Nombre total de pages vues

mercredi 8 février 2017

L'enfant qui fit de deux femmes des mères

Patricia Emsens. (c) Editions des Busclats.

La Belge Patricia Emsens publie son second roman, "Deux mères pour une fille" (Editions des Busclats, 208 pages). Un fort joli livre sur un sujet assez rare, l'adoption d'un enfant d'ici. Expérience que la romancière a vécue sans qu'elle ne se glisse dans son héroïne de papier.  C'est l'histoire d'une famille et non un roman autobiographique. Le texte pourra surprendre ceux qui n'habitent pas en Belgique. Régulièrement, des petites phrases arrivent en néerlandais, langue du lieu. Pas d'affolement, les traductions en français sont en notes de bas de page.

L'histoire se déroule dans un passé assez proche, les années 1950 et 1960, qui témoigne néanmoins d'une autre époque, d'autres modes de vie, d'autres manières de penser. Quoique, on croise pas mal de rebelles dans les pages. On est dans le nord de la Belgique, du côté d'Anvers, pas loin de la frontière avec les Pays-Bas. Là-bas, en Hollande, est née le 25 avril 1950 Greta Devries, l'enfant d'amours sans lendemain de sa mère et un soldat américain en mission. Anke n'a toutefois pas voulu accoucher sous X. Elle a choisi l'autre formule, garder le bébé pendant huit semaines, lui donner son nom, puis le remettre aux bonnes sœurs d'un couvent proche. Avec une petite poupée en souvenir de ces deux mois.

C'est là que Jan et Lucie Van Daele sont allés chercher Greta, trois ans plus tard, afin de l'adopter. Le médecin et l'institutrice ont décidé de lui donner un nouveau prénom, Annemie. La petite fille découvre sa nouvelle vie, sa nouvelle famille, une nouvelle langue, le français, et grandit petit à petit. On la voit évoluer, s'adapter, se découvrir, apprendre à aimer et être aimée. Si ses parents sont parfois maladroits, ils sont pleins de bonne volonté. Greta parle encore parfois à l'oreille d'Annemie. Mais elle trouve sa place dans la famille, entre sa grand-mère, Maria la bonne de toujours, ses oncles et tantes dont Mia, ses cousins-cousines. Elle sait qu'elle a aussi une mère de naissance mais n'en parle guère.

En parallèle, Patricia Emsens raconte le couple douloureux que forment Jan et Lucie et ceux, également difficiles, de leurs parents. Avec les parts de lumière, d'ombre et de secrets qu'ont toutes les familles - la guerre est toujours présente.

A l'adolescence d'Annemie, les choses vont se corser. Criser. Comme si ce qui avait été dit ne suffisait pas. Comme si l'amour et la tendresse étaient insuffisants. Mais Lucie veille, maternelle, patiente, attentive, confiante, discrètement présente comme elle l'a toujours été. Elle sait qu'elle est devenue mère parce qu'une autre mère a laissé son bébé. Ecrit au présent, "Deux mères pour une fille" explore avec beaucoup de délicatesse cette attachante famille de papier et particulièrement la relation entre Lucie et Annemie, tout en campant de beaux personnages secondaires, dont le géant Johan et l'ami imaginaire Wim.

Patricia Emsens sera ce mercredi 8 février à 19 heures à la librairie Candide (1 place Brugmann, 1050 Bruxelles) pour une rencontre autour de ce livre.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire