L'affiche 2017. |
Une recherche sur internet me dit qu'un "cairn" ou "montjoie" désigne un amas artificiel de pierres placé à dessein pour marquer un lieu particulier.
Je comprends mieux pourquoi je retrouve dans ce festival littéraire ma chère Anne, auteure d'albums où se répondent textes et images. Le lien avec sa dernière exposition en date, "Là où la forêt fait un bruit de mer", à Boitsfort (lire ici), est clair.
Anne Herbauts. |
sur le sujet.
CAIRNS
Pierres cairns cailloux.
Mots jalons pour interroger la langue et l'écriture.
Sens des mots, pouvoir des mots, besoin d'écrire.
Grands mots, ou mots minuscules. Mots anodins d'éboulis ou mot montagne majestueux.
La langue et l'écrit et le dit au centre.
L'empilement des mots, leur agencement.
Les mots qui font image. Les mots qui font paysage, pays.
Les mots de l'homme. Du langage.
Poser ou glaner. Egarer ou tracer les phrases, les phases du texte.
Écrire. Comme s'écrit une vallée avec des traces de moraines.
Sous le caillou et sous le mot.
Mots proches et pierres lointaines - mots météores.
Partir du caillou comme centre d'ondes dans une flaque-miroir de ciel et frondaisons.
La beauté brute de la langue, l'agencement des mots pour faire cairns.
Mots en bouche et goût de terre.
Répétition, bégaiement, phrases caillouteuses.
Ou lisses comme galet-ruisseau.
Les facettes irrégulières et rocheuses qui font le sens des mots.
Le silex comme un œuf qui tranche.
Le mot outil.
Le mot ivresse. La crête de caillasse qui cède sous les pas et décroche un bruit d'éboulis quand on lit le livre, quand on dit les mots. Qui remue l'âme et l'esprit.
Le caillou comme départ, banal et magistral.
Antoine Wauters. |
A propos des "cairns", il écrit.
"Pour moi, si l’écriture a un rapport avec la pierre, c'est avec les plus petites d’entre elles, lesvgrains de sable et les infimes poussières qu’on porte en nous. Mon travail, c'est de jouervavec elles, avec ce qui ne parle pas, ce qui se cache, ce qu’on ne parvient pas à dire. Quelquefois, perdu dans ces poussières, j'aperçois des visages familiers: ma mère, ma grand-mère. Elles me font signe, ont des gestes en ma direction. Dans leurs bouches, on leur a mis des pierres et des cailloux. Alors, ce que je fais, c'st les casser, casser ces choses qui les tuent à petit feu, qui les musèlent, qui les étouffent. Je crois qu'crire, c'est aller vers davantage de vie, de joie, jour après jour, en se répétant que les poussières peuvent être récupérées. Que tout ce qui est dévasté peut devenir rond, rond encore, comme un vase. Que c'est possible.
Je pense aussi à ce passage, dans "Nos mères" où il est question de "cairns", précisément: "Par instinct de survie, nous ramassons les cheveux, les restes de la tonte dispersés à nos pieds, et en faisons provision, un temple, un édifice. On appelle ça, dans le dictionnaire français à côté de nous, de la librairie Antoine, page de droite, 313, on appelle ça un "cairn": pyramide de pierres élevée par des alpinistes, des explorateurs, comme point de repère ou marque de leur passage. Et voilà. Voilà ce que fait l'enfant que nous sommes par instinct de survie, en guise de point de repère ou marque de son passage: il amasse devant lui quantité de mèches de cheveux pour en faire un cairn et ne pas devenir fou. Ne pas perdre la boule!".
Écrire, c'est ça: élever des cairns. Laisser des traces. Se souvenir de notre douleur mais aussi - surtout - de notre joie. Il reste en nous beaucoup de joie. Ne l'oublions jamais !"
Au programme de ces Nuits d'encre, détaillé sur le site dédié, rencontres avec les deux parrains, rencontre culino-littéraire, spectacles, lectures, ateliers d'écriture et ateliers pour enfants, exposition, balades littéraires, poésie sans oublier la nuit de la création le vendredi 24 mars.
Bonjour, merci pour la promotion! :-) Bonne journée et belles lectures!
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