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mercredi 2 novembre 2016

Doublé Seuil au Prix Médicis: roman et essai

Comme en 2015, il n'y a finalement pas eu de troisième sélection communiquée fin octobre par le jury du Prix Médicis. Concouraient donc sept romans français, huit romans étrangers et neuf essais (liste en fin de note). Mais il y a bien eu trois livres à l'arrivée, ce mercredi 2 novembre, à 13 heures, au restaurant La Méditerranée, à Paris, dont deux publiés au Seuil. Le jury se réjouit d'avoir primé "des choix à la fois d'hybridation des genres et qui rappellent ce qu'on peut faire par la littérature face à l'histoire au réel". Une façon élégante de repousser les critiques devant son choix en roman français...

Ivan Jablonka (c) Hermance Triay.

Le Prix Médicis 2016 a été décerné en fin de compte au septième tour de scrutin  à Ivan Jablonka, 43 ans, pour "Laëtitia ou la fin des hommes" (Seuil), aussi Prix littéraire du Monde 2016, par cinq voix contre trois à Nathacha Appanah ("Tropique de la violence", Gallimard), déjà candidate malheureuse au Femina (lire ici).

Alain Veinstein, président du jury ( Michel Braudeau, Christine de Rivoyre, Dominique Fernandez, Patrick Grainville, Frédéric Mitterrand, Anne Wiazemsky, Emmanuèle Bernheim, Anne F. Garreta) a expliqué que le Médicis "prime un livre qui n'est ni un roman ni un essai" puis passe le relais de la présidence à Michel Braudeau.

Professeur d'histoire, Ivan Jablonka  retrace en effet dans ce livres es deux ans d'enquête autour de la jeune Française Laëtitia Perrais, 18 ans, qui fut enlevée en janvier 2011, avant d'être poignardée et étranglée. II étudie sa vie comme un fait social, révélateur de la violence que subissent les femmes. Le lauréat a déclaré: "Le jury me fait un extraordinaire honneur. Je crois que les sciences humaines font du bien à la littérature, et la littérature fait du bien aux sciences humaines."

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Steve Sem-Sandberg.

Le Prix Médicis étranger 2016 récompense Steve Sem-Sandberg pour "Les élus" (traduit du suédois par Johanna Chatellard-Shapira et Emmanuel Curtil,Robert Laffont). Le roman se déroule en 1941 à Vienne, dans l'ancien hôpital Spiegelgrund que les nazis ont transformé en centre pour enfants handicapés et jeunes délinquants. Dans le pavillon 9, Adrian, Hannes et Julius témoignent de leur souffrance physique et morale. Les enfants incontrôlables sont envoyés au pavillon 17, subissant la torture et vivant sous la menace du pavillon 15, où ils sont exterminés en tant qu'indésirables.

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Jacques Henric. (c) A. di Crollalanza.

Enfin, le Prix Médicis essai 2016 va à Jacques Henric pour "Boxe", un essai qui compile les portraits de grands pugilistes du XXe siècle. Marcel Cerdan, Mohamed Ali, Myke Tyson bien sûr, mais d'autres aussi.

Le livre est né de la rencontre de Jacques Henric avec le boxeur français d'origine guadeloupéenne Jean-Marc Mormeck. Plusieurs fois champion du monde dans la catégorie lourds-légers, ce dernier souhaitait remettre en jeu son titre dans la ville de Kinshasa, là où se déroula en 1974 le match du siècle, Ali contre Foreman. L'écrivain devait l'accompagner en vue de produire le récit de ce combat. Ce projet a échoué et s'est transformé en ce livre sur la vie et les combats des grands pugilistes de l'histoire de la boxe, Georges Carpentier, Al Brown, Marcel Cerdan, Ray Sugar Robinson, Mohamed Ali, Sonny Liston, Jake LaMotta, Carlos Monzón, Mike Tyson, beaucoup d'autres, et bien sûr, Jean-Marc Mormeck.

L'écrivain y aborde également, à travers sa passion pour ce sport, les événements marquants de son enfance et de son adolescence ainsi que des thématiques telles que le racisme, le sexe, la prostitution, les religions, les génocides et les guerres.


Les dernières sélections

Romans français
  • Nathacha Appanah, "Tropique de la violence" (Gallimard)
  • Stéphane Audeguy, "Histoire du lion personne" (Seuil)
  • Nicolas Idier, "Nouvelle jeunesse" (Gallimard)
  • Ivan Jablonka, "Laëtitia ou la fin des hommes" (Seuil)
  • Denis Michelis, "Le bon fils" (Noir sur Blanc)
  • Céline Minard, "Le grand jeu" (Rivages)
  • Arnaud Sagnard, "Bronson" (Stock)

Romans étrangers
  • Niccolo Ammaniti, "Anna", traduit de l'italien par Myriem Bouzaher (Grasset)
  • Nickolas Butler, "Des hommes de peu de foi", traduit de l'anglais par Mireille Vignol (Autrement) 
  • Chritoph Hein, "Le noyau blanc", traduit de l'allemand par Nicole Baryv(Métailié)
  • Edna O’Brien, "Les petites chaises rouges", traduit de l'anglais par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat (Sabine Wespieser)
  • Ferdinand von Schirach, "Tabou", traduit de l'allemand par Olivier Le Lay (Gallimard)
  • Steve Sem-Sandberg, "Les élus", traduit du suédois par Johanna Chatellard-Shapira et Emmanuel Curtil (Robert Laffont)
  • Samar Yazbek, "Les portes du néant", traduit de l'arabe par Rania Samara (Stock)
  • Nell Zink, "Une comédie des erreurs", traduit de l'anglais par Charles Recoursé (Seuil)

Essais
  • Philippe Costamagna, "Histoires d'œils" (Grasset)
  • Ghislaine Dunant, "Charlotte Delbo. La vie retrouvée" (Grasset)
  • Hubert Haddad, "Les coïncidences exagérées" (Mercure de France)
  • Kaoutar Harchi, "Je n'ai qu'une langue, ce n'est pas la mienne" (Pauvert)
  • Jacques Henric, "Boxe" (Seuil)
  • Alice Kaplan, "En quête de L'Etranger" (Gallimard)
  • Jean-Claude Milner, "Relire la Révolution" (Verdier)
  • Laure Murat, "Ceci n'est pas une ville" (Flammarion)
  • Benedetta Craveri, "Les derniers libertins" (Flammarion)





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