend ce numéro, entre nouvelles et contributions graphiques. 





  
 

lundi 15 septembre 2025

Des gribouillis voyageurs

Bordeaux, c'est loin de Bruxelles: 800 kilomètres.
Bordeaux, où s'est tout juste tenu le très tentant Festival Gribouillis.
En quatre jours, du 11 au 14 septembre, il a organisé 10 expositions éparpillées dans la ville, 1 journée professionnelle, 3 jours de Salon du livre, des ateliers, des rencontres, des spectacles, 70 auteur.ices invité.es en bande dessinée et livre jeunesse, 50 maisons d’édition indépendantes et librairies locales. Et une affiche d'Anouk Ricard. Bigre! 
Bordeaux, c'est loin de Bruxelles.
Mais les kilomètres s'effacent quand on découvre le palmarès du prix Gribouillis, en trois catégories! 
 
 
Roulements de tambour. Les lauréats sont:
  • le Belge Valfret & Comme le vent pour sa bande dessinée "La Montagne" (Fremok)
  • la Suisse Johanna Schaible pour son album jeunesse "Ce qui sera" (La Partie, lire ici), album qui obtint le prix IBBY Belgique francophone de l'album traduit 2024 (lire ici)
  • le classique Benjamin Rabier pour "Le ver de terre amoureux d'une étoile" (Éditions 2042)

Le comité de lecture était composé des libraires Andreas Lemaire (Myriagone, Angers), Mathilde Llobet (Ombres blanches, Toulouse), Jean-Gabriel Farris (Le Poisson Lune, Marseille), Elsa Gounot (MillePages, Vincennes), Guillaume Traisnel (Furet du Nord, Lille) et Thalie Natkiel (Tropismes, Bruxelles).

Dix titres avaient été sélectionnés dans chaque catégorie. Les voici.




 

 

 

Alain Mabanckou, poète et romancier, à Bruxelles

Alain Mabanckou. (c) Joël Saget/AFP.

Quelle chance! Il reste des places pour le Midi Poésie dédié à Alain Mabanckou. Cela se passera demain, mardi 16 septembre à 12h40 à la Maison poème.
Une séance exceptionnelle avec un auteur aussi passionnant à lire qu'à écouter.

Figure majeure de la littérature francophone, l'écrivain franco-congolais évoquera le rôle qu'il tient depuis février 2021 à la tête de la collection Points Poésie (éditions Points), confirmant sa place de grand passeur de voix francophones. Il présentera également son nouveau roman, "Ramsès de Paris" (Seuil, 2025), sorti en cette rentrée littéraire, dans lequel Paris et Pointe-Noire s’entrelacent dans un récit drôle, profond et captivant. La rencontre sera animée par la journaliste culturelle Gia Abrassart et ponctuée de lectures par l'auteur lui-même.

Pour lire en ligne le début de "Ramsès de Paris", c'est ici.
 
Pratique
Où? Maison poème (Rue d'Écosse 30, 1060 Bruxelles)
Quand? Le mardi 16 septembre
A quelle heure? 12h40
Combien? Tarir normal 15 euros (réduction possible, article 27 accepté)
Réservation? Ici ou sur le site

dimanche 14 septembre 2025

Le décès de François Ruy-Vidal


Il faut avoir un certain âge pour connaître le nom de François Ruy-Vidal dont on apprend tout juste  le décès, à l'âge de 94 ans. C'est pourtant notamment grâce à lui qu'on a la littérature de jeunesse dont on dispose aujourd'hui. Il était né le 20 mars 1931 à Franchetti (Algérie) et est décédé le 8 septembre 2025 à Grenoble. Il fut un éditeur d'avant-garde qui révolutionna le genre dès les années 1960. Pas un homme facile, ses convictions et sa forte personnalité le menant à se disputer avec les uns et les autres - même moi, obscure journaliste belge. Pour la bonne cause, parce que, visionnaire génial, il voulait le meilleur pour les enfants, et sa bibliographie parle pour lui. A cause de ses problèmes financiers car ses livres n'ont pas toujours rencontré leur public.
 
On lui doit cette phrase célèbre, prononcée dès 1973 en diverses variantes, et qui devrait être le credo de tout qui veut publier des albums pour enfants: "Il n'y a pas d'art pour l'enfant, il y a l'Art. Il n'y a pas de graphisme pour enfants, il y a le graphisme. Il n'y a pas de couleurs pour les enfants, il y a les couleurs. Il n'y a pas de littérature pour enfants, il y a la littérature. En partant de ces quatre principes, on peut dire qu'un livre pour enfants est un bon livre quand il est un bon livre pour tout le monde."
 
François Ruy-Vidal débuta comme instituteur, adepte des méthodes actives, passa par le théâtre avant d'arriver dans l'édition. Avec son compère américain Harlin Quist (1931-2000) dans un premier temps, en solo pour Grasset-Jeunesse à la suite de leur brouille, ailleurs encore ensuite , il révéla des talents comme Étienne Delessert (1941-2024, lire ici), Henri Galeron, Nicole Claveloux, Danièle Bour, Bernard Bonhomme, Claude Lapointe (1938-2024, lire ici) et beaucoup d'autres. Il incita aussi des auteurs comme Marguerite Duras ou Eugène Ionesco à écrire pour la jeunesse.
 
L'"enfant terrible du livre pour enfants" avait une approche résolument anticonformiste de l’album illustré. Il la conserva tout au long de sa vie d'éditeur. Avec Harlan Quist de 1967 à 1972, chez Grasset-Jeunesse de 1972 à 1976, chez Jean-Pierre Delarge jusqu'en 1978, aux éditions de l'Amitié jusqu'en 1984 et encore lors de son bref retour en 2002 avec les Éditions DES LIRES. On lui doit quand même l'édition d'environ cent vint albums jeunesse.
 
Une partie des albums que Ruy-Vidal a publiés.
  
Grasset Jeunesse a publié un communiqué: "C'est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de François Ruy-Vidal, ce grand éditeur à qui l'on doit notamment les débuts de Grasset-Jeunesse, et tant de livres formidables et novateurs. Son exigence et son amour pour les textes, les images, les beaux livres, continueront à nous animer et à nous habiter. Merci, cher François, pour cette vie intense de passion, de création, de combat. Merci de nous avoir partagé cette flamme, que nous continuerons de porter haut, en défendant cette magnifique littérature qu'est la littérature jeunesse, vivante, vibrante,  nécessaire. Cher François, nous ne vous oublierons pas."
 
Le galeriste Michel Lagarde complète: "Rappelons qu’il était le premier relais des livres d’Harlin Quist en France qui ont mis un sacré coup de pied dans la fourmilière dans les années 70 dans le milieu de l'édition jeunesse. Les éditions Grasset ont pris la relève avec talent."
 
Bibliothécaire retraitée du Centre Pompidou, Christine Abbadie-Clerc complète le portrait: "François Ruy-Vidal, pionnier de la révolution graphique des albums pour enfants, était déjà entré dans la légende des professionnels du livre, un mythe à lui tout seul... adulé et controversé par ses auteurs... Il vient de nous quitter. Et soudain cette nouvelle réveille paradoxalement nos souvenirs, ses "apostrophes" à l'égard de maintes célébrités et institutions... et son duo turbulent avec son associé Harlin Quist. Il n en a pas moins consacré une grande "Littérature en couleurs"."
 
Travailleur assidu, François Ruy-Vidal continuait à scruter ce qui se disait ou s'écrivait sur lui et à le commenter abondamment. Il suffit de faire un tour sur son site pour le découvrir. Loïc Boyer en sait quelque chose, lui qui rédigea l'essai "Les images libres" (MeMo, 2022, lire ici) sur base des archives (dessins originaux, maquettes, correspondances, dossiers de fabrication, etc.) léguées par l'éditeur au Fonds patrimonial de l'Heure Joyeuse - Médiathèque Françoise Sagan et reçut à ce sujet de nombreux courriers.
 
Ruy-Vidal, Delessert, Quist, le trio est désormais ailleurs.  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mardi 9 septembre 2025

Dites 343! La Revue des livres pour enfants fête ses 60 ans

Une couverture peut en cacher une autre. C'est ce qui arrive quand on ouvre le numéro 343 de la Revue des livres pour enfants.

Le premier coup d'œil. 

La belle surprise!

"J'ai imaginé un monde d'enfants, sans adultes, avec pour mot-clé le jeu. (...) J'ai conçu un dessin très plein, un peu à la manière des livres fourmillant de détails de Richard Scarry que j'adorais enfant." Ainsi s'explique Laurent Moreau, le créateur de la couverture du numéro 343 de la Revue des livres pour enfants. Un numéro anniversaire que celui de septembre 2025 puisqu'il est consacré et célèbre les soixante ans de la célèbre revue française. 
 
La surcouverture dépliée.
 
A noter que le dessin original pour la une de la revue, bien dans le style de l'artiste qui aime les accumulations (lire ici) est accompagné d'une surcouverture transformable en affichette. Un format à l'italienne, pimenté d'une couleur pantone à la place de magenta. De quoi apprécier, déguster et débusquer les lecteurs installés dans cette grande fête d'enfants dessinée. 
 
 
 
Au sommaire du numéro 343, "60 ans dédiés à la littérature de jeunesse" (Centre national de la littérature pour la jeunesse, 240 pages, 12,50 euros), on trouve les recensions, 270 cette fois couvrant neuf rubriques et les autres rubriques habituelles (livres de référence, hommages, vie des bibliothèques, etc.) Entre tout cela, un très passionnant dossier consacré aux soixante ans de la revue. Il comporte un focus sur l'année 1965, "décisive pour la littérature de jeunesse", l'aventure de la revue par ses rédac' chef en dessins, une histoire de la presse spécialisée dans le genre, l'évolution de la recherche universitaire en littérature de jeunesse, une analyse des stéréotypes qui l'accompagnent, l'évolution de la critique et du regard de la critique, des témoignages de lecteurs issus du milieu (éditeur, auteur, bibliothécaire, expert...) ou des réseaux sociaux. Le dossier se termine par une riche sélection de couvertures.
 
Un numéro pour découvrir, se souvenir et parfaire ses connaissances en littérature de jeunesse. 

Pour commander le numéro ou s'abonner, c'est ici.




vendredi 5 septembre 2025

Les romans en lice pour le prix Vendredi 2025

La sélection 2025 du prix Vendredi.

 
Créé en 2016 par le groupe des éditeurs jeunesse du Syndicat national de l'édition (SNE) et désigné pour la première fois en 2017, le prix Vendredi (lire ici) récompense chaque année un ouvrage francophone destiné aux plus de 13 ans, et publié entre le 1er octobre de l'année précédente et le 30 septembre de l'édition en cours à compte d'éditeur. Il est choisi par un jury de professionnels. Nous voilà déjà à sa neuvième édition.
 
La Fondation d'entreprise La Poste, partenaire historique du Prix, dote le Prix Vendredi d'une enveloppe globale de 3.000 euros.
 
 
Les dix titres sélectionnés
(par ordre alphabétique des titres) 
  • "A croquer", Anne-Fleur Multon (Ed. Thierry Magnier)
  • "Célèbre à en mourir, Alain Gagnol (Syros)
  • "Dans le ventre de Fianna Sinn", Fanny Chartres (l'école des loisirs)
  • "Francœur", Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail (l'école des loisirs)
  • "La Part du vent", Nathalie Bernard (Ed. Thierry Magnier)
  • "Les Frontières écarlates", Solène Ayangma (Talents Hauts)
  • "Le Silence est à nous", Coline Pierré (Flammarion Jeunesse)
  • "Nina perd le Nord", Céline Gourjault (Seuil jeunesse)
  • "Sainte-Marie-des-Haines-Infinies", Louise Mey (La ville brûle)
  • "Véda s'en va", Sarah Maeght (Albin Michel)
 
 
Jury du prix Vendredi
  • Raphaële Botte, journaliste spécialisée en littérature jeunesse pour "Télérama"
  • Maureen Desmailles, autrice lauréate du Prix Vendredi 2024
  • ​Marie Desplechin, journaliste et autrice de livres jeunesse et adultes
  • Emmanuelle Kabala, responsable des romans au CNLJ.
  • Lucie Kosmala, journaliste et formatrice spécialisée en littérature jeunesse.
  • Tom Lévêque, auteur et spécialiste de la littérature adolescente
  • Cécile Ribault-Caillol, journaliste littéraire
  • Anne Ricou, rédactrice en chef adjointe du magazine "Je Bouquine"
  • Simon Roguet, libraire à la librairie M'Lire, Laval.​
 
Prix Vendredi des lecteurs du pass Culture (3e édition)
Une collaboration entre le Prix Vendredi et le pass Culture a été initiée en 2023 et donne lieu à la création du Prix Vendredi des lecteurs du pass Culture. Ce prix est remis par un jury composé de neuf jeunes lecteurs et lectrices (15 à 19 ans) issus de différentes régions et bénéficiaires du pass Culture.
 
La remise du Prix en présence des auteurs et éditeurs aura lieu le mardi 4 novembre à 11 heures à la médiathèque Françoise Sagan (8 rue Léon Schwartzenberg, 75010 Paris). Deux heures avant l'annonce du prix Goncourt chez Drouant!
 

Palmarès

2024 Maureen Desmailles pour "La chasse" (Ed. Thierry Magnier, lire ici) et Anne Loyer pour "Charbon bleu" illustré par Gérard DuBois (D'eux, lire ici)
2023 Claudine Desmarteau pour "Au nom de Chris" (Gallimard Jeunesse)
et Arnaud Cathrine, prix Vendredi - Jury des jeunes Pass Culture pour "Octave" (Robert Laffont)
2022 Claire Castillon pour "Les Longueurs" (Gallimard Jeunesse, lire ici)
2021 Sylvain Pattieu pour "Amour chrome" (l'école des loisirs, lire ici)
2020 Vincent Mondiot, pour "Les Derniers des Branleurs" (Actes Sud junior, lire ici)
2019 Flore Vesco, pour "L'Estrange Malaventure de Mirella" (l'école des loisirs, lire ici)
2018 Nicolas de Crécy, pour "Les amours d'un fantôme en temps de guerre " (Albin Michel, lire ici)
2017 Anne-Laure Bondoux, pour "L'Aube sera grandiose" (Gallimard, lire ici)
 
 
 

mercredi 3 septembre 2025

Une Belge sélectionnée pour le Goncourt 2025


Divine surprise!
Une Belge, Caroline Lamarche, apparaît dans la première liste des titres sélectionnés pour le prix Goncourt 2025, le 123e, qui sera décerné le 4 novembre. Bien sûr, cette liste de quinze livres sera réduite à huit et puis quatre avant le choix final. Mais c'est aussi elle qui, amputée de David Diop, lauréat 2018, servira au choix du Goncourt des lycéens. Quinze livres dans cette première sélection, écrits par six femmes et neuf hommes, publiés dans treize maisons d'édition. Quinze livres, dont deux premiers romans et les deux poids lourds de la rentrée, Carrère et Mauvignier.
 
La première sélection (par ordre alphabétique)
 
Nathacha Appanah, "La nuit au cœur" (Gallimard)
Emmanuel Carrère, "Kolkhoze" (P.O.L)
David Deneufgermain, "L'adieu au visage" (Marchialy, premier roman)
David Diop, "Où s'adosse le ciel" (Julliard)
Ghislaine Dunant, "Un amour infini" (Albin Michel)
Paul Gasnier, "La collision" (Gallimard, premier roman)
Yanick Lahens, "Passagères de nuit" (Sabine Wespieser)
Caroline Lamarche, "Le bel obscur" (Seuil)
Hélène Laurain, "Tambora" (Verdier)
Charif Majdalani, "Le nom des rois" (Stock)
Laurent Mauvignier, "La maison vide" (Minuit)
Alfred de Montesquiou, "Le crépuscule des hommes" (Robert Laffont)
Guillaume Poix, "Perpétuité" (Verticales)
Maria Pourchet, "Tressaillir" (Stock)
David Thomas, "Un frère" (L'Olivier) 
 
Les académiciens Goncourt 2025
 

Didier Decoin, Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun, Paule Constant, Philippe Claudel,
Pierre Assouline, Eric-Emmanuel Schmidt, Camille Laurens, Pascal Bruckner, Christine Angot.