Hasard des jurys? La Seconde Guerre mondiale est le thème privilégié pour l'édition 2017 de deux prix majeurs de la vie littéraire française. Sur les neuf titres retenus en sélections finales ici et là, deux l'évoquaient. Les deux ont été primés. Le Goncourt porte sur la montée en puissance du nazisme et le soutien des industriels allemands, le Renaudot sur son effondrement et les fuites qu'il entraîne.
Didier Decoin, secrétaire général de l'Académie Goncourt, a proclamé le lauréat au restaurant Drouant, selon l'habitude, un peu avant 13 heures: "Le prix Goncourt 2017 a été attribué à Eric Vuillard pour "L'Ordre du jour" (Actes Sud) au troisième tour de scrutin par six voix contre quatre pour Véronique Olmi ("Bakhita", Albin Michel)."
Un choix qui réjouit les scrutateurs littéraires qui pensaient que les jurés n'oseraient opter pour ce titre, leur favori, et se reporteraient sur Véronique Olmi. Bernard Pivot avait déjà annoncé que le fait que Vuillard soit publié chez Actes Sud, maison de la Ministre de la culture française, ne pèserait pas.
Un choix qui étonne car le livre ne fait pas partie de la rentrée littéraire. Il est sorti en mai, pour l'anniversaire de son auteur, né à Lyon le 4 mai 1968. "L'ordre du jour" d'Eric Vuillard (Actes Sud, 160 pages) est une démonstration magistrale et grinçante des coulisses de l’Anschluss dans l'Allemagne nazie.
Le lauréat est écrivain et cinéaste. Son premier roman "Le Chasseur" paraît en 1999 chez Michalon. Il publie ensuite trois livres chez Léo Scheer, "Bois vert", des poésies, en 2002, "Tohu" en 2005, le roman "Conquistadors" en 2009. Il passe ensuite chez Actes Sud où paraissent différents récits dans la collection "Un endroit où aller", "La Bataille d'Occident" en 2012 (prix Franz Hessel, 2012 et prix Valéry Larbaud 2013), "Congo" en 2012 (également prix Franz Hessel 2012 et prix Valéry Larbaud 2013), "Tristesse de la terre: Une histoire de Buffalo Bill Cody" en 2014 (prix Joseph-Kessel 2015), "14 juillet" en 2016 (prix Alexandre Vialatte), "L'Ordre du jour" cette année. où aller », 2017. Eric Vuillard a également réalisé deux longs métrages, "L'homme qui marche" et "Mateo Falcone" (d’après la nouvelle de Prosper Mérimée).
Le début du Goncourt 2017 peut être lu ici.
Etaient en lice deux femmes et deux hommes:
- Véronique Olmi, 55 ans, pour "Bakhita" (Albin Michel, 464 pages)
- Alice Zeniter, 31 ans, pour "L'art de perdre" (Flammarion, 512 pages)
- Eric Vuillard, 49 ans, pour "L'ordre du jour" (Actes Sud, 160 pages)
- Yannick Haenel, 50 ans, pour "Tiens ferme ta couronne" (Gallimard, 352 pages)
Eric Vuillard entre jurés et journalistes. |
Demandez le menu du déjeuner 2017 chez Drouant. |
Immédiatement après l'annonce du Goncourt, Frédéric Beigbeder prenait la parole à son tour, pour annoncer d'abord que le prix Renaudot 2017 avait été attribué au sixième tour à Olivier Guez pour "La disparition de Josef Mengele" (Grasset, 240 pages), le deuxième roman de l'écrivain après "Les Révolutions de Jacques Kostas" (Belfond, 2014).
Le président du jury a précisé que les noms des quatre autres finalistes avaient été cités lors des différents tours de scrutin. On remarquera que les titres choisis ou sélectionnés ne faisaient pas tellement partie de la rentrée littéraire.
"La disparition de Josef Mengele" raconte le destin de l'ancien médecin SS à Auschwitz Josef Mengele qui prit la fuite pour l'Argentine en 1949. Persuadé que ses divers pseudonymes vont le protéger, il pense s'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. Traqué par le Mossad et par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal, il se réfugie au Brésil où il meurt en 1979. Mais durant trente ans, il est passé entre les mailles du filet. Comment cela a-t-il été possible?
Le début du roman peut être lu ici.
Etaient en lice deux femmes et trois hommes:
- Patricia Reznikov, 55 ans, pour "Le songe du photographe" (Albin Michel, 330 pages)
- Anne-Sophie Stefanini, 35 ans, pour "Nos années rouges" (Gallimard, 192 pages, sorti au printemps)
- Mahi Binebine, 58 ans, pour "Le fou du roi" (Stock, 176 pages, sorti au printemps)
- Olivier Guez, 43 ans, pour "La disparition de Josef Mengele" (Grasset, 240 pages)
- David Lopez, 32 ans, pour "Fief" (Seuil, 256 pages)
Le prix Renaudot de l'essai est quant à lui attribué à Justine Augier pour son récit "De l'ardeur: histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne" (Actes Sud, 320 pages).
Le début du livre peut être lu ici.
Le prix Renaudot Poche a été décerné au premier roman de Louisiane C. Dor, née en 1992, "Les méduses ont-elles sommeil?" (Folio, 96 pages, sorti au printemps).
Le début du livre peut être lu ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire