Etre contactée par un éditeur qui vous propose de lui créer une série d'albums jeunesse alors que vous vous dites incapable de dessiner, c'est l'amusante aventure qu'a vécue
Françoize Boucher.
Et pourtant, ses épatants Foufous sont là! Deux volumes sont déjà sortis,
"Les Foufous à table" et
"Les Foufous en voiture" (Casterman, 48 pages chacun). D'autres suivront, un tous les six mois.
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La famille Foufou. (c) Casterman. |
Entre bande dessinée et roman graphique très illustré, les albums mettent en scène différents sujets du quotidien de la famille Foufou (deux parents et cinq enfants dont un poulpe, soit Mam's, Pap's, Bob, Dolly, Poulpix, Curly et Baby) et ses animaux domestiques, le Chachien, Dronevador. La présentation des différents protagonistes se fait en pages de garde, c'est pratique. Puis viennent les histoires, assez déjantées, drôlement bien observées, admirablement envoyées, pleines de péripéties et de rebondissements, 48 pages, cela permet plein de choses, entre franches pintes de rigolade et petites leçons de vie. Le tout dans des tons souvent fluos bien tempérés. C'est extra et pour tous à partir de 7/8 ans.
Bien sûr, on retrouve dans cette nouvelle série l'inspiration et l'humour ravageur qui ont fait la renommée de Françoize Boucher, auteur depuis 2010 d'une bonne douzaine de titres trop rigolos chez Nathan (traduits en 23 langues): "Le livre qui te rend super méga heureux" (lire ici) et aussi, "Le livre qui te dit enfin tout sur l'amour", "Le livre qui t'explique tout sur les copains", "Le livre qui te dit enfin tout sur les filles et les garçons (la fin du grand mystère!)", "Faites l'amour, pas la guerre!","Le livre qui t'explique enfin tout sur les parents. Pourquoi ils te font manger des légumes et tout le reste", "Le livre qui fait aimer les livres même à ceux qui n'aiment pas lire!", et d'autres.
A noter que le "Happy stickers" de Françoize Boucher (Nathan) vient de sortir: 400 autocollants de toutes les tailles, repositionnables, drôles et fluo bien entendu, originaux et très marrants. Des mots, des expressions, des dessins légendés... de quoi reconsidérer le quotidien et le détourner.
Les aventures de la famille Foufou sont bien plus que ce qu'on pourrait en imaginer. Car au-delà de ses héros en culbutos et de ses blagues rock'n'roll,
Françoize Boucher maîtrise ses sujets. Elle fait beaucoup rire ses lecteurs de tous âges et les incité à réfléchir aussi. Le terme de Foufous donne une bonne idée de ceux qu'elle a créés: des personnages déjantés, c'est sûr, mais qui font fondre également. Pensez à l'usage qu'on fait du terme "foufou" dans la vie courante. Plutôt mignon et positif, non?
L'histoire
"Les Foufous à table" commence dans la rue. C'est déjà un petit traité de sociologie urbaine. Suivent alors l'idée du repas idéal et sa réalité, dûment chronométrée: les parents Foufou crient
"à table" et personne ne vient. Que font les enfants? Dronevador, un drone domestique, apporte les réponses. Seule option désormais possible: le chantage. Et ça marche! Sauf qu'être à table déclenche tout de suite des bagarres. Bien plus tard, le dîner peut enfin commencer. Quoique. On l'a compris, les embûches sont encore nombreuses avant que le repas puisse être avalé. Mais ce qui compte surtout, ce sont toutes les observations que
Françoize Boucher communique dans ces pages drolatiques, grouillantes d'histoires parallèles, reflet criant de la réalité de nombreuses familles.
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Les Foufous sont plus ou moins appréciés par leurs voisins. (c) Casterman. |
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De la fiction à la réalité... (c) Casterman. |
Pour feuilleter le début des
"Foufous à table", c'est
ici.
On s'amuse autant avec
"Les Foufous en voiture". Toute ressemblance avec une situation vécue ne sera pas un fruit du hasard. Pourtant, là, tout commence très mal: la voiture des Foufous a été volée. Excellente raison d'en acheter une nouvelle, ce qui causera de sérieuses discussions avant que la balade envisagée puisse commencer. On se doute que ce ne sera pas une sinécure. Mais comme pour l'autre album, les pages nombreuses sont truffées de choses à lire et à regarder et résumer cette vivacité, cette truculence, cette joie, cette originalité n'est pas aisé.
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Le voiture des Foufous a été volée. (c) Casterman. |
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C'est l'occasion d'en avoir une nouvelle, mais laquelle? (c) Casterman. |
Pour feuilleter le début des
"Foufous en voiture", c'est
ici.
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Françoize Boucher. |
7 questions à Françoize Boucher
Comment sont nés les Foufous?
L'éditrice Céline Charvet de Casterman m'a demandé de créer un univers proche de la BD. C'était une proposition en or, j'avais carte blanche, j'ai donc dit oui. Est alors venue la question: que faire? Je viens du marketing, des collections de textiles. Au début, je faisais juste des livres pour rigoler. Les Foufous sont dans la continuité de ce que je fais chez Nathan mais ils sont différents. Ce sont des BD. Dès le premier rendez-vous avec l’éditrice, j'ai eu l'idée d'une famille réelle dont je raconterais les aventures de la vie quotidienne, les hauts, les bas, les failles, la cohésion, la folie et la bienveillance. Je voulais des héros positifs. Mes mots-clés sont: drôle et intelligent, absurde, rythmé, à partager. Il faut que le livre passe le test de tous ces mots-clés.
Quelle est la particularité des Foufous?
Je voulais une cible familiale avec une lecture différente que l'on soit enfant, parent ou grand-parent. Je voulais que le livre soit un outil de communication dans les familles par le biais de son humour. Je voulais dédramatiser les situations quotidiennes. Les situations familiales qui bloquent sont souvent les mêmes partout. C'est bien de prendre du recul et d'en parler. Je lance des piques à la famille, mais je glisse aussi des messages sur l'environnement, sur l'alimentation, sur la consommation, sur les règles de vie de base.
Comment travaillez-vous?
Quand je crée une histoire, le texte et le dessin me viennent en même temps. J'ai un fil clair, l'histoire des personnages. Les Foufous sont mon travail le plus inspiré de ma vraie vie avec mes quatre enfants (23, 21, 18 et 16 ans). Je leur ai ajouté des animaux domestiques que je n'ai pas dans la vraie vie. Les animaux sont plus physiques qu'humains. Le chachien n'est jamais d'accord, il est une métaphore des humains. Mon plus gros challenge est le dessin. J'ai dessiné des culbutos. Petite, j'aimais Barbapapa et les Shadoks. Je n'ai pas de bureau. Je n'ai pas de table. Je travaille par terre dans le salon, comme un enfant, avec mes stabilos et des ciseaux. J'écris mes idées dans un cahier. Mais je tape le texte à l'ordinateur puisqu'une typo spécifique a été créée d'après mon écriture manuscrite. En fait, j'ai un côté bricolé très construit.
On découvre chez vous un poulpe et un drone.
Le poulpe est un animal très tendance depuis la coupe du monde de foot. C'est un animal intelligent et, graphiquement, un bijou. Le drone est là parce que je suis moderne. Je suis aussi curieuse. J'aime savoir ce qui s'est passé.
Vous évoquez Brangeline au moment où Brad Pitt et Angelina Jolie se séparent.
Brangeline, c'est un hasard. Cela symbolise pour moi la société people. Je voulais chercher des petits bouts de tout ce qui fait la société aujourd'hui. Vous noterez que Simone de Beauvoir apparaît plus loin dans le même livre.
Votre prénom de Françoize comporte un "Z". Pourquoi?
Le "Z" de mon prénom est là pour signifier que j'ai changé moi-même et aussi parce que j'aime l'énergie de cette lettre. Le fait que mes enfants soient grands m'a donné une sorte de deuxième vie même si nous sommes toujours très proches.
Dans quel ordre avez-vous créé ces deux Foufous?
J'ai d'abord fait les Foufous à table. J'ai noté dans un carnet la liste de tout ce qui pouvait être rigolo à travailler par les familles à table, ainsi que des messages, de bonnes manières par exemple, que je voulais faire passer. La voiture est venue ensuite. Elle est le véhicule familial par excellence et un objet symbolique énorme. Quand toutes les idées sont là commence le travail. Je gribouille, puis je sors mes stabilos, puis j'extrais les feuilles du carnet. J'articule les idées entre le début et la fin du repas, le début et la fin du trajet en voiture. J'organise les feuilles entre elles en un chemin de fer, en faisant attention au rythme, à l'absurde et à la poésie.
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