Jérusalem, la ville trois fois sainte. |
Il y a six ans sortait la traduction française de la biographie passionnante, ambitieuse et captivante, unique en son genre que l'écrivain et historien britannique Simon Sebag Montefiore consacrait à une cité universelle, à la fois céleste et terrestre, "Jérusalem" (traduit de l'anglais par Raymond Clarinard et Isabelle Taudière, Calmann-Lévy, 700 pages, 2011, Le Livre de poche, 2013). Peut-être est-il temps de le (re)lire?
Biographie: le mot souligne le titre de l'ouvrage de Simon Sebag Montefiore. Et il est bien placé. L'historien britannique signe en effet une réelle biographie avec son "Jérusalem". Rarement ville aura été autant empreinte de vie. De rêves. De conflits aussi. Et ce depuis trois mille ans. Une très longue vie donc, quasi l'éternité. On s'en aperçoit avec intérêt au long de la lecture de ce passionnant pavé de près de 700 pages. Capitale de deux peuples, lieu saint de trois religions, Jérusalem a été au cœur de mille batailles. Combien de "nouvelles Jérusalem" n'ont-elles pas déjà été proclamées?
Selon Simon Sebag Montefiore, cette ville n'appartient à personne et existe pour tous dans l'imagination de chacun. "Et c'est là sa tragédie autant que ce qui la rend magique", analyse-t-il. "Quiconque rêve de Jérusalem, chaque visiteur, à toutes les époques (…), arrive avec sa vision de la Jérusalem authentique, puis est amèrement déçu par ce qu'il trouve. (…) Mais puisqu'il s'agit de Jérusalem, propriété de tous, seule l'image qu'ils en ont est la bonne; c'est la réalité qui est corrompue, artificielle et qu'il faut changer. Tout le monde a le droit d’imposer "sa Jérusalem" à Jérusalem. Ce qu'ils ont souvent fait, par le fer et par le feu."
Une analyse percutante qui se poursuit quand l'auteur estime que "rien ne rend un lieu plus saint que la concurrence d'une autre religion".
Cette histoire de Jérusalem, Simon Sebag Montefiore l'adresse à tous les lecteurs, croyants ou athées. Il rapporte son histoire chronologiquement, à travers les existences d'hommes et de femmes, connues ou oubliées, sur base de très nombreuses sources.
Le principal de son livre se termine en 1967, à la guerre des Six-Jours, un épilogue survolant ce qui s'est passé depuis. "Si je devais écrire l'histoire au présent, cet ouvrage n'aurait jamais de fin", note-t-il, "et devrait être mis à jour presque heure par heure." Au lieu de cela, il a voulu montrer "pourquoi Jérusalem continue d'être à la fois le cœur du processus de paix et un obstacle pour ce dernier".
Cette biographie lettrée et documentée est passionnante de bout en bout. Elle invite des figures historiques et des citoyens ordinaires. Surtout, elle montre remarquablement comment Jérusalem est devenue une cité à la fois terrestre et céleste. Bien organisée en chapitres assez courts, elle séduira l'amateur comme l'historien expert.
On se demande quand même si Simon Sebag Montefiore ne la compléterait pas un peu à la lueur des derniers événements d'actualité.
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