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lundi 7 novembre 2016

Journée Mario Ramos ce 7 novembre (rappel)



L'auteur-illustrateur belge Mario Ramos était né le 7 novembre 1958 et sa date d'anniversaire a été choisie pour ranimer son souvenir en prenant plaisir à lire et relire ses livres - il en a créé trente-trois. Le 7 novembre est devenu la Journée Mario Ramos. J'en avais parlé ici. Mais une chose chasse l'autre et je fais un petit rappel de dernière minute. Pour cette quatrième édition, plusieurs nouveaux événements ont été mis en place, ici et là, par les bibliothèques, les associations et les librairies (à retrouver sur Facebook et Twitter avec #journeemarioramos).

Ainsi l'école des loisirs accueillera ce lundi en son siège parisien 250 enfants et des auteurs (à voir sur sa page Facebook à partir de 10h15), tandis que cent enfants viendront écouter les histoires de Mario chez Pastel à Bruxelles.

Les librairies Sorcières ont aussi décidé d'embrayer avec la journée et de fêter l'anniversaire de
Mario Ramos dans leurs librairies du 7 au 12 novembre. Et comme pour elles, qui dit anniversaire dit cadeau, elles offriront à cette occasion aux jeunes lecteurs un "jeu de l'oie pour partir à la découverte de l'œuvre de cet auteur talentueux".

Le réseau des librairies Sorcières comporte une cinquantaine d'officines dont deux en Belgique, L'oiseau Lire à Visé et Le Rat Conteur à Bruxelles.

Pour trouver la librairie Sorcière la plus proche de chez vous, il suffit de cliquer ici.

Pour télécharger et imprimer le jeu de l'oie Mario Ramos, c'est ici.


Si vous tapez le nom de Mario Ramos sur le site d'un libraire français, les deux premiers titres qui apparaissent sont "C'est moi le plus fort" et "C'est moi le plus beau", respectivement sortis en 2001 et 2006 et passés chacun l'année suivante en collection de poche Les lutins.
La bonne nouvelle de la semaine est qu'on peut désormais retrouver ces deux albums en format agrandi, réunis dans un coffret XXL (l'école des loisirs, Pastel, 2 x 32 pages). Dès 4 ans.


C'est moi le plus fort
Mario Ramos
L'école des loisirs/Pastel
2001, 32 pages

Quand le loup en couverture affirme "C'est moi le plus fort", personne ne songe à le contredire. On suit l'animal dans sa promenade de digestion et de réassurance. Tous ceux qu'il croise le confortent dans son sentiment de force: aussi bien le lapin de garenne et le petit chaperon rouge que les trois petits cochons et les sept nains zinzins de travail...

De jolies scènes sur fond blanc, graphiquement étudiées, alternent avec des doubles pages à bord perdu où le loup gonfle de fierté. Il se sent vraiment le plus fort, jusqu'à ce qu'une espèce de petite chose verte le contredise: sa maman serait plus forte que le loup! Qui a raison? Surprise en fin d'un album fort bien construit. La fin de l'histoire éclaire différemment toutes les pages qui ont précédé. Quelle pirouette! Une blague, une bonne, comme celles qui fascinaient le dessinateur. Solitaire quand il travaillait dans son atelier, convivial quand il menait des animations avec les enfants ou dédicace des albums.

La première page de "C'est moi le plus fort". (c) L'école des loisirs/Pastel.

On se doute que cette première aventure du loup où le rire permet d'échapper au pouvoir bête a séduit les enfants du prix Bernard Versele. Mario Ramos l'avait remporté avec "C'est moi le plus fort" en 2003. Il avait bien un peu caché sa joie en blaguant sur son loup: "Le loup, cela lui est monté à la tête qu'il remporte le prix Bernard Versele. Il est parti fanfaronner dans les bois. Il n'a toujours rien compris." Mais il était encore plus heureux de cette récompense que ce sont des enfants qui l'attribuent.

L'album primé résume bien son auteur, qui aimait répéter qu'"un bon dessin, c'est d'abord une bonne idée". On s'amuse quand un genre de petite crapaud affirme au loup que sa maman à lui est la plus forte! Il a raison! Il est un dragon et sa maman - déjà présente en couverture mais on ne le savait pas - est immense. "C'est la plus forte et aussi la plus gentille", précise l'auteur.

Le dessin efficace et drôle, élagué au maximum, a une force inouïe. On rit et on réfléchit. On lit et on reconsidère ce qu'on a lu. Mario Ramos aime bousculer ses lecteurs: "Cette compétition permanente entre les hommes me déplaît. Je veux remettre l'homme à sa place. Dans cet album, ce n'est pas papa le plus fort, c'est clairement maman dragon. Pendant tout le livre, le loup, masculin, fait son malin."

Pour lui, le livre parle aux enfants et aux adultes: "Les adultes pensent plus à l'actu, les enfants pensent plus au loup qui se fait avoir à la fin. Un enfant qui rigole d'un livre avec ses parents, c'est magique."

Provocateur, mais sans démagogie: "Je fais des livres pour que les gros vantards en aient plein la gueule à la fin, pour que ce ne soit pas comme dans la vie de tous les jours. Pourquoi les gens sont-ils tellement en compétition? Il y a place pour tout le monde."

Quand il allait dans les classes, Mario Ramos y secouait les enfants comme dans ses livres: "Je leur explique mes secrets de fabrication. Je les bouscule aussi. Je leur dis, par exemple, que les gens qui passent à la télé ne sont pas plus importants qu'eux. Ou qu'ils peuvent éteindre la télé. Ils sont surpris! J'essaie de leur apprendre à dominer les choses du monde qui risquent de nous écraser."


C'est moi le plus beau
Mario Ramos
L'école des loisirs/Pastel
2006, 32 pages

On avait quitté le loup de Mario Ramos en juin 2003, "parti fanfaronner dans les bois" après son triomphe au prix Bernard Versele. On le retrouve cravaté, "son plus beau vêtement", dans "C'est moi le plus beau". Un album né d'un lapsus téléphonique, m'avait expliqué Mario. Croyant parler de "C'est moi le plus fort", une interlocutrice lui donne comme titre "C'est moi le plus beau". "L'idée était là. J'ai immédiatement fait les croquis d'un loup avec une cravate." Mais il hésitait à réutiliser un personnage. Il teste son idée sur un autre animal et même une princesse. Sans résultat: il retombe toujours sur son loup. Le sort en est donc jeté. "C'est moi le plus beau" va reprendre le loup, un peu aminci.

La première page de "C'est moi le plus beau". (c) L'école des loisirs/Pastel.

Bourré de clins d'yeux au titre précédent, "C'est moi le plus beau" met en scène un loup cravaté qui se promène dans un bois afin que tout le monde puisse l'admirer. A chaque promeneur qu'il croise, il demande, comme la marâtre de Blanche-Neige à son miroir, qui est le plus beau. "C'est vous", lui répondent le chaperon rouge, les trois petits cochons, les sept nains, Blanche-Neige. Le loup se rengorge jusqu'à ce qu'il croise un jeune dragon - celui que le lecteur connaît mais qui a grandi et à qui ont poussé des ailes d'ange -, un animal qui n'a vraiment pas sa langue en poche!

Mario Ramos s'amuse avec ses héros, le loup comme les personnages secondaires, et avec le lecteur. A chaque scène entre les arbres, il glisse un oiseau rouge dont le rôle sera révélé en finale. La musicalité du texte va de pair avec de grandes questions: la beauté à tout prix ? l'excès de poids? Les images se veulent parfois devinettes comme lorsque les nains se cognent les uns aux autres. Voilà une très jolie fable sur nos travers, personnalisés par le loup, un album drôle et accessible à tous. Dès 4 ans.




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