Rescapés des problématiques tournées postales bruxelloises mais arrivés bien tard par rapport à leur date d'envoi, quatre albums jeunesse à ne pas manquer.
La course en livre
Claude Ponti
l'école des loisirs
216 pages
"Il y a des poussins partout!", disent à l'endroit et en miroir (un procédé qui sera souvent habilement mis à profit) les grosses bibiches à tête de rat qui apparaissent en pages 53 et 55 de ce nouvel album en très épais format très à l'italienne. Elles ont raison. Il y a vraiment des poussins partout dans ce nouvel opus de Claude Ponti (lire ici) dont les pages vont à gauche de 1 à 107 et, à droite, de 107 à 1. La preuve qu'on peut prendre le livre à l'endroit ou à l'envers. Pas pile par le milieu. Il s'y trouve la porte de sortie...
Il y a des poussins partout et ils courent dans tous les sens. Un peu plus bronzés que précédemment, ils épiloguent sur le vrai et le faux, décryptent le livre en général et le leur en particulier, jouent avec les mots, les chiffres et les lettres grecques, jouent tout court, sautent, mangent, dorment, font π π et kk ou les β. Les poussins dont Blaise racontent, observent, expérimentent, croisent de drôles de personnages et de drôles de fleurs.
L'album joue avec tous les éléments de la page, dont le pli central donnant lieu à de belles variations sur la symétrie. Il repose sur un socle souvent d'herbe, parfois de sable qui court tout le long du bas des pages Si cette stabilité peut toutefois être elle aussi bousculée, elle reste présente même quand le livre se lit parfois tête en bas. "La course en livre" est un merveilleux hommage à la liberté. On ne le lire jamais complètement tant il est foisonnant et offre des interprétations variées. C'est un plaisir de papier, à déguster à son aise en laissant libre champ à son imagination du jour. Pour tous.
Pour feuilleter quelques pages de "La course en livre", c'est ici.
Une histoire d'amour
Gilles Bachelet
Seuil Jeunesse
32 pages
En France, on dit gants Mapa, en Belgique, gants de ménage. Peu importe finalement, deux gants de caoutchouc sont les héros de cette histoire d'amour, follement romanesque et terriblement drôle.
L'album commence par une brève introduction.
Bien sûr, le lecteur remarque tout de suite le décalage entre le texte et les illustrations voulu par Gilles Bachelet (lire ici). Car la piscine que lui s'imagine est bien différente de celle que présentent les amoureux. Pareil pour le pique-nique à la campagne, le tour à la fête foraine... Superbement construites, les images ne sont composées que des objets qu'on trouve dans une maison et principalement dans une cuisine.
L'histoire d'amour se poursuit dans le romantisme le plus parfait, toujours confronté à la cocasserie des dessins. Tout est à y regarder de près. Voyage de noces, installation, occupations diverses, pêche et tricot, promenade du chien.... Il ne manque que le bébé qui, bien sûr, va arriver et générer d'autres situations que vont décrire de nouvelles compositions ménagères. Viendront ensuite d'autres bébés, ainsi que des situations plus difficiles. Mais le bonheur et la joie l'emportent.
Au fond, c'est la vie d'une famille comme tant d'autres que nous raconte Gilles Bachelet à travers Georges et Josette avec, en filigrane, leur immense amour qui prend des formes multiples selon qu'il s'applique à eux ou à leurs enfants. C'est parfois bon de le rappeler. Un album pour rire et être ému. A partir de 4 ans.
La malédiction de l'anneau d'or
Fred Bernard
François Roca
Albin Michel Jeunesse
48 pages
Superbe conte, puissamment déployé, que cette amitié entre deux orphelines racontée par Jack, un corbeau qu'a sauvé Cornélia. Cette dernière est aveugle, a de longs cheveux noirs et paraît une bourrasque à côté de la calme et rousse Virginia. Rien ne semble pouvoir séparer les deux amies qui s'épaulent et se complètent merveilleusement. Rien? En grandissant, les deux orphelines vont peu à peu s'intéresser, comme toutes leurs condisciples, à un homme mystérieux nommé Génius la main froide. Il vient régulièrement conseiller les pensionnaires de l'orphelinat et est le seul homme avec qui les jeunes filles sont en contact!
Jack poursuit son récit qui devient plus inquiétant quand Cornélia et Virginia découvrent l'anneau d'or et sa légende. Qui devient carrément angoissant quand les deux jeunes filles se disputent et se séparent. Le sortilège serait-il en train d'agir? Réponse dans ce magnifique récit où l'on retrouve l'héroïne d'"Anya et le tigre blanc" (même éditeur, 2015, lire ici). Le texte de Fred Bernard est splendide et donne de l'élan aux somptueuses scènes campées par François Roca, toutes en jeux de lumière et de nuit. A partir de 6 ans.
La drôle de petite bibliothèque
Dorothy Kunhardt
Garth Williams
traduit de l'anglais par Olga Kent
MeMo
12 mini-livres (8 cm x 6 cm environ)
de 24 pages
Douze histoires farfelues sont réunies dans ce petit coffret, délicieuses, signalant à peine qu'elles ont été écrites et illustrées aux Etats-Unis en 1949. On pourrait dire une histoire par mois car elles s'intéressent à différents éléments du calendrier, Saint-Valentin, Pâques, 1er avril, Halloween, Noël. Il sera toutefois difficile de résister à l'envie de les lire toutes à l'affilée tant elles sont délicieuses, remarquablement illustrées par plus de deux cents minuscules peintures. En tout cas, on est drôlement content d'en avoir enfin la traduction française, tant elles consignent avec joie, humour et imagination les petits événements du quotidien. Que ce soit la visite aux grands-parents, l'amie imaginaire ou un pique-nique plutôt fou.
Le côté burlesque de Dorothy Kunhardt est bien nécessaire aujourd'hui et les illustrations minutieuses de Garth Williams sont un régal. A noter que les personnages principaux apparaissent toujours dans un décor propre en couverture alors que c'est un couple ou une paire d'adultes qui circule devant un mur ou une palissade que l'on découvre en quatrième de couverture. A partir de 4 ans.
Les poussins de Claude Ponti sont coureurs de livre. (c) l'école des loisirs. |
Le Ponti de l'année
La course en livre
Claude Ponti
l'école des loisirs
216 pages
"Il y a des poussins partout!", disent à l'endroit et en miroir (un procédé qui sera souvent habilement mis à profit) les grosses bibiches à tête de rat qui apparaissent en pages 53 et 55 de ce nouvel album en très épais format très à l'italienne. Elles ont raison. Il y a vraiment des poussins partout dans ce nouvel opus de Claude Ponti (lire ici) dont les pages vont à gauche de 1 à 107 et, à droite, de 107 à 1. La preuve qu'on peut prendre le livre à l'endroit ou à l'envers. Pas pile par le milieu. Il s'y trouve la porte de sortie...
Pages 54 et 54. (c) l'école des loisirs. |
Il y a des poussins partout et ils courent dans tous les sens. Un peu plus bronzés que précédemment, ils épiloguent sur le vrai et le faux, décryptent le livre en général et le leur en particulier, jouent avec les mots, les chiffres et les lettres grecques, jouent tout court, sautent, mangent, dorment, font π π et kk ou les β. Les poussins dont Blaise racontent, observent, expérimentent, croisent de drôles de personnages et de drôles de fleurs.
L'album joue avec tous les éléments de la page, dont le pli central donnant lieu à de belles variations sur la symétrie. Il repose sur un socle souvent d'herbe, parfois de sable qui court tout le long du bas des pages Si cette stabilité peut toutefois être elle aussi bousculée, elle reste présente même quand le livre se lit parfois tête en bas. "La course en livre" est un merveilleux hommage à la liberté. On ne le lire jamais complètement tant il est foisonnant et offre des interprétations variées. C'est un plaisir de papier, à déguster à son aise en laissant libre champ à son imagination du jour. Pour tous.
Pages 3 et 105. (c) l'école des loisirs. |
Pages 4 et 104. (c) l'école des loisirs. |
Pour feuilleter quelques pages de "La course en livre", c'est ici.
Le Bachelet de l'année
Une histoire d'amour
Gilles Bachelet
Seuil Jeunesse
32 pages
En France, on dit gants Mapa, en Belgique, gants de ménage. Peu importe finalement, deux gants de caoutchouc sont les héros de cette histoire d'amour, follement romanesque et terriblement drôle.
L'album commence par une brève introduction.
"Cupidon le petit dieu joufflu de l'amour, envoie ses flèches où bon lui semble. Certaines, parfois atteignent le cœur de personnages remarquables et provoquent des histoires pleines de passions et de drames qui font les grands romans et les films en cinémascope. Mais la plupart viennent toucher le cœur des gens ordinaires et sont à l’origine de mille et mille histoires toutes belles, mais toutes simples, telles que l'histoire de Georges et Josette."Georges et Josette, il était écrit que ces deux-là devaient se rencontrer. Lui est maître-nageur, elle adepte de nage synchronisée. Un jour, à la piscine, ce fut le coup de foudre entre eux!
Rencontre de Georges et Josette et coup de foudre. (c) Seuil Jeunesse. |
Bien sûr, le lecteur remarque tout de suite le décalage entre le texte et les illustrations voulu par Gilles Bachelet (lire ici). Car la piscine que lui s'imagine est bien différente de celle que présentent les amoureux. Pareil pour le pique-nique à la campagne, le tour à la fête foraine... Superbement construites, les images ne sont composées que des objets qu'on trouve dans une maison et principalement dans une cuisine.
Une petite soirée à la maison. (c) Seuil Jeunesse. |
L'histoire d'amour se poursuit dans le romantisme le plus parfait, toujours confronté à la cocasserie des dessins. Tout est à y regarder de près. Voyage de noces, installation, occupations diverses, pêche et tricot, promenade du chien.... Il ne manque que le bébé qui, bien sûr, va arriver et générer d'autres situations que vont décrire de nouvelles compositions ménagères. Viendront ensuite d'autres bébés, ainsi que des situations plus difficiles. Mais le bonheur et la joie l'emportent.
Josette croit qu'elle est enceinte. (c) Seuil Jeunesse. |
Au fond, c'est la vie d'une famille comme tant d'autres que nous raconte Gilles Bachelet à travers Georges et Josette avec, en filigrane, leur immense amour qui prend des formes multiples selon qu'il s'applique à eux ou à leurs enfants. C'est parfois bon de le rappeler. Un album pour rire et être ému. A partir de 4 ans.
Le Bernard & Roca de l'année
La malédiction de l'anneau d'or
Fred Bernard
François Roca
Albin Michel Jeunesse
48 pages
Superbe conte, puissamment déployé, que cette amitié entre deux orphelines racontée par Jack, un corbeau qu'a sauvé Cornélia. Cette dernière est aveugle, a de longs cheveux noirs et paraît une bourrasque à côté de la calme et rousse Virginia. Rien ne semble pouvoir séparer les deux amies qui s'épaulent et se complètent merveilleusement. Rien? En grandissant, les deux orphelines vont peu à peu s'intéresser, comme toutes leurs condisciples, à un homme mystérieux nommé Génius la main froide. Il vient régulièrement conseiller les pensionnaires de l'orphelinat et est le seul homme avec qui les jeunes filles sont en contact!
Jack poursuit son récit qui devient plus inquiétant quand Cornélia et Virginia découvrent l'anneau d'or et sa légende. Qui devient carrément angoissant quand les deux jeunes filles se disputent et se séparent. Le sortilège serait-il en train d'agir? Réponse dans ce magnifique récit où l'on retrouve l'héroïne d'"Anya et le tigre blanc" (même éditeur, 2015, lire ici). Le texte de Fred Bernard est splendide et donne de l'élan aux somptueuses scènes campées par François Roca, toutes en jeux de lumière et de nuit. A partir de 6 ans.
Cornélia, Virginia et Jack le corbeau. (c) Albin Michel Jeunesse. |
La réédition de l'année
La drôle de petite bibliothèque
Dorothy Kunhardt
Garth Williams
traduit de l'anglais par Olga Kent
MeMo
12 mini-livres (8 cm x 6 cm environ)
de 24 pages
Douze histoires farfelues sont réunies dans ce petit coffret, délicieuses, signalant à peine qu'elles ont été écrites et illustrées aux Etats-Unis en 1949. On pourrait dire une histoire par mois car elles s'intéressent à différents éléments du calendrier, Saint-Valentin, Pâques, 1er avril, Halloween, Noël. Il sera toutefois difficile de résister à l'envie de les lire toutes à l'affilée tant elles sont délicieuses, remarquablement illustrées par plus de deux cents minuscules peintures. En tout cas, on est drôlement content d'en avoir enfin la traduction française, tant elles consignent avec joie, humour et imagination les petits événements du quotidien. Que ce soit la visite aux grands-parents, l'amie imaginaire ou un pique-nique plutôt fou.
Version originale des "Tiny Nonsense Stories". |
Théodore. (c) MeMo. |
Les douze petits livres recto et verso. (c) MeMo. |
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